En Allemagne, la transition énergétique alimente à nouveau le débat politique

Deux ministres remettent en cause la transition énergétique promise par le gouvernement d'Angela Merkel. Le débat est musclé autour d'une des mesures phares du gouvernement.
La transition énergétique d'Angela Merkel est contestée par ses ministres de l'Environnement et de l'Economie./Copyright Reuters

L'Allemagne est-elle en mesure de réussir sa transition énergétique? Au sein du gouvernement des voix se font entendre, mettant en doute la possibilité d'atteindre les objectifs fixés. Le ministre de l'Environnement lui-même, Peter Altmeier (CDU), a parlé mardi « d'efforts gigantesques » nécessaires pour atteindre la réduction de 10% la consommation énergétique du pays et la sortie totale avant 2022 du nucléaire.

Dans un pays où 80% des citoyens sont favorables à la sortie de l'atome, la transition énergétique a depuis repris une place centrale dans le débat public. Avec une problématique complexe : comment augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays, développer des économies d'énergies sans avoir recours de manière excessive aux centrales à charbon, particulièrement polluantes, et tout en évitant une hausse drastique des prix ?

Les législatives en ligne de mire

Le ministre de l'Environnement a rapidement reçu le soutien du très remuant ministre libéral de l'Economie et des Technologies Philipp Rössler (FDP). Interrogé par le Bild sur la faisabilité et le terme du virage énergétique, le trublion du gouvernement a répondu par l'affirmative mais en rappelant que « le gouvernement doit modifier le cap si des emplois et la compétitivité de nos entreprises devaient être menacés ». Il a par ailleurs déclaré qu'une énergie abordable en termes de prix était une « priorité centrale ». Une manière de préparer l'opinion publique à un changement de cap ?

Certains y voient en tout cas une stratégie politique à presque un an des élections législatives de 2013 : outre l'augmentation de la facture énergétique, si des retards devaient avoir lieu, mieux vaut que l'opinion publique ait des attentes plus réalistes que les annonces initiales. Le ministre de l'Environnement, Peter Altmaier, l'a d'ailleurs récemment confié : « Si les gens sont convaincus que le virage énergétique réussit, alors nous avons de bonnes chances aux prochaines élections. »

« Une politique d'annonces »

Les déclarations des deux ministres ont tout de suite provoqué de nombreuses réactions, certains dénonçant une remise en cause de la mesure phare de l'actuel gouvernement. Thomas Opperman, chef du groupe parlementaire du SPD, déclare dans la Süddeutsche Zeitung : «La politique du gouvernement en matière d'énergie se résume à une politique d'annonces ». Il dénonce un manque de volontarisme et l'absence d'une politique claire : « Ce qu'il manque, c'est de l'action : la mise en réseau des capacités de production n'avancent pas et l'intégration des énergies renouvelables est au point mort. »

Les énergies renouvelables marginalement responsables de la hausse des prix

Pour Hans-JosefFell, porte-parole du groupe parlementaire écologiste au Bundestag, il faut répondre sur le fond et expliquer à l'opinion que les énergies renouvelables ne sont responsables que très marginalement (2%) de l'augmentation des prix. « L'augmentation de la part des énergies nouvelles de 17 à 22% en deux ans met en danger la place des énergies fossiles et nucléaires. Il ne faut prendre les déclarations de ces deux ministres que comme un soutien aux industries conventionnelles » explique-t-il à la Tribune.
 

Commentaires 23
à écrit le 19/06/2013 à 6:56
Signaler
Les implications de la transition énergétique en Allemagne http://www.leconomiste.eu/decryptage-economie/45-les-implications-de-la-transition-energetique-de-l-allemagne.html

à écrit le 19/07/2012 à 0:30
Signaler
Les prix des énergies renouvelables sont toujours en tendance baissière, de plus en plus compétitifs partout dans le monde et leur source est gratuite et non polluante, contrairement aux autres énergies. Donc c'est sans appel malgré des luttes de lob...

le 19/07/2012 à 8:48
Signaler
Le renouvelable : très bien mais comment gérez-vous l'intermitence ? Le vent ne souffle pas tous les jours et le soleil ne montre pas toujours son nez en pointe de consommation. Vous construisez des centrales à gaz et à charbon comme nos amis alleman...

le 19/07/2012 à 9:15
Signaler
C'est amusant cet argument des "lobbies" répété par les écologistes. Dans notre pays, des entreprises telles qu'EDF et AREVA sont entièrement sous contrôle public. Ce serait donc l'Etat qui ferait du lobbying vis-à-vis de lui-même? Au contraire, le s...

le 20/07/2012 à 2:36
Signaler
@ Henri : l'intermittence est un vieux débat. Les réseaux actuels tels qu' Entso-E acceptent tels quels une part d'énergies renouvelables proche de 40% sans modification particulière. Le nucléaire a aussi ses contraintes de stockage et de faible pote...

à écrit le 18/07/2012 à 22:01
Signaler
En prenant connaissance des propos de M. Hans-Josef Fell chacun peut constater que les écologistes sont les mêmes des deux côtés du Rhin. Ils n'hésitent pas à nier l'évidence pour défendre leur vision idéologique.

le 18/07/2012 à 23:56
Signaler
Ce n'est pas ce que dit l'article ni la réalité. Le problème est d'une part politique (c'est la droite ici qui prépare les élections) et d'autre part d'intégration au réseau qui n'est pas à jour, pas uniquement à cause des Enr mais en raison de sa vé...

le 19/07/2012 à 0:33
Signaler
Oui Julien, ce n'est pas ce que dit l'article qui se contente de reporter tel que les propos de M. Hans-Josef Fell. Il n;en reste pas moins que ceux-ci sont en total décalage avec la réalité, le surcoût supporté par les consommateurs allemands étant ...

le 20/07/2012 à 2:47
Signaler
Si l'on tient compte du montant des exportations des Enr allemandes dans le même temps et des emplois créés et de leurs retombées le montant des subventions devient quasiment dérisoire. Sans parler de comparaisons avec d'autres énergies. Pour les lig...

à écrit le 18/07/2012 à 20:17
Signaler
Certains en Allemagne (pays de mon épouse), commencent à réaliser que la politique énergétique du pays va dans le mur. Il est tout a fait impossible que les 25 % d'énergie isue du nucléaire puisse ètre remplacé par les moulins à vents (terrestres ou...

le 19/07/2012 à 0:02
Signaler
Le problème est plus compliqué puisque c'est surtout actuellement un problème de réseau électrique Nord/Sud et non de productivité des renouvelables qui a certaines périodes battent d'ailleurs des records. L'ouverture de centrales thermiques ne se fa...

le 19/07/2012 à 0:42
Signaler
Il n'en reste pas moins que les gaz des centrales lignites sont extrêmement polluantes et riches en CO2 même après filtrage, ce qui ne semble pas beaucoup émouvoir les écologistes. Quant aux pics de production des EnR annonces périodiquement avec tri...

le 20/07/2012 à 3:39
Signaler
Il est prévu d'après les différentes études Fraunhofer etc qui sont sérieuses et crédibles que le prix de l'électricité baisse durablement en Allemagne à partir de 2020. Pour le moment il y a une baisse du C02 de la part de l'Allemagne et même s'il d...

à écrit le 18/07/2012 à 19:10
Signaler
Les responsables allemands ne sont pas fous. Ils savent bien que la transition énergétique est une vue de l'esprit électoraliste et que les énergies renouvelables ne peuvent qu'être marginales, étant donné leur coût astronomique. L'Allemagne a besoin...

le 19/07/2012 à 0:06
Signaler
Les renouvelables n'ont rien d'un coût astronomique, c'est d'ailleurs la raison de leur taux de croissance toujours fort dans le monde et de leur progession de plus en plus en plus importante et nettement plus rapide que le nucléaire. En contraste av...

le 19/07/2012 à 0:49
Signaler
Les investissements dont vous parlez sont ceux effectues par les industriels du secteur certains que leur électricité sera rachetée au prix fort durant 20 ans par les subventions payées par les consommateurs. C'est un classique mécanisme de bulle spé...

le 19/07/2012 à 0:49
Signaler
Les investissements dont vous parlez sont ceux effectues par les industriels du secteur certains que leur électricité sera rachetée au prix fort durant 20 ans par les subventions payées par les consommateurs. C'est un classique mécanisme de bulle spé...

le 20/07/2012 à 2:59
Signaler
La plupart des énergies renouvelables sont compétititives dans plus de la moitié des pays au monde et la baisse ou l'arrêt des subventions n'empêche pas la poursuite de leur développement, même si la crise peut çà et là réduire ces tendances. Les chi...

à écrit le 18/07/2012 à 19:02
Signaler
la vérité va éclater et ce sera enfin le scandale dans toute sa splendeur. Les verts ont menti et continuent de raconter n'importe quoi, surtout en France. L'énergie éolienne d'un tout petit pays comme le Danemark, pays tout plat avec peu d'industrie...

le 18/07/2012 à 22:03
Signaler
Et en plus, tous les pays ne sont pas comme le Danemark à proximité des lacs norvégiens pour palier l'intermittence des éoliennes.

le 19/07/2012 à 0:18
Signaler
Il faut mettre à jour les vieilles idées reçues sur les renouvelables ! L'intermittence des Enr ne pose pas de problème au réseau puisqu'en France par exemple ERDF souligne qu'il peut intégrer 38% de renouvelables, en l'état actuel, sans les innovati...

le 19/07/2012 à 1:01
Signaler
Si tant est qu'un responsable d'ERDF ait fait ce type de déclaration sans y mettre des préalables tels que l'existence de moyens de stockage massif de l?énergie ou de centrales gaz destinées à compenser la production des EnR en l'absence de vent et d...

le 20/07/2012 à 3:18
Signaler
Le chiffre de 38% d'acceptation des Enr dans le réseau actuel tel quel n'est pas une vague déclaration de quelqu'un mais issu du rapport très complet et argumenté, détaillé par la directice d'ERDF elle-même lors de sa présentation. Quant au développe...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.