La vertueuse Suède ne veut pas de relance budgétaire

Le royaume scandinave ne renonce pas à sa rigueur budgétaire malgré le ralentissement économique. Le gouvernement entend revenir à l'excédent de ses finances publiques dès l'an prochain après un petit déficit de 0,3 % du PIB cette année.
Anders Borg, ministre des finances suédois. Copyright AFP

Le gouvernement suédois hésite à se lancer dans une politique de relance. Le ministre des Finances du Royaume, Anders Borg a présenté ce mardi devant le parlement, le Riksdag, son projet de « budget de printemps », premier pas vers le budget 2013. Un projet présenté sur fond de ralentissement brutal de l?économie du pays. Le gouvernement a révisé à la baisse sa prévision de croissance pour 2012 de 1,3 % à 0,4 %. Le FMI et la Commission européenne se veulent plus optimistes, mais avec 0,9 % et 0,7 % de croissance seulement. Un brutal coup de frein après deux années de forte croissance (5,6 % en 2010 et 3,9 % en 2011) qui s?explique à la fois par le recul brutal du commerce international, mais aussi par un net fléchissement de la consommation.

Rigueur maintenue

Le gouvernement de centre-droit ne souhaite cependant pas imprimer une forte impulsion à l?économie. Sa priorité demeure la stabilité de son budget. Le ralentissement va l?obliger à inscrire un déficit cette année de 0,3 % du PIB après un équilibre en 2011, mais il entend dégager un excédent de 0,3 % dès 2013 avec, en ligne de mire, un budget excédentaire de pas moins de 3,7 % du PIB en 2016 ! Autrement dit, pas question de se lancer dans d?ambitieux plans de relance. « Des finances publiques stables sont une condition de base de la politique économique du gouvernement », rappelle Anders Borg qui se veut d?autant plus prudent qu?il craint que la crise de la dette européenne demeure un risque continuel. « Il existe encore un risque considérable de nouvelles vagues de perturbations économiques et financières », explique le ministre qui en tire les conséquences : « la Suède a besoin de marges de man?uvre de sécurité dans ses finances publiques afin de disposer de ressources pour faire face à une crise ».

Relance par les taux ?

Le ministre des Finances espère plutot que la banque centrale du pays, la Riksbank réduira son taux directeur actuellement à 1,5 %. Mais le gouverneur de l'institution monétaire lui a fait savoir qu'il n'envisageait pas cette option, quand bien même l'inflation reste sous contrôle. A 1,1 % en rythme annuel en mars, elle est certes parmi les plus faibles d'Europe. Mais voici un an, ce taux était de 0,4 %. la Riksbank, qui rendra publique sa décision sur les taux ce mercredi, devrait, selon les analystes, garder le loyer de l'argent inchangé dans l'attente de l'évolution de la croissance. Beaucoup table en effet sur une accélération conjoncturelle à la fin de l'année et en 2013, la croissance pourrait, selon le gouvernement atteindre 3,3 %

Petit effort

Il était néanmoins difficile pour le gouvernement de ne rien faire. Notamment parce que la situation de l?emploi se dégrade. Le taux de chômage moyen devrait atteindre 7,8 % cette année, soit 0,3 points de plus qu?en 2011. Stockholm veut donc inverser la tendance et parvenir au « plein-emploi ». Et pour cela, il entend réduire les charges sur les salaires des jeunes et sur le capital investissement qui finance les entreprises. Pour améliorer la mobilité professionnelle, la Suède entend également donner des avantages fiscaux aux loueurs de logements et une taxe foncière plus faible. Et Anders Borg promet de réduire encore les impôts sur les entreprises et les revenus en 2013 et 2014. On le voit, la politique du gouvernement suédois est d?abord une politique de l?offre. Elle reste également mesurée : pas plus de 8 milliards de couronnes, soit un quart de point de pourcentage du PIB, selon le quotidien Svenska Dagbladet.

Le bon moment pour s?endetter ?

Cette prudence ne plaît pas à tout le monde en Suède. Plusieurs économistes, comme Lars Calmfors, de l?université de Stockholm, auraient voulu un budget plus offensif, notamment avec des projets d?investissements publics ambitieux. Selon eux, la situation l?impose et l?état de la Suède ne l?interdit pas. La dette du pays n?est que de 35 % du PIB et surtout les obligations d?Etat suédoises font figure de havre de sécurité pour les investisseurs, au même titre que leurs homologues allemandes. Aujourd?hui, le 10-ans suédois affichait un taux moyen mardi de 1,79 %, soit quatre points de base de plus que le Bund. C?est dire si Stockholm pourrait aujourd?hui s?endetter à bon compte. Mais le pays, encore traumatisé par la crise des années 1991-94 et échaudé par la crise de la dette des pays du sud, n?en a à l'évidence guère envie.


 

Commentaire 1
à écrit le 24/04/2012 à 0:46
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Dieu existe! Chez nous on la joue plutôt: la récolte a été très mauvaise alors il faut payer le double. Monseignor, il est l'or...

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