« En 2012, la région de Madrid va respecter ses objectifs »

Entretien avec Percival Manglano, Responsable de l'Economie et du Budget de la Région de Madrid
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La Tribune : Le déficit de Madrid a été deux fois supérieur à celui annoncé initialement. La région a donc perdu son statut de bonne élève. Le retrouvera-t-elle en 2012 ? De quelle façon ?

Percival Manglano : Le déficit de Madrid en 2011 a dépassé l'objectif fixé (2,2% du PIB contre un objectif de 1,3% PIB, ndr) à cause d'une brusque chute des recettes. Malgré cela, son déficit reste très en-deçà de la moyenne de l'ensemble des communautés autonomes (2,94 % du PIB, ndr). De plus le déficit annuel moyen de la région de Madrid depuis le début de la crise en 2008, a été de 1% contre 2,4% pour l'ensemble des régions. En 2012, Madrid va respecter ses objectifs. La preuve, c'est qu'au premier trimestre, elle était à l'équilibre. Bien que les recettes continuent de chuter, nous continuons à prendre des mesures d'économies, notamment en modifiant partiellement la loi de finances de 2012 qui prévoit une économie d'environ 1 milliard d'euros, sans augmenter les impôts.

 Pour réduire les dépenses, Madrid a mis en place plusieurs mesures ces dernières années : collaboration publique-privée dans la santé et l'éducation, hausse des tarifs des transports publics... Y a-t-il des services publics que Madrid ne compte pas altérer ?

 La santé est publique mais sa gestion n'a pas nécessairement à l'être . Le système de gestion publique-privée mis en place a supposé l'augmentation de l'efficience des hôpitaux, mais les médecins et infirmières continuent d'être du personnel public. En ces moments de crise, nous sommes amenés à réduire les subventions dans les services publics comme le transport. Jusqu'à récemment, le voyageur payait 40% du coût de son trajet. Désormais, il en verse 50%. Par ailleurs, désormais, le Gouvernement central permet d'augmenter les frais d'inscription à l'université mais nous ne l'avons pas encore appliqué (l'Exécutif madrilène a finalement annoncé une hausse de ces frais le 2 juillet, ndr). Pour que l'Espagne réduise son déficit, il faut aider les régions à baisser leurs dépenses structurelles, qui correspondent pour l'essentiel à la santé et à l'éducation. A Madrid ces postes représentent deux tiers du budget, c'est pourquoi nous accueillons favorablement ces mesures du Gouvernement central.

 Pour autant, Madrid s'en sort mieux que d'autres régions espagnoles. Sur quels secteurs compte-t-elle pour maintenir son économie ?

Le PIB de Madrid est le premier d'Espagne, à 210 milliards d'euros. Madrid est aussi la région qui a le mieux résisté à la crise avec une hausse du PIB de 1,4% en 2011, contre 0,7% pour l'économie nationale. Plus de 80% de notre économie est centrée sur les services et pourtant nous sommes la seconde région industrielle d'Espagne. Celle-ci se fonde en grande partie sur la haute technologie comme l'aéronautique, avec par exemple, EADS Casa, ou encore l'industrie pharmaceutique. Toutefois, le secteur qui supporte mieux la crise est le tourisme. Mais nous ne misons pas sur un secteur en particulier mais plutôt sur la liberté d'entreprise. Nous parions surtout sur une faible pression fiscale et sur une bureaucratie réduite pour que les entreprises se développent et investissent. C'est pour cela que les chiffres du chômage ici sont moins élevés qu'ailleurs (18,65%, contre 24,44% à niveau national, ndr) et que nous attirons les investisseurs étrangers.

Précisément, Madrid est un pôle d'attraction des investissements étrangers en Espagne. Au-delà de son statut de capitale du pays, qu'est-ce qui attire ces investisseurs ?

Madrid a attiré 56% des investissements étrangers en Espagne l'an dernier, quatre fois plus que la Catalogne, qui est le second pôle espagnol en la matière. Le Gouvernement madrilène a créé un cadre qui permette aux initiatives privées de prospérer. Il s'agit notamment de réduire la pression fiscale : ici l'impôt sur le revenu est de quatre points inférieur à la moyenne espagnole. Nous avons éliminé l'impôt sur le Patrimoine et nous avons mis en marche des initiatives de libéralisation commerciale, avec notamment une liberté totale en termes d'horaires commerciaux (depuis un mois, ndr). De plus, nous essayons de réduire au maximum la bureaucratie à laquelle doivent faire face les entreprises. Par ailleurs, le PIB par tête est élevé, environ 30.000 euros. Il est supérieur à celui de tous les pays européens, sauf l'Irlande et le Luxembourg : nous sommes une région prospère et c'est important pour les investisseurs.

Dans ce contexte, quelles concessions Madrid serait-elle prête à faire pour attirer sur son territoire le projet d'Eurovegas ?

Il est encore prématuré de parler de conditions car aucun accord n'a encore été passé. Mais il faut rappeler que ce projet serait le plus gros investissement jamais réalisé en Europe. Il transformerait Madrid en capitale européenne de foires et congrès et inclurait en plus des installations de jeu, mais aussi de loisirs, divertissements et shopping. Il s'agirait d'importer en Europe un modèle qui a eu du succès à Las Vegas et en Asie. Ce projet apportera de la confiance internationale dans l'économie espagnole et générera un nombre important de postes de travail.

Commentaires 5
à écrit le 05/07/2012 à 7:25
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La disparité des compétitivités à l'intérieur de l'Union Monétaire est surtout due à des facteurs naturels et immuables (taille du marché intérieur, position géographique, richesse naturelles et matières premières, taille du pays, etc, etc.) S'il est...

à écrit le 05/07/2012 à 2:13
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La disparité des compétitivités à l'intérieur de l'Union Monétaire est surtout due à des facteurs naturels et immuables (taille du marché intérieur, position géographique, richesse naturelles et matières premières, taille du pays, etc, etc.) S'il est...

à écrit le 04/07/2012 à 20:01
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La disparité des compétitivités à l'intérieur de l'Union Monétaire est surtout due à des facteurs naturels et immuables (taille du marché intérieur, position géographique, richesse naturelles et matières premières, taille du pays, etc, etc.) S'il est...

à écrit le 04/07/2012 à 17:30
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Ce Monsieur va nous dire que le secteur de l'immobilier en Espagne va repartir de plus belle dans 1 an ou 2. ... Il vit sur un nuage.

à écrit le 04/07/2012 à 16:25
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votre logiciel ne fait pas les bonnes coupures des mots

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