Une région espagnole investit dans ses "auto-entrepreneurs" pour sortir de la crise

Par Grégory Noir, à Madrid  |   |  515  mots
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L'Estrémadure, région pauvre du sud-ouest de l'Espagne, a annoncé un plan d'aide de 75 millions d'euros sur 3 ans pour en faveur de ses travailleurs indépendants, qui représentent un travailleur sur cinq dans la province. Le gouvernement local veut endiguer la montée du chômage et soutenir son tissu entrepreneurial composé à 99 % de micro-entreprises ou de PME.

Depuis 2007 et l'éclatement de la bulle immobilière, les bonnes nouvelles sont rares sur le front de l'emploi espagnol. Ainsi que les initiatives des collectivités locales régulièrement étouffées par les coupes budgétaires. Autant dire que, pour les travailleurs indépendants d'Estrémadure, région du sud-ouest du pays, le plan de soutien élaboré par le gouvernement local a été accueilli comme une bouffée d'oxygène. « Historique, unique et pionnier. » C'est en ces termes que le président de l'exécutif de cette région autonome, José Antonio Monago, s'est targué de cet éventail de mesures destinées à aider les « autonomos », autrement dit les indépendants, qui représentent aujourd'hui un travailleur sur cinq dans cette région. Un territoire dont le tissu entrepreneurial, centré sur les services et le tourisme (notamment rural), est constitué à 99% de micro-entreprises ou de PME.

Conscient de l'enjeu pour l'économie locale et malgré le contexte d'austérité, le gouvernement régional va donc consacrer 25 millions d'euros par an, lors des trois prochains exercices, à soutenir un secteur fragilisé par la crise et l'assèchement du crédit. Les travailleurs indépendants seront ainsi dispensés de payer leurs cotisations à la Sécurité sociale pendant deux ans. En outre, toute une batterie d'aides directes a été imaginée pour aider au lancement d'une activité, avec des coups de pouce pouvant aller jusqu'à 7.500 euros.

Aucune autre région ne s'est impliquée autant

Des systèmes de prêts sont également prévus pour aider les entrepreneurs en difficulté, dans la limite de 30.000 euros. « En Estrémadure, plus de 20% des entreprises créées en 2010 n'ont pas survécu à leur première année d'existence », a rappelé José Antonio Monago. Un phénomène qui concerne toute l'Espagne : en raison de la crise, le nombre de travailleurs indépendants a chuté ces dernières années. Rien qu'en 2012, le pays a perdu 47000 professionnels.

Dans ce contexte, les associations professionnelles régionales ne cachent pas leur satisfaction, à l'image de Raquel de Prado, présidente de l'antenne locale de l'Association des travailleurs indépendants (ATA), qui note : « Ce que nous avons signé avec la Région est un plan innovant. Ces mesures vont nous permettre d'accéder aux financements. Surtout, il correspond aux besoins de notre profession et répond à nos revendications historiques. »

Même tonalité chez Daniel Nieto, président de la Confédération espagnole des travailleurs indépendants (CEAT), qui juge qu'« il n'y a aucune autre région qui se soit engagée avec des objectifs aussi ambitieux ».La profession attend désormais un vaste plan national, promis par le gouvernement, mais qui tarde à venir.

Pour Lorenzo Amor, le président national d'ATA, il n'y a pourtant pas à hésiter : « L'Espagne sortira de la crise le jour où les travailleurs indépendants commenceront à prospérer de manière continue, car c'est un secteur clé pour la création d'emplois et de richesse. Nous devons être conscients que, si l'année 2013 est une bonne année pour les travailleurs indépendants, l'Espagne ira mieux elle aussi. »