A 100 jours des JO, la grogne s'installe à Londres

Élection de l'entreprise olympique la plus polluante, colère face à l'explosion du budget d'organisation en période d'austérité : à trois mois de la cérémonie d'ouverture, la protestation a encore la part belle.
Copyright Reuters

Les anneaux olympiques sont présents partout à Londres. Impossible de se promener dans les rues de la capitale britannique, de prendre le métro ou d?acheter le moindre produit sans tomber sur le célèbre drapeau conçu par Pierre de Coubertin. Mercredi, il ne restera plus que cent jours avant la cérémonie d?ouverture, le 27 juillet à 20h30 heure française précisément. Mais les protestations se font pourtant toujours entendre, avant d?être étouffée par le concert de louanges qui ne tardera pas à s?abattre sur le pays, elle tente par divers moyens de contrer la "propagande" du comité d?organisation et du comité international olympique.

"Le plus grand pollueur des JO"

En lançant l?élection du plus grand pollueur des Jeux olympiques, plusieurs organisations non gouvernementales ont ainsi pointé du doigt des entreprises qui selon eux salissent l?événement. " Les Jeux Olympiques modernes ont été créés pour promouvoir la paix et la compréhension entre les peuples du monde, mais ils sont devenus une grosse opération commerciale," rappelle Meredith Alexander, ancien membre de la Commission pour des Jeux de Londres durables. "Tristement, lorsque l?on parle de sélection des sponsors, la voix de l?argent est bien plus forte que celles des valeurs." Cette anglaise a démissionné avec fracas de son poste au mois de janvier après la décision de sa commission de présenter le fabricant américain de produits chimique Dow, devenu partenaire mondial des Jeux contre le versement de 100 millions de dollars (76 millions d?euros), comme une société responsable, et non coupable, de l?accident de Bhopal en Inde, qui avait tué plus de 20.000 personnes en 1984. Le pétrolier britannique BP, principal sponsor du programme culturel olympique, ainsi que le groupe minier australo-britannique Rio Tinto, chargé de la fabrication des médailles, figurent également sur le podium de cette élection un peu spéciale en raison de leur historique en termes d?émissions toxiques.

Budget contesté

Le deuxième motif de colère des Britanniques concerne le budget des Jeux Olympiques. Dans son dossier de candidature, rempli à la fin 2004, le comité londonien avait estimé le coût de ses infrastructures à 2,99 milliards de livres (soit environ 4,48 milliards d?euros), dont 2,25 milliards de livres (3,37 milliards d?euros) devaient être payés par l?Etat. Huit ans plus tard, il a triplé à 7,189 milliards de livres (soit 8,62 milliards d?euros). En cause : le calcul ? délibérément ou pas ? sous-estimé des coûts de constructions des sites (qui ont au moins doublé), des infrastructures de transports et de la décontamination du site où se situe aujourd?hui le parc olympique. Le président de l?autorité olympique de livraison, Jack Lemley, a d?ailleurs été débarqué en octobre 2006 pour avoir, selon ses dires, dévoilé une croissance "exponentielle" des coûts à des ministres "qui ne voulaient entendre que des bonnes nouvelles". Ce n?est pas tout : les frais liés au déroulement de la quinzaine, qui devaient être auto-financés, ne le seront pas. L?Etat dépensera donc un peu plus de 2 milliards de livres supplémentaires, ce qui propulsera ses dépenses totales à 9,298 milliards de livres, soit 11,15 milliards d?euros.

Effet de l'austérité

Sebastian Coe, le président du comité d?organisation et champion olympique de demi-fond en 1980 et 1984, utilise depuis lors ses talents d?orateur et ses sourires pour tenter d?amadouer les associations de contribuables, qui acceptent mal ces dépenses à l?heure des mesures d?austérité. Et pour cause : le gouvernement de David Cameron a annoncé l?an dernier des mesures d?austérité de 81 milliards de livres (98 milliards d?euros). Sans les Jeux, les coupes dans les budgets de la santé, de l?éduction et de la protection sociale auraient donc été bien moins sévères.
 

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.