Et si la BCE optait pour des taux négatifs, comme au Danemark ?

Certains économistes s'attendent à ce que la banque centrale européenne (BCE) décide de fixer des taux négatifs, et ce dès le mois de septembre. Cette option est-elle envisageable ? Serait-elle une solution miracle ? Eléments de réponse à partir du cas du Danemark, dont la banque centrale a déjà opté pour des taux négatifs.
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A la banque centrale européenne (BCE), confrontée à un risque de rechute en récession de la zone euro et à des taux d'intérêt prohibitifs pour les économies espagnole et italienne, l'idée de se laisser tenter par des taux négatifs, comme au Danemark, pourrait faire son chemin. La défiance des investisseurs vis-à-vis d'une zone euro incapable de surmonter la crise des dettes souveraines les a poussés à détenir des actifs libellés dans d'autres devises que la monnaie unique européenne comme la couronne danoise.

Taux de rémunération négatifs 

Face à l'afflux de liquidités, la Banque centrale du Danemark qui entend maintenir sa devise dans des bandes de fluctuations étroites vis-à-vis de l'euro, a opté pour des taux négatifs en fixant à -0,20% le taux de rémunération des dépôts que les banques font auprès d'elle, une décision prise dans la foulée du passage à zéro du taux de rémunération de la facilité de dépôt de la BCE, le 5 juillet. La Riksbank suédoise avait sauté le pas des taux négatifs dès 2009. La banque centrale danoise impose par ailleurs une limite au montant que les banques peuvent déposer à vue dans ses livres. Dès que les montants de liquidités déposés par le système bancaire dans son ensemble auprès de la Banque du Danemark dépassent 69,7 milliards de couronnes (9,4 milliards d'euros), tout dépôt supplémentaire est automatiquement basculé sur la facilité assortie du taux négatif.

Des économistes anticipent une décision de taux négatifs à la BCE dès septembre

L'expérience danoise pourrait servir d'exemple pour la BCE dont deux responsables, Klaas Knot membre du conseil des gouverneurs et Benoît Coeuré membre du directoire, ont récemment évoqué l'éventualité d'un taux de dépôt négatif, nourrissant les anticipations de certains économistes sur une décision dans ce sens dès le mois de septembre. Actuellement la BCE sert un intérêt correspondant à son taux de refinancement sur les réserves obligatoires que les banques doivent constituer mais elle ne rémunère pas les fonds déposés en sus. Lorsqu'elle a ramené à zéro le taux de sa facilité de dépôts les banques ont réagi en déplaçant les fonds qu'elles y avaient placé vers leur compte à vue.

Est-ce une réponse appropriée ?

Au-delà des enseignements techniques de l'expérience danoise, la question demeure toutefois celle de savoir si une rémunération négative des dépôts des banques constitue une réponse aux problèmes de fond que la BCE doit affronter. Si la Banque du Danemark cherche à pénaliser des investisseurs prêts à accepter une rémunération négative sur leurs avoirs en couronnes danoises considérés comme une devise refuge face aux désordres de la zone euro, la BCE veut relancer l'activité et abaisser les coûts de financements des pays membres jugés les plus fragiles.

Une politique qui risque d'être inefficace...

L'idée d'un taux des dépôts négatifs est de pousser les banques à prêter aux ménages et aux entreprises pour stimuler l'activité mais cette politique risque d'être très inefficace en raison de la chute de la demande de crédit dans la zone euro, prévient Patrick Artus, économiste à la banque Natixis. "Même avec des taux négatifs, les banques ne prêteront pas aux pays de la périphérie" de la zone euro comme l'Espagne ou l'Italie considérés comme trop risqués, estime pour sa part Jürgen Michels, économiste en charge de la zone euro chez Citigroup.

...voir même une impasse

Loin d'être une voie de sortie, l'expérience danoise pourrait s'avérer une impasse pour la BCE. Un taux d'intérêt négatif sur les dépôts des banques à la BCE pousserait toutefois la Banque du Danemark à réagir, la contraignant à aller un peu plus loin encore en territoire négatif. "Si la BCE baissait le taux de dépôt en territoire négatif, notre anticipation est que le Danemark lui emboîterait à nouveau le pas et baisserait son propre taux de dépôt plus avant", estime Anders Lumholtz. "La Banque du Danemark n'a pas eu d'hésitation jusqu'à présent et elle baisserait encore si nécessaire", prévient-il.

Commentaires 42
à écrit le 25/07/2012 à 13:59
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Cette option ne peu etre valable qu avec les pays AAA, ce qui pour la France ne tiens plus que pour quelques semaines. Car les fonds d'investissements doivent avoir une grande part voir tous leurs placements en AAA.

à écrit le 25/07/2012 à 12:59
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On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif ! Eh bien, là c'est la même chose !

le 25/07/2012 à 14:11
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Les fonds vont avoir du mal car en AAA à part le luxembourg et 2-3 micro états il n'y aura plus grand monde d'ici quelques mois, AA deviendra le nouveau benchmark.

