Italie : l'étau économique, social et politique se resserre

Dégradé par S&P, le pays n'a plus de dynamique économique et est pris dans des contradictions difficiles à régler. D'autant que la situation politique se complique...
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Imaginez un pays digne de faire rêver les économistes. Avec un excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) positif, des comptes courants en excédent de 1 % du PIB, des besoins de financement de l?Etat pour 2013 remplis aux deux tiers? Et pourtant, ce pays de rêve pourrait de nouveau donner des migraines à l?Europe. Ce pays, c?est l?Italie qui, mardi soir, a été dégradée d?un rang par l?agence Standard & Poor?s de BBB+ à BBB, avec une perspective négative. Désormais, la Péninsule n?est plus qu?à deux crans de la catégorie spéculative.

La croissance à l?arrêt

Car l?Italie souffre de sa croissance. L?an passé, le PIB italien a reculé de 2,4 % et la croissance de cette année ne cesse d?être révisée à la baisse. En mai, la Commission européenne prévoyait une nouvelle contraction de 1,3 % de l?économie péninsulaire, S&P table sur une baisse de 1,9 %, la recherche de Barclays dans ses plus récentes recherches sur un recul de 1,7 %. Au premier trimestre, le PIB italien a reculé pour la septième fois consécutive de 0,6 %, bien plus que ce qu?attendaient les économistes.

Le poids de la dette

Avec une richesse qui se réduit, les « bonnes » performances italiennes en termes de déficits ne suffisent pas à réduire le rapport de la dette publique sur le PIB. Ce dernier pourrait être à 129 % à la fin de l?année, selon S&P, 133 % selon Barclays. Du coup, le poids de la dette est plus lourd dans les comptes publics et le déficit primaire nécessaire pour la consolidation doit être encore plus fort. Dans sa note, S&P indique qu?avec une croissance zéro, l?Italie doit dégager un excédent primaire de 5 % du PIB pour commencer à réduire le ratio d?endettement public. Autrement dit, il faudra encore beaucoup de rigueur pour réduire la dette. L?ennui, c?est que cette politique d?austérité complique la tâche en pesant sur l?activité. Autrement dit, l?Etat italien est dans une impasse.

Quelle politique adopter ?

Pourtant, l?Italie a beaucoup fait, mais les réformes du gouvernement Monti n?ont cependant pas permis de dynamiser l?économie et d?améliorer la compétitivité du pays. L?investissement s?est effondré : son recul s?élève à 1,7 % par trimestre en moyenne depuis un an et demi et il s?est encore accéléré au premier trimestre 2013 à 3,3 %. Ceci a pesé sur le tissu économique du pays : en deux ans, la production industrielle a reculé de 10 %. Et comme l?ajustement s?est d?abord fait par l?emploi, le chômage a bondi de 10 % au premier trimestre 2012 à 11,9 % sur les trois premiers mois de 2013. Il est attendu par Barclays à 13,3 % l?an prochain (la Commission européenne table sur « seulement » 12,2 %). Une hausse du chômage qui contribue à réduire la confiance et pèse sur les dépenses des ménages et les investissements. Sans pour autant dynamiser réellement les exportations. Beaucoup réclament un approfondissement des réformes, mais le risque serait d?alimenter ce cercle vicieux pour un intérêt limité. Quant à la stratégie de l?actuel gouvernement Letta, qui entend repousser la hausse de la TVA et supprimer l?impôt foncier, l?IMU, il risque de réduire le rythme de la consolidation et donc, là aussi, d?affaiblir la situation du pays. Bref, là aussi il est bien difficile de desserrer l?étau.

L?accès restreint au crédit

D?autant que ? et c?est le principal problème actuel le plus important de l?économie italienne : il y a une restriction stricte du crédit aux entreprises. Le secteur bancaire craint les mauvaises créances et restreint sa distribution de crédit dans un environnement récessