Ces Nobels d'économie qui prodiguent leurs conseils à l'Europe

Amartya Sen et Joseph Stiglitz, tous deux prix Nobel d'économie, critiquent les mesures d'austérité prises en Europe. L'ancien chef économiste de la banque mondiale appelle en outre à mutualiser les dettes.
Les prix Nobel d'économie Amartya Sen et Joseph Stiglitz / Photos Reuters

Y a-t-il un Nobel pour sauver l'Europe ? En pleine saison de remise du célèbre prix, Amartya Sen et Joseph Stiglitz, tous deux lauréats et auteurs réguliers de best-sellers, sans proposer officiellement leurs services, prodiguent ce jeudi leurs bons conseils de "vieux sages" de l'Economie. Leurs recettes :

Amartya Sen : ne pas confondre "réforme" et "austérité"

Le prix Nobel d'économie 1998, rappelle dans les colonnes du Temps que "réforme ne signifie pas forcément austérité." Prenant l'exemple de la crise de 1929, quand des " freins aux dépenses ont renforcé la dépression" il affirme que "les mesures d'austérité ne sont pas viables". A l'inverse, défendant une politique keynésienne, l'économiste explique que les dettes n'ont pu être réduites que lors des périodes de croissance : après la Seconde Guerre mondiale dans les pays Occidentaux, dans les années 1990 en Suède ou pendant les "années Clinton" aux Etats-Unis.

Toutefois, en Europe, pas question,  pour le professeur à Harvard, de "tout arrêter d'un coup". Il propose plutôt de mettre en place des réformes afin de tenter, par exemple, "de résoudre l'évasion fiscale en Grèce". Au sujet des difficultés de la Grèce, mais aussi du Portugal, Amartya Sen a son explication: ces pays "se trouvent face à un euro surévalué".  L'Allemagne, au contraire profiterait d'un "euro sous-évalué". Or, il n'existe pas de système de transfert d'un pays à un autre en Europe, comme aux Etats-Unis, qui pourrait compenser les difficultés des plus endettés. Aussi défend-il, à plus long terme l'idée d'une "union" politique qu'il reconnaît comme "difficile à vendre". Et ce, surtout aux Allemands. L'économiste se montre peu tendre envers le gouvernement allemand Ce dernier aurait mis "dans la tête" de la population que "l'austérité fonctionnera". "On ne peut pas blâmer les Allemands, contrairement au gouvernement", conclu-t-il.

Joseph Stiglitz : "les dettes devraient être mutualisé"

Sur le fond, le lauréat du prix Nobel d'économie en 2001 rejoint son confrère. Mais il va un peu plus loin. Dans le quotidien autrichien Der Standard, Joseph Stiglitz affirme que "Les dettes devraient être mutualisées.". Il constate d'ailleurs un niveau d'endettement moins important qu'aux Etats-Unis. Et, pour lui, seule cette mutualisation des dettes permettra "d'éviter un effondrement de la zone euro, qui reviendrait bien plus cher pour tous". "De plus, la création d'un fonds de garantie commun pour les banques est nécessaire. L'autorité de surveillance, telle qu'actuellement envisagée, ne suffira pas", prévient l'économiste américain.

Quant à l'austérité, Joseph Stiglitz souligne, lui aussi, son inefficacité. "En ce qui concerne les programmes d'austérité, la situation se dégrade. L'Espagne se trouve en dépression. La Grèce est également en dépression. La zone euro n'a pas réussi à regagner de la confiance", juge l'ancien chef économiste de la Banque mondiale.

Commentaires 35
à écrit le 08/10/2012 à 3:01
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Mrs Sen et Stiglitz me semblent avoir pour l'essentiel raison. Un bémol cependant. Faut-il absolument intégrer dans la dette les escroqueries patentes de certaines banques? Ne serait-il pas plus sain de dénoncer ces escroqueries pour mieux garantir ...

à écrit le 04/10/2012 à 18:59
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Joseph Stiglitz affirme que "Les dettes devraient être mutualisées.". Très bien. Alors que les pays limitrophes à la Méditerannée commencent le jeu et mutualisent leurs dettes, y compris la France !! Ah Ah ! ! Aussi défend-il, à plus long term...

