La chute du gouvernement roumain fige le processus de réformes

Le tout jeune gouvernement roumain de centre-droit a été renversé ce vendredi par une motion de censure. La poursuite des réformes, exigées notamment par le FMI, est menacée.
AFP - Mihai Razvan Ungureanu

Le gouvernement n'aura tenu que trois mois. A six mois des élections législatives, le gouvernement roumain de centre-droit de Mihai Razvan Ungureanu a été renversé ce vendredi par une motion de censure, menaçant la poursuite des réformes attendues par les bailleurs de fonds. Au total 235 parlementaires ont voté pour la motion déposée par l'opposition, qui critiquait le programme de privatisations du gouvernement et l'allocation "préférentielle" de fonds publics.

Le président Traian Basescu a aussitôt invité les responsables des partis parlementaires à des consultations en fin de journée en vue de nommer un nouveau Premier ministre. Le leader de l'opposition, Victor Ponta, a indiqué que l'Union sociale libérale (USL) était prête à former le nouveau gouvernement. "Si M. Basescu me désigne au poste de Premier ministre, j'accepterai sans hésitation", a-t-il déclaré aux journalistes après l'annonce du résultat du vote.

Une majorité parlementaire fragile

Le Parti démocrate-libéral (PDL, au pouvoir) passera dans l'opposition, a pour sa part déclaré un de ses ténors, Mircea Toader. "Il faudra attendre les élections législatives prévues en novembre pour avoir un gouvernement solide", car la nouvelle majorité parlementaire est fragile, a indiqué à l'AFP le politologue Iosif Boda en référence aux récentes "migrations" de plusieurs parlementaires du PDL vers l'USL. En outre, a-t-il ajouté, "la stabilité économique peut à tout moment voler en éclats".

La chute de l'exécutif, au pouvoir depuis moins de trois mois, intervient en pleine mission d'évaluation du Fonds monétaire international (FMI) et de l'Union européenne, dans le cadre d'un accord conclu en mars 2011. Bucarest s'est engagé auprès du FMI et de l'UE à maintenir sous contrôle les dépenses publiques et à privatiser plusieurs compagnies énergétiques afin d'attirer des capitaux pour leur modernisation, des mesures critiquées par l'USL.

Arrêt des négociations avec le FMI

Le représentant du FMI à Bucarest, Mihai Tanasescu, a indiqué à l'agence Mediafax que la mission resterait à Bucarest pour des discussions techniques, mais sans poursuivre les négociations. "Nous pouvons discuter des objectifs fixés pour le premier trimestre, mais nous ne négocierons rien de nouveau", a-t-il déclaré. L'institution internationale avait débloqué fin mars quelque 500 millions d'euros pour la Roumanie, devrait replonger en récession au premier trimestre 2012 mais s'attend à voir son PIB progresser de 1,5% pour l'ensemble de l'année.

Dans un rapport analysant les deux scénarios possibles avant le vote de la motion de censure, la banque d'investissement JPMorgan a estimé qu'un gouvernement formé par l'USL conduirait à "moins de réformes et moins de contrôle des dépenses dans le secteur public". "Des mesures populistes ne sont pas à exclure", a ajouté la banque, estimant que "des événements politiques négatifs ont affaibli le leu (la monnaie locale, ndlr) ces dernières années et nous nous attendons à ce que cela se reproduise".

Calmer les marchés

Le leu a d'ailleurs connu une chute record après l'annonce du renversement du gouvernement, atteignant un cours de 4,4010 pour un euro et obligeant la Banque centrale de Roumanie à intervenir pour calmer les marchés.

"Il est important désormais qu'un nouveau Premier ministre soit rapidement désigné car les incertitudes politiques peuvent déstabiliser l'économie", a dit à l'AFP l'analyste financier Aurelian Dochia. "Si la crise politique se prolonge, la Roumanie va faire face à de sérieuses pressions de la part des marchés internationaux, se traduisant notamment par un coût plus élevé des emprunts", a-t-il souligné.

Commentaires 2
à écrit le 28/04/2012 à 0:05
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JPMorgan, FMI, Troika, BCE, FED, BNP, Soc Gen, Goldman Sachs, DraghiMontiPapademos, de Guindos, Corzine, Austérité et TVA bien Natixis, Pérol et 3 janvier 73, Rothschild et la City Geithner, OTAN et la guerre en Lybie, et L'Or, l'Or, marchés truqués,...

le 29/04/2012 à 21:54
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En même temps, le pays est épuisé. Privatisations sous la pression FMI&co? La Roumanie a toujours perdu, à cause du manque de capitaux locaux. Alors, les K étrangers investissent, mais dès la première crise ils s'en vont avec l'argent gagné grassemen...

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