Le show du télégénique Berlusconi séduit de plus en plus d'Italiens

Par Eric Jozsef, à Rome  |   |  745  mots
Silvio Berlusconi, ancien président du Conseil italien et leader du peuple de la Liberté (Pdl), a fait passer son parti de 15% à 20% dans les sondages. La coalition de droite est créditée de 28% des intentions de vote. Copyright Reuters
Silvio Berlusconi grâce à ses passages à la télévision, ses promesses irréalistes et ses attaques contre l'Europe remonte à grande vitesse dans les sondages, à l'approche des élections législatives qui se tiendront les 24 et 25 février. Si la gauche qui fait une piètre campagne reste encore largement devant, le Cavaliere pourrait toutefois réussir à l'empêcher d'avoir une majorité au Sénat.

Les Italiens ne croient plus vraiment à ses promesses. Notamment celle, s'il est élu, de restituer en argent liquide aux citoyens la lourde taxe foncière perçue en décembre par le gouvernement Monti. Malgré tout, Silvio Berlusconi ne cesse de récupérer du terrain dans les sondages à moins de trois semaines des élections législatives des 24 et 25 février. Au point de mettre en alarme, les marchés financiers. L'écart entre les taux d'intérêt allemands et italiens est ainsi reparti à la hausse.

Une campagne extrêmement agressive

Car le Cavaliere, âgé de 76 ans, est bel et bien dans la partie. Totalement discrédité il y a encore un mois avec un parti du peuple de la Liberté (Pdl) tombé à 15% des suffrages, l'ancien chef du gouvernement mène une campagne extrêmement agressive et efficace en occupant la scène médiatique et en balançant des propositions démagogiques mais spectaculaires qui remobilisent les déçus et les indécis. Sa reconquête a véritablement débuté début janvier lorsqu'il a effectué un « show télévisé » dans l'émission « Service public » de Michele Santoro, notoirement hostile au Cavaliere. Suivi par près de 9 millions de téléspectateurs, le magnat de la communication a paré tous les coups de ses contradicteurs y compris les accusations de complicité avec la mafia.  Assurant le spectacle en sortant notamment son mouchoir pour nettoyer sa chaise occupée précédemment par l'un de ses adversaires et montrant un combativité à toute épreuve, il a permis à une droite atone de redécoller.

En quelques heures, son parti, le Pdl, aurait reconquis 2 points dans les sondages. Présent pendant plus de 60 heures à la télévision et à la radio entre le 24 décembre et le 14 janvier, Silvio Berlusconi a ramené le Pdl à près environ 20% des intentions de vote. Avec ses alliés, notamment de la Ligue du Nord, la coalition de droite se situerait désormias aux alentours de 28% des voix. Sur sa lancée et au nom de la lutte contre l'austérité imposée par l'ancien commissaire européen, présenté comme l'exécuteur des « diktats d'une Europe allemande », il ne cesse de sortir des promesses mirobolantes comme une amnistie fiscale ou celle de rembourser la taxe foncière. Seuls 15% des Italiens estiment que cette mesure est souhaitable et surtout réalisable alors que les caisses publiques sont vides. Il n'empêche. Dans un pays qui ne voit pas la sortie du tunnel et qui assiste à une hausse continue du chômage dont le taux a dépassé les 11,2% (36% pour les moins de 24 ans), l'optimisme forcené du Cavaliere fait mouche.

Le Duce "a fait de bonnes choses"

« D'autres propositions seront dévoilées avant le vote », a-t-il annoncé. Pour illustrer l'hypothèse d'une remontée au classement politique, le propriétaire du club de football du Milan Ac vient de recruter pour 20 millions d'euros le jeune avant-centre italien Mario Balotelli qui évoluait jusqu'à présent en Angleterre. Et pour dicter l'agenda de la campagne, Silvio Berlusconi n'hésite pas à créer la polémique en déclarant par exemple à propos de Mussolini, que ses lois raciales étaient « une faute » mais que, pour le reste, le Duce « a fait de bonnes choses dans tant d'autres domaines ». « Nous avons donné l'impression que nous avions déjà gagné les élections » s'inquiète l'ancien président du Conseil (Parti démocrate, Pd) Massimo D'alema « Berlusconi a déjà récupéré huit points. Nous devons nous bouger ».

Le Cavaliere profite en effet de la passivité de ses adversaires à gauche par ailleurs empêtrés dans le scandale de la Banque du Monte Paschi di Siena et de l'image de père la Rigueur du professore Monti dont l'entrée en campagne a été ratée. Au lieu de cultiver son image de technicien au dessus des partis, ce dernier s'est plié au jeu de la politique politicienne n'hésitant pas à revenir sur certaines de ses réformes. Pour l'heure, l'écart entre le Pd et ses alliés d'un côté et la coalition de Silvio Berlusconi de l'autre demeure toutefois importante. Entre 4 et 8 points. Une victoire finale de l'ancien président du Conseil demeure ainsi peu probable.
Mais il pourrait néanmoins, en raison de la loi électorale, empêcher la gauche de l'emporter au Sénat. Le pays serait alors difficilement gouvernable et Berlusconi de nouveau installé dans le jeu politique italien.