à écrit le 04/10/2012 à 18:54
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Quand on vous dit que l'économie n'est pas une science mais une prévision météorologique !

à écrit le 04/10/2012 à 18:11
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Je ne comprend pas ces deux prix Nobel alors que l'Europe voit la sortie du tunnel,Il suffit pour s'en convaincre d'observer les situations économiques de la Grèce et de l'Espagne à ce jour.

le 04/10/2012 à 18:40
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Sans oublier l'Italie!

à écrit le 04/10/2012 à 15:35
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D'une certain manière, ils ont raison : l'austérité telle qu'elle est appliquée ne peut pas marcher. Pourquoi ? On fait payer les classes moyennes et les entreprises avec toujours plus d'impôts, alors que la seule politique possible est la baisse mas...

le 06/10/2012 à 11:13
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d'accord mais il faut arrêter de généraliser avec la notion de dépense publique et debattre du rôle et des responsabilités de l'etat pour se mettre d'accord sur les service qui doivent être privatises en Australie ou j'habite l'état a un rôle sociale...

à écrit le 04/10/2012 à 15:08
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Toujours plus de fautes, "les dettes devraient être mutualisées" Vous (La Tribune) n'êtes malheureusement pas les seuls, c'est une tendance lourde dans la presse aujourd'hui

à écrit le 04/10/2012 à 14:57
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Sen, Stiglitz et Krugman sont des keynésiens socialistes. En gros, ils nous disent que si cela n'a pas marché depuis 40 ans, c'est parce que nous n'en avons pas fait assez. Réthorique habituelle du socialisme qui n'est jamais entièrement réalisé, voi...

le 04/10/2012 à 15:29
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Absolument, des malades bons à interner. Ceci doit nous faire relativiser la compétence des jurys du prix Nobel.

le 04/10/2012 à 16:04
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pas forcément, car Sen, Stiglitz et Krugman ont été récompensées pour des travaux micro économiques mathématiques (en gros de l'économétrie comportementale). Cela ne leur donne certes pas un vernis de compétence pour s'exprimer sur de la macro économ...

le 04/10/2012 à 16:13
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nous sommes dans le mur et c'est bien l'ultra libéralisme ,donc la cupidité qui nous y a menés .

le 04/10/2012 à 16:33
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@ fauché : l'ultra libéralisme, cela ne veut rien dire. La cupidité est un sentiment humain, lié à la nature humaine, pas à une philosophie politique. La cupidité, ou plutôt la recherche du profit, a permis le progrès et le bonheur humain (la main in...

le 04/10/2012 à 16:33
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@ fauché : l'ultra libéralisme, cela ne veut rien dire. La cupidité est un sentiment humain, lié à la nature humaine, pas à une philosophie politique. La cupidité, ou plutôt la recherche du profit, a permis le progrès et le bonheur humain (la main in...

le 04/10/2012 à 16:43
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stiglitz et krugman sont surtout amerciains et ont bcp de mal a concevoir que l'europe ca ne marche pas comme les etats unis; un redneck de iowa mangera le meme burger qu'un juif new yorkais ou un chicanos de LA, et ils ont en gros la meme langue et ...

le 04/10/2012 à 16:45
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concernant friedman ses apports majeurs sont la theorie du revenu permanent, et le controle de la masse monetaire; pour ce qui est de la micro, il considere l'entreprise comme une black box

le 04/10/2012 à 16:46
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ah bah c'est sûr que tous les commentateurs ici sont plus compétents que Armatya Sen et Sitglitz. D'ailleurs on devrait faire un florilège des commentaires sur la tribune.fr et je suis sûr qu'on lui donnerait un prix nobel collectif.

le 04/10/2012 à 17:12
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@ Stanley : il est bien évident que ce sont les prix et les diplômes décernés par les copains qui font la compétence des gens, pas les raisonnements, c'est bien vrai. C'est pour cela que Hollande et Sarkozy sont les plus grands,i ls ont fait l'ENA, e...

le 04/10/2012 à 17:16
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les avis en economie politique concernent chaque citoyen et ils peuvent forcément etre divergents. Les économistes n'échappent pas à la regle: nous avons tous assisté à des débats ou les économistes à partir du meme évennement tiraient des conclusion...

le 04/10/2012 à 19:00
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Il fait quoi John galt pour passer son temps à répandre sa bonne parole sur ce site : chômeur, retraité, fonctionnaire ?

le 04/10/2012 à 20:13
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il n'y a pas de compétence chez aucun économiste mais seulement des convictions. Notre vie intellectuelle est pourrie par des gourous prônant des vérités indémontrables ; économistes, psychiatres, sociologues pour ne citer que ces 3 confréries. Les l...

