Dégainera, dégainera pas. Ce jeudi, les attentes vont peser sur les épaules de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE). Depuis plusieurs semaines, responsables politiques et marchés attendent de connaître les actions que la BCE envisage d'entreprendre pour sauver l'euro.
Peu à attendre des annonces d'aujourd'hui
Mais sous la pression de la Bundesbank et de son gouverneur Jens Weidman, farouchement opposés à la reprise des rachats de dette publique par la BCE et soutenu par Angela Merkel, il n'est pas sûr que Mario Draghi ait les mains totalement libres pour s'adonner aux annonces tant espérées. Il devrait se contenter de réitérer son intention d'agir sur le marché de la dette, sans pour autant annoncer des mesures concrètes, et défendre à nouveau son point de vue sur une nécessaire intervention de Francfort pour sauver la monnaie unique.
Ces dernières semaines, la bataille a fait rage entre le président de la BCE et ses détracteurs en Allemagne. Fortement critiqué outre-Rhin, Mario Draghi avait même dû monter au créneau la semaine dernière en défendant sa poition dans l'hebdomadaire Die Zeit. "La politique monétaire nécessite parfois des mesures exceptionnelles" pour calmer les peurs "irrationelles", avait il expliqué, soutenu plus tard par François Hollande et Mario Monti.
Karlsruhe et le MES
Autre point qui devrait bloquer toute déclaration du président de la BCE dans le sens d'une action sur la dette : l'attente de la décision de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe sur la validité du Mécanisme européen de stabilité qui doit intervenir le 12 septembre prochain. Par ailleurs, Mario Draghi avait soumis ses promesses du mois d'août à condition. Aucune mesure exceptionnelle ne serait prise sans que les Etats en difficulté ne demandent l'assistance financière de l'Union européenne. Or, les dirigeants espagnol et italien, Mariano Rajoy et Mario Monti, n'ont cessé de répéter qu'aucune demande d'assistance n'était envisagée par leur pays respectifs. Ce qui pèse en faveur d'un nouveau statu-quo sur le sujet.
La BCE est attendue au tournant
Pourtant, la promesse de Mario Draghi début août, de prendre des mesures "adéquates" pour sauver l'euro ont provoqués des attentes importantes de la part des marchés. Certes, elle a permis de relâcher la pression sur l'Espagne et l'Italie jusque là. Mais Mario Draghi est désormais attendu au tournant. Les marchés supporteraient en effet très mal que la décision ne soit une nouvelle fois reportée à plus tard. Julian Calow, chef économiste Europe pour Barclays Capital, est même allé jusqu'à dire que le président de la BCE a mis sa crédibilité en jeu sur cette affaire. Pour lui, Mario Draghi "a fait une affaire personnelle de sauver l'euro et il devra rendre des comptes pour ça". Mais au mieux le président de la BCE présentera-t-il les contours des mesures qu'il souhaiterait mettre en place, sans, ni les mettre en place, ni dire quand il les mettra en place, afin de ne pas complètement décevoir les marchés. Certaines informations de presse ont notamment évoqué des rachats de dette publique illimités jusqu'à échéance trois ans, en les neutralisant pour ne pas créer d'inflation.
Pour l'heure, la BCE a déjà décidé de maintenir son principal taux directeur inchangé. Un point sur lequel les experts étaient partagés.