« Les banquiers sont des commerçants comme les autres »

Alors que Bercy planche sur une proposition de réforme structurelle des banques françaises, La Tribune a interrogé Monique Goyens, représentante des Unions de consommateurs à Bruxelles et membre du groupe Liikanen qui fait des recommandations au niveau européen. Elle revient sur ces travaux et sur l'autre chantier du moment : l'accès aux services bancaires de base.
Monique Goyens, représentante des Unions de consommateurs à Bruxelles et membre du groupe Liikanen, le 11 juillet 2012 à Bruxelles au siège de la Commission européenne. Copyright Reuters

Le groupe Liikanen qui vient de remettre au commissaire européen Michel Barnier son rapport sur la réforme structurelle du secteur bancaire propose d'obliger les banques à filialiser certaines activités de marché. Pourquoi demander aux banques de se restructurer de la sorte ?

Si une banque universelle exerce ces activités de marché risquées au-delà d'un certain seuil - et je pense qu'en France on arrivera à ces seuils -, il n'y a aucune raison que les clients de la banque de détail, ni d'ailleurs les contribuables, soient au risque de devoir aider ou financer ces activités à risque. Il faut cesser de privatiser les profits et de socialiser les pertes, comme l'a dit le président du groupe Erkki Liikanen.

Ne craignez vous pas que cela remette en cause la capacité des banques universelles à apporter aux clients tous les services dont ils ont besoin ?

Dans notre proposition, il y a énormément d'activités de trading qui peuvent être réalisées dans la banque de détail. Les banques universelles sont venues nous voir, nous dire qu'il y a certains services à rendre au client. Cela a vraiment été en considération.

Y compris pour le financement des PME ?

Franchement, avec un peu de bonne foi, on voit que notre rapport ne pose aucun problème pour financer les PME. Il y a eu dans le passé les opérations de financements de la BCE qui étaient sensées servir au financement des PME et dont on ne voit pas l'impact sur l'économie réelle. Actuellement, les grandes entreprises font la banque pour les petites entreprises, forcées par le comportement des banques qui sont en repli. Nous avons des propositions équilibrées sur la table, faisons en quelque chose. Je m'attends à des propositions vers avril 2013.

Vous attirez l'attention depuis des années sur l'accès aux services bancaires de base au sujet duquel la Commission a annoncé des propositions législatives pour la fin de l'année. Quelle est l'ampleur du problème ?

En France, 500.000 personnes n'ont pas accès à ces services. Il y a une obligation mais elle joue quand un consommateur s'est vu refuser l'ouverture d'un compte auprès d'une banque commerciale. Alors il faut ouvrir un compte auprès de la Banque de France. Cela entraîne une certaine stigmatisation. Nous pensons qu'il doit y avoir une obligation générale. Or, aujourd'hui, si je rentre dans une agence bancaire et je veux ouvrir un compte, on me répond que ce n'est pas possible parce que je n'ai pas la bonne nationalité ou la bonne résidence. Ce n'est pas normal. On ne doit pas pouvoir me le refuser, même au motif que je n'ai pas un salaire convenable, sauf évidemment si je veux pouvoir être en découvert.

En quoi consistent ces « services de base » ?

Avoir accès à un numéro de compte, à une carte de banque, pas nécessairement de débit, à une possibilité de virement, avoir un accès en ligne et la possibilité de recevoir des extraits bancaires. Ce compte de base ne doit pas être gratuit mais son coût du compte doit refléter les coûts de la banque, qui sont très faibles. C'est une question économique, une question de marché, pas sociale. Quand vous allez dans un magasin, on ne peut pas refuser de vous servir. Après tout, les banquiers sont des commerçants comme les autres.

Commentaires 17
à écrit le 16/10/2012 à 14:20
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Si quand on en sait si peu sur le mode de fonctionnement des banques Francaises on ne va pas donner des conseils au niveau Européen. A ce niveau là, genre bistrot du commerce, n'importe qui peut donner des conseils. Le SBB existent déjà, et la BDF n'...