à écrit le 04/10/2012 à 14:42
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stiglitz refuse obstinement de comprendre que les allemands qui vont avoir la retraite a 67 ans ne se voient pas offrir la retraite a 50 ans ' payee par personne via les eurobonds' aux francais, car ces derniers ont une exception culturelle

à écrit le 04/10/2012 à 14:23
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en fait les nobels sont des théoriciens qui satisfont l'oligarchie par le analyse scabreuse y qu'a voir la misere de FRIEDMAN et autre thatcher .

le 04/10/2012 à 14:40
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vous ne devez pas trop savoir a quoi ressemblait le ru de la fin des annes70, a priori ...

le 04/10/2012 à 14:59
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@ sigmundy freud : sauf que Friedman, ça marche, cf le chili, et Thacher s'est inspiré de Hayek, et cela a marché aussi (pour info, la GB était en faillite en 77 après 30 ans de socialisme acharné). Cela marche quand on fait du libéralisme ... Manife...

le 04/10/2012 à 16:59
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oh bah oui parlez en à l'argentine et à tous les pays d'amérique latin qui ont tourné au libéralisme depuis 20 ans ! privatisation à gogo, abandon des politiques sociales et educatives, et la pauvreté qui a explosé la classe moyenne a été laminée b...

le 04/10/2012 à 17:20
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@ Friedmanauplacard : il n'y a que le Chili qui a suivi le libéralisme depuis 30 ans, et on voit le résultat ... Attribuer la réusite du Chili au fait qu'il a du cruivre est l'argument basique de ceux qui ne veulent pas voir la vérité en face. Le Ven...

le 04/10/2012 à 17:54
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Outre que M Friedman s'est bien rendu en Islande en 1984 pour donner une conférence et qu'il s'y est produit dans un débat télévisé, il a maintenu une relation avec le futur 1er ministre D. Odsson (de 1991 à 2004) qui a en grande partie appliqué les ...

le 04/10/2012 à 19:16
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ah les vacances en Islande. alors quelques corrections 1- le chili va bien. Tres bien. Je n'ai jamais dit le contraire. la question était est de savoir si il le doit à Friedman et sa théorie monétariste. Vous me demandiez de m'éduquer j'ai suivi ...

le 04/10/2012 à 19:22
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John une petite definition du monétarisme : je continue mon éducation vous voyez :) Monetarism is an economic theory which focuses on the macroeconomic effects of the supply of money and central banking. Formulated by Milton Friedman, it argues that ...

le 05/10/2012 à 6:47
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Vivant depuis 1 an au Chili je m'extasie tous les jours de la réussite de ce pays : les impôts y sont tellement faibles que les infrastructures routières sont dans un état lamentables dès qu'on sort des axes principaux, le système de santé est réduit...

le 05/10/2012 à 9:18
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Ah mon cher Olichile, que vous me faîtes plaisir de nous montrer le véritable visage du modèle libéral que nous propose John Galt !

le 05/10/2012 à 11:02
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@olichil +1000 voilà le "miracle chilien" et celui du néolibéralisme dans toute sa splendeur ! Merci ;-)

le 05/10/2012 à 15:09
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Oui la richesse du Chili est avant tout du a l explosion des prix du cuivre car il est le producteur mondial no. 1. ( J ai visité les mines a ciel ouvert dans l´acatma, c´est impressionant ). Maintenant il exploit les gisement de sel ( salinas)...

à écrit le 04/10/2012 à 14:21
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Dans le grand jeu "à qui refiler ma dette", les mougeons Francais se tournent vers les con-tribuables Allemands pour "les faire raquer", mais ils oublient que les autres pays se tournent vers les mougeons Francais.. On est toujours le "riche" de que...

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