Réduisez vos déficits publics ! intime la commission Bruxelles aux 12 Etats de la zone euro dont le déficit dépasse les 3% du PIB. Derrière cette injonction, il y a en fait l'exigence, formulée implicitement, d'une baisse et, à terme, d'une suppression du déficit extérieur (balance des paiements courants) de ces pays, ainsi que le souligne Patrick Artus, directeurs des études économiques de Natixis, dans une note qu'il vient de publier.
Car, relève Artus, « la zone euro est conçue comme une union monétaire salns fédéralisme ». Il n'existe pas de système de transferts entre pays destiné à corriger les déficits extérieurs. Les pays présentant un déficit de leur balance courante ne cessent donc d'accroître leur dette extérieure, comptabilisée par la BCE dans le système target. Ce qui est, à terme, intenable, et jugé comme tel, notamment par les Allemands.
Ceux-ci voient d'un très mauvais ?il les déficits extérieurs portugais et espagnols (6% du PIB dans chaque cas !), grecs (9% du PIB), mais aussi italien (4%) et français (3%).
Réduire la demande intérieure pour résorber les déficits
Comment mettre fin à ses déficits extérieurs ? En accroissant les exportations, bien sûr. Mais dans un contexte de stagnation européenne, c'est illusoire. La solution évidente, c'est celle de la baisse des importations, qui ne peut s'obtenir qu'au moyen d'une réduction de l'investissement et de la consommation. C'est là que la politique de baisse du déficit public rejoint celle de l'ajustement des balances commerciales : en augmentant les impôts en réduisant les dépenses publiques, les gouvernements font chuter la consommation et l'investissement, et obtiennent donc une baisse des importations.
In fine, si ce rééquilibrage des balances commerciales est mené à son terme, le revenu par tête s'en trouvera considérablement réduit dans les pays concernés. Le revenu par italien représentait, juste avant la crise, 87% de celui des allemands. In fine, il ne serait plus que de 77% (toujours en proportion du niveau allemand), calcule Patrick Artus. Les Espagnols baisseraient de 78% à 66%, les Grecs chutant de 68% à 50%. Les Portugais seraient encore en dessous, tombant à 48% de la référence allemande.
Quant aux Français... ils devraient consentir une baisse plus faible de leur revenu, mais une baisse tout de même, celui-ci passant de 103% du niveau germanique en 2008 à 95%, lorsque sera résorbé le déficit extérieur.