L'économie roumaine plombée par l'impasse politique

Plus de deux mois après avoir été suspendu par le Parlement, le président de centre-droit, Traian Basescu, a finalement été re-confirmé à la tête de l'Etat mardi. Les tensions politiques n'ont toutefois pas cessé et repoussent une reprise normale de l'activité économique.
Traian Basescu, le président de centre-droit, suspendu par le parlement, est réintégré par une décision du Conseil constitutionnel. Le résultat du référendum a confirmé la décision des députés, mais en raison d'une participation inférieure à 50%, le résultat est invalidé. Copyright Reuters

En Roumanie, tous les efforts de la coalition de centre-gauche au pouvoir (USL) pour écarter leur ennemi juré, le président Traian Basescu, auront été vains. Le référendum du 29 juillet dernier qui devait confirmer ou non la destitution du président a été invalidé mardi par la Cour constitutionnelle. Le quorum de 50% plus une voix prévu dans la loi n'a pas été atteint.

Même si plus de 87% de ceux qui sont allés votés, soit près de sept millions et demi d'électeurs, ont dit "oui" à la destitution de M. Basescu, la participation électorale n'a été que de 46,24%. La crise politique qui secoue le pays depuis plusieurs mois est pourtant loin d'être terminée. « La décision de la Cour constitutionnelle sera respectée mais elle est injuste, illégale et politique », s'est empressé de commenter le Premier ministre, Victor Ponta. Le président intérimaire, Crin Antonescu, a estimé pour sa part que Traian Basescu était désormais un président « illégitime » qu'il ne reconnaîtrait pas. « Nous avons besoin d'une pression publique pour pousser Traian Basescu à la démission », a-t-il ajouté.

Une frustration grandissante

La véhémence des leaders de l'USL devrait aller crescendo au fur et à mesure qu'approchent les élections législatives. « La position de plus en plus radicale de la majorité au pouvoir montre qu'elle essaie de garder jusqu'aux élections de cet automne la sympathie des Roumains qui ont voté pour la destitution du président », explique l'analyste politique Andrei Taranu. Cette stratégie n'est toutefois pas sans risque. Etourdie par des déclarations politiques qui remettent constamment en cause la légitimité des institutions de l'Etat, la population ne sait plus qui croire.

« Le potentiel de frustration est important dans le rang des sept millions et demi d'électeurs qui voient que leur vote n'a eu aucun effet, estime le sociologue Mircea Kivu. Il est possible que nous assistions à des manifestations dans les jours à venir. » Mardi, après l'annonce de la décision de la Cour constitutionnelle, quelques centaines de personnes se sont réunis au centre de Bucarest. Une mobilisation encore timide mais qui pourrait prendre de l'ampleur.

L'économie reste bloquée

Pendant ce temps-là, l'économie roumaine vacille au gré des déclarations incendiaires des hommes politiques. Les investisseurs étrangers ont déjà pris leur distance avec Bucarest et attendent le retour de la stabilité politique. « Les grands investissements sont de toute façon au point mort depuis que le président a été suspendu par le parlement (le 6 juillet, ndlr) car toutes les contrats importants en Roumanie se font avec l'Etat », note l'analyste financier Laurentiu Rosoiu.

Le leu, la monnaie locale, a connu en quelques semaines une dépréciation rapide et seul les efforts de la Banque centrale ont permis de limiter les dégâts. Aujourd'hui, si son cours semble s'être stabilisé, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse sa prévision de croissance pour la Roumanie à 0,9% contre 1,5% auparavant. « Depuis le début de la crise, le gouvernement ne s'est pas occupé une seconde de l'économie, explique l'analyste économique Dan Niconschi. Le système est totalement paralysé et la décision de la Cour n'a pas calmé les marchés. »

Membre de l'UE depuis 2007, la Roumanie a connu un boom économique sans précédent dans les années 2000. Touchée de plein fouet par la crise, Bucarest a dû se résigner à contracter un emprunt de 20 milliards d'euros en mars 2009, dont 12,9 milliards d'euros ont été assurés par le FMI. Les mesures drastiques prises par l'ancien gouvernement de centre-droit, comme la réduction d'un quart des salaires des fonctionnaires, avaient permis d'équilibrer les comptes et d'obtenir l'année dernière une croissance de 2,5%.

Commentaire 1
à écrit le 23/08/2012 à 12:48
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Baisse des salaires des fonctionnaire de 25%. voila des gens qui savent accepter de couper là ou il le faut. 10% en france en les laissant aux 35 heures et en passant le privé à 39h serait une solution intelligente. Mais intelligence et politique ne ...

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