à écrit le 16/10/2012 à 14:10
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@bankerman je pense que votre image de la banque date un peu ! Que les banques n'arrivent pas à trouver des fonds suffisants pour satisfaire les demandes de prêt, sarkozy aurait été content de le savoir, lui qui a "sauvé" le système bancaire en injec...

le 16/10/2012 à 14:28
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Désolé mais Bankerman a plus raison que vous qui êtes engoncés dans votre attitude primaire anti-banques. Les banques ont reçu des prêts qui ont été remboursés avec des intérêts à un taux à faire rêver un épargnant, il n'y a pas eu de subsides sur fo...

le 16/10/2012 à 16:03
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Merci mon pair Banquier, enfin quelqu'un qui parle de ce qu'il connait...Pour mémoire "pm" les prets consentis aux banques par l'état l'étaient au taux de 8%. ces prets ont été intragralement remboursés sous 1 an. Le but, en effet Banquier, était de ...

le 16/10/2012 à 16:19
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nous ne devons pas regarder de la meme fenetre... les injections dans les banques n'ont pas ete remboursées depuis 2007, mais ont tout simplement disparu.... qui s'est mis ces fortunes dans la poche... ?

le 16/10/2012 à 17:11
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Totalement faux. Est-ce de l'ignorance ou de la malhonneteté ?

à écrit le 16/10/2012 à 12:00
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"Quand vous allez dans un magasin, on ne peut pas refuser de vous servir. Après tout, les banquiers sont des commerçants comme les autres." certes, mais il y a des magasins où le prix permet de sélectionner la clientèle servie, pour le service publi...

le 16/10/2012 à 14:50
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Aucune Caisse d'épargne n'est détenue par les collectivités locales ! Les caisses d'épargnes sont régionalisées et regroupées dans un groupe BPCE (Banque populaire- caisse d'épargne). Les caisses d'épargne sont privées.

à écrit le 16/10/2012 à 11:12
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Incroyable. Cette personne n'y connait rien de rien et elle se permet de faire des propositions ! En banque il y a un principe fondamental : les dépots font les crédits. Oui mais : ça ne suffit pas, du coup les banques pretent en se refinançant sur l...

le 16/10/2012 à 20:58
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On en revient donc toujours au secteur privé qui capte l'argent des déposants car l?état refuse de protéger le bien des gens mais ne se gêne pas de les taxer.

à écrit le 16/10/2012 à 10:24
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Si elles sont des commerçants comme les autres, QU'ELLES FASSENT FAILLITE §

à écrit le 16/10/2012 à 9:42
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Les intérêts qui nous rendent esclaves... car macro-économiquement insoutenables. "C'est un métier comme les autres" De qui se moque-t-on ? Et la marmotte elle met le chocolat dans le papier d'alu ... ! :D

à écrit le 16/10/2012 à 9:14
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Monique Goyens réinvente les subprimes à l'Européenne. N'ayez aucun doute à ce sujet : d'ici quelques années, ces nouveaux subprimes finiront exactement comme leurs prédécesseurs.

le 16/10/2012 à 9:28
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??? Mais où la voyez-vous parler de subprime? Si c'est pour l'aspect compte bancaire de base, à partir du moment où il n'y a pas de découvert, il n'y a pas de risque...

le 16/10/2012 à 9:39
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@Jean Boyin : dans cette phrase : "à une carte de banque, pas nécessairement de débit," donc peut etre carte de credit, dans ce cas la, la boite a pandore sera ouverte comme cela l'a ete pour les subprimes

le 16/10/2012 à 10:38
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A mon avis elle parlait surtout d'une carte de retrait, ou d'une carte à autorisation systématique (donc sans découvert)

le 16/10/2012 à 11:12
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@Jean Boyin : c'est pas dans l'habitude et l'ethique des banques de donner des cartes de retrait, les banques font leur benefice en facturant des interets, des agios ... Carte de credit offerte avec credit revolving de 3000 euros inclus, ca ne me sur...

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