à écrit le 25/07/2012 à 10:23
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L'intérêt majeur d'une telle mesure serait de faire baisser le cours de l'euro donc stimuler la compétitivité de l'euro-zone.

le 25/07/2012 à 10:41
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Les dévaluations artificielles ne permettent pas d'augmenter la compétitivité. Il n'y a que le travail acharné et le capital massivement investi (donc bien rémunéré) pour augmenter la compétitivité. On n'en prend pas le chemin puisque des taux négati...

le 25/07/2012 à 11:18
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Fuire les capitaux vers ou? L'Europe étant le client du monde, la Chine étant à la peine sur un marché intérieur qui mettra du temps à décoller, les USA étant objectivement dans une situation compliquée vis à vis de leur dette (merci la Fed qui achèt...

le 25/07/2012 à 12:19
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L'Europe, c'est moins de 25% de l'économie mondiale. 75% : largement de quoi aller voir ailleurs.

le 25/07/2012 à 12:28
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à PonSonic : 60% des actifs de la bourse de Paris sont détenus par les américains, et non par des capitaux européens.

le 25/07/2012 à 14:01
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Ça change quoi ? La bourse ce ne sont pas les investissements et le CAC 40 pèse peu dans l'économie française dans la mesure où ces grands groupes sont très internationaux...

le 25/07/2012 à 14:10
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Réponses hors-sujet, chiffres sans rapport l'Europe est le premier marché mondial, le premier débouché commercial, quand une entreprise ou un pays voit son premier client s'embourber elle ne raisonne pas en se disant ça ne représente qu'un quart (en ...

le 25/07/2012 à 16:11
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C'est exact et répondre à Henri, lorsque les actifs d'une bourse sont dans les mains d'étrangers cela veut dire que ce pays a un pouvoir de nuisance en vendant ses actifs pour rapatrier ses fonds chez lui, et ainsi faire baiser les marchés financiers...

à écrit le 25/07/2012 à 10:00
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En toute chose il faut savoir raison garder. Une part des dépôts à la BCE résulte d'une gestion financière courante. Une autre part vient d'une recherche de surprotection des banques et prive ainsi l'économie du financement nécessaire. Il faut ainsi ...

à écrit le 25/07/2012 à 9:56
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Les banques pourraient donc placés leurs fonds auprès de la BCE à intérêts négatifs (donc payés pour placer) pendant que l'Espagne- Italie - Grêce emprunte à + de 7%. On marche vraiment sur la tête. En effet, le redressement des finances publiques Es...

le 25/07/2012 à 10:37
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Le redressement des finances publiques des pays ou régions mal gérés passe par le renoncement à l'endettement public, le renoncement à la dépense publique, le renoncement à la folie taxatoire, le renoncement aux réglementations ubuesques et l'accepta...

le 25/07/2012 à 11:52
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En effet, il faut tout libéraliser,supprimer les dépenses, publiques ou sociales,une compétitivité absolue, en particulier avec les pays à main d'oeuvre bon marché,pour arriver à un coût du travail nul. Ceux qui vivent de leur travail et n'ont plus r...

le 25/07/2012 à 11:52
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En effet, il faut tout libéraliser,supprimer les dépenses, publiques ou sociales,une compétitivité absolue, en particulier avec les pays à main d'oeuvre bon marché,pour arriver à un coût du travail nul. Ceux qui vivent de leur travail et n'ont plus r...

le 25/07/2012 à 12:24
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Il n'est pas question de supprimer les dépenses sociales mais de les sortir de la sphère publique. Arrêtez donc avec cet homme de paille éculé de la défense des plus faibles ! L'Etat obèse n'en a que faire des pauvres : il prospère sur leur dos.

le 25/07/2012 à 14:11
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quel manque de dicercement Je rappelle à toutes fins utiles que l'Etat espagnol était avant la crise l'état le moins endetté d'Europe . Idem pour l'Irlande. L'Allemagne avait le double de la dette espagnole OU se situe la crise de l'endettement ? L...

à écrit le 25/07/2012 à 9:30
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Deux pays sont cités en exemple: le Danemark et la Suède. Je rappelle que ce sont deux pays de l'Europe qui ne sont pas dans la zone Euro. Tous les deux affichent une croissance supérieur à 4%. Voilà qui devrait suffire à se poser la question de la r...

le 25/07/2012 à 9:47
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Il n'y a pas de crise de l'euro. La monnaie unique n'a pas à être sauvée, ou même détruite. La crise actuelle n'est pas un problème monétaire européen commun à tous les membres de l'eurozone, mais plutôt un problème de la dette dans certains pays, la...

le 25/07/2012 à 9:49
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Si ces pays étaient dans la zone euro ils ne seraient par cités en exemple sur leur politique monétaire...

le 25/07/2012 à 9:51
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je n'ai pas trouvé la réponse à votre question sur le site de l'université de porto rico auquel vous faites référence, pouvez-vous mettre un lien ? Par ailleurs, il est normal que les pays cités ne fassent pas partie de la zone euro sinon on ne les p...

le 25/07/2012 à 12:36
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La Pologne non plus n'a pas l'euro et elle a elle aussi une croissance forte +4,7% !! Mais il est vrai qu'en plus elle applique la flat tax, c'est à dire un impôt forfaitaire sur les revenus égal pour tous à 20%, et pas d?impôt pour les très bas sala...

le 25/07/2012 à 14:03
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Mieux : prenons exemple sur le Liechtenstein !

le 25/07/2012 à 18:20
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pour repondre à Damien une TVA 19% pour tous n'est ce pas un impôt forfaitaire. Dites que vous souhaitez le passer à 19+21 %

à écrit le 25/07/2012 à 9:12
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J'ai en souvenir les deux LTRO consécutifs, avec NOTRE argent (oui il ne faut pas oublier d'où viennent les fonds de la BCE) dans, je cite, "l'espoir que les banques prêtent aux Etats". Comme d'habitude, l'Europe (j'englobe toutes les institutions d...

le 25/07/2012 à 11:21
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Pas notre argent, il s'agit d'une création monétaire ex-nihilo, la BCE ne mutualise pas des fonds européens.. il serait bon d'ouvrir un livre d'éco de temps en temps.

le 25/07/2012 à 12:12
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il s'agit de la création monétaire ex nihilo ! sans incidence (?) bien sûr pour les peuples puisque comme chacun sait, la planche à billet a toujours été synonyme de dilution de pouvoir d'achat. Il faut ouvrir un livre d'éco et d'histoire de temps ...

le 25/07/2012 à 14:20
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Non car vos fameux billets ne sont pas dépensés (techniquement ils l'ont déjà été) mais restent dans les masses bilantielles, pas d'effet dilutif sur le pouvoir d'achat qui n'existe que lorsque l'offre peine à répondre à la demande ce qui supposerait...

à écrit le 25/07/2012 à 8:41
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Les banques ont trop de liquidité et recherche des marges importantes pour prêter aux entreprises et particuliers tout en s'assurant que leur débiteurs rembourseront (prise de risque minimal pour résultat maximal). La BCE doit donc prêter directement...

le 25/07/2012 à 9:37
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Les intérêts ne servent pas à couvrir le risque, pris en charge par ailleurs. Les intérêts sont la rémunération normale des capitaux. Un prêt direct de la BC à son Etat est immédiatement inflationniste et doit donc être interdit. Ce prêt serait en ef...

le 25/07/2012 à 11:26
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En quoi un prêt d'une BC à son état est il inflationniste je me le demande, sauf à ce que celui-ci s'en serve pour jeter des billets dans la rue du haut des ministères.. Je connais une BC qui gonfle son bilan pour acheter du papier national sans que...

le 25/07/2012 à 12:29
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Vous n'avez rien compris aux contreparties monétaires, encore moins à la création monétaire. En revanche, le processus inflationniste des prêts directs est décrit juste au-dessus : pour le coup, vous faites semblant de ne pas comprendre alors que vou...

le 25/07/2012 à 14:25
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Pour générer de l'inflation il faut générer de la demande ou renchérir les coûts d'acquisition à demande constante par le truchement d'importations de produits finis ou de consommations intermédiaires. les USA ne sont dans aucun de ces 2 cas de figur...

à écrit le 25/07/2012 à 8:38
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Si je peux choisir, je prefererais la bank danois. La couronne se mouve aujourdhui avec l'Euro, mais si le derniere exploit, la couronne va certainment pas le suivre,

à écrit le 25/07/2012 à 8:28
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Ou comment trafiquer les comptes d'une entreprise ou d'un état, lorsque une entreprise fait des pertes emprunte à tout va elle finit par être en faillite, il faudrait faire de même pour les états, les mettre en faillite, du reste dans l'histoire, le...

à écrit le 25/07/2012 à 8:27
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La BCE voudrait-elle réinventer la monnaie fondante ? La BCE serait-elle tentée par la déflation ? Attention toutefois aux effets destructeurs de la monnaie fondante, les frais des banques étant toujours répercutés sur les clients finaux. La BCE se f...

à écrit le 25/07/2012 à 8:25
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L'émission massive de monnaie actuelle de la BCE ne sert à rien d'autre que soutenir les marchés spéculatifs : du fait de la crise, la demande anticipée est au mieux en stagnation. Dans ces conditions, pourquoi une entreprise investirait elle et dema...

le 25/07/2012 à 9:41
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Ahhh, le bon gros fantasme du revenu monétaire, ou dividende universel, éternel espoir de tous les fainéants du monde. Il y avait longtemps qu'on n'avait pas eu droit à ces fadaises. Non, mon gars, si tu veux du flouze, il faut bosser dur, à la sueur...

à écrit le 25/07/2012 à 7:56
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Totalement ridicule!!! La BCE ferait mieux de prêter directement aux états à un taux très bas plutôt que de s amuser à de telles âneries qui ne serviront à rien sinon à déplacer l argent comme ce fut le cas en ne rémunérant plus les placements. Comm...

le 25/07/2012 à 8:21
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Tout à fait d'accord!

le 25/07/2012 à 9:42
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Tout à fait contre !

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