Chypre entame sa présidence de l'UE dans un climat tendu

Depuis hier, Chypre a pris la tête de la présidence tournante de l'Union Européenne. Un mandat de six mois sur fond de crise économique et de division historique de l'île.Malgré l'enthousiasme des Chypriotes grecs, l'incertitude pèse.
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« Un jour historique pour Chypre ». Hier, le journal local The Sunday mail, comme la majorité des médias chypriotes, faisait sa une sur la présidence de l?U.E. « C?est une fierté. Depuis six mois, les radios, les télésen parlent tout le temps», constate Mike,patron de deux restaurants à Nicosie. Et d?avancer : « C?est un défi, nous devons réussir pour que les « grands » nous jugent bien, montrer que nous avons un poids.» L?île de 9000 km², située à l?extrême est de l?Europe,compte 830 000 habitants. Elle représente la troisième plus petite économie de la zone euro avec seulement 0,2% de son PIB.

Collaboration avec les "pays du sud"


Hier soir, lors d?une conférence à Nicosie, Erato Kozakou-Marcoullis, ministre des affaires étrangères, a rappelécette importance de« peser » dans l?Union. Pour cela, elle a annoncé l?intention chypriote de « collaborer avec les pays du sud. » Déclarant ensuite, qu?«une des priorités du mandat sera les discussions pour l?entrée de certains états balkaniques dans l?Union.» Enfin, elle a appelé à : « la solidarité économique avec la Grèce».
Un prêt de l?U.E qui pourrait atteindre 10 milliards d'euros. Effet domino, le gouvernement et les banques de Chypre, dont beaucoup détiennent des obligations souveraines grecques, ont fait appel à l?U.E pour une recapitalisation. Les institutions ont perdu, du fait de la restructuration de la dette grecque, 3 milliards d?euros. Chypre, qui a intégré la zone euro depuis 2008 peine à se relever de la crise économique mondiale de cette même année. L?île pourrait connaître en 2012 une récession de l?ordre de 2%. Elle pourrait obtenir un prêt de 10 milliards d'euros pour une recapitalisation. Selon plusieurs sources gouvernementales, l?équipe d?experts du FMI est attendue dans la journée sur l?île afin d?évaluer la situation économique.

Austérité ou pas d'austérité ?

A Nicosie, les habitants scrutent avec anxiété les évolutions de leurs voisins grecs. «Nous n?échapperons pas aux mesures d?austérité, comme eux, même si je pense que prendre la tête de l?Union permettra de les atténuer », prédit Mike. Claudio, gérant d?un hôtel de la capitale se montre plus optimiste. « L?austérité n?est plus à l?ordre du jour, analyse t-il, nous avons vu que l?Italie et l?Espagne ont pu recapitaliser sans mesures austères en contrepartie, ce sera la même chose pour nous. »


Ankara menace


Autre point noir de cette présidence: la partition de l?île. Fait exceptionnel, depuis 1974, le paysse déchire entre la République de Chypre Nord (RTCN), occupée par une minorité Turque (18%) et non reconnue internationalement, et la partie sud. Ankara a déjà fait savoir qu?elle boycotterait cette présidence de l?Union Européenne. Demetris Christofias a rétorqué qu'il n'utiliserait cette présidence ni pour revoir la partition du pays ni comme arme contre la Turquie. Certains, comme Claudio, préfèrent voir «un atout pour les relations» : « cela permettra de réduire les tensions : stratégiquement, Ankara n?osera rien dire ni rien faire de menaçant tant que nous serons à la présidence.» Mike renchérit : « de toute façon, que feront les Turcs ? Ils ne nous attaquerons jamais, il y a un statut quo historique ici.» Cette présidence sous haute tension devrait faire office devéritable« test de maturité » pour le pays, selon le ministre des affaires européennes. 

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