«Si nous voulons rester une société unie et prospère, les gens considérablement riches doivent verser une contribution supplémentaire.» Dans une interview publiée mercredi par le quotidien The Guardian, Nick Clegg, le vice-Premier ministre du Royaume-Uni, a surpris ses alliés conservateurs par ses propos tranchants. L'objectif à terme pour le chef des libéraux-démocrates serait moins d'augmenter le niveau d'imposition des hauts revenus que de taxer davantage leur patrimoine, notamment les propriétés dont la valeur dépasse 2 millions de livres sterlings. «Si nous devons demander aux gens plus de sacrifices sur une période plus longue alors nous devons être sûrs qu'ils voient que cela est fait de la façon la plus juste et la plus progressive possible», a t-il précisé.
Pour Nick Clegg, cet «effort national» vise à augmenter les recettes outre-Manche et, par la même occasion, à réduire le déficit budgétaire qui s'élève à près de 6,2% du PIB. C'est deux fois plus que le seuil des 3% imposé par le traité de Maastricht aux pays membres de l'Union européenne. Conséquence, le Royaume-Uni traverse une grave période de récession depuis 2011. Au deuxième trimestre 2012, le produit intérieur brut britannique a reculé de 0,7% après avoir déjà chuté de 0,2% les trois mois précédents. La fin d'année s'annonce tout aussi maussade. Selon la Banque d'Angleterre, la croissance annuelle devrait s'établir aux alentours des 0%.
Tapis rouge
La sortie de Nick Clegg n'a guère plu à l'aile conservatrice du gouvernement, en particulier à Georges Osborne, ministre chargé des Finances. L'artisan de l'austérité, comme on le surnomme, a affirmé mercredi que trop taxer les riches reviendrait à l'inverse à plomber l'économie britannique. «Nous devons faire attention à ne pas faire fuir les producteurs de richesse et les entreprises qui contribuent au redressement de notre économie», a-t-il soutenu, en marge d'une visite à Sunderland.
Le soutien ne devrait pas venir non plus du Premier ministre David Cameron. Le 19 juin, le leader du parti conservateur avait raillé la politique fiscale de François Hollande, la jugeant trop imposante. «Quand la France instituera un taux de 75% pour la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu, nous déroulerons le tapis rouge et nous accueillerons plus d'entreprises françaises, qui paieront leurs impôts au Royaume-Uni», avait-il affirmé avec humour. A titre de comparaison, le seuil d'imposition le plus élevé en Grande-Bretagne est de... 45%. Pas de quoi créer à court terme une fuite des capitaux britanniques vers la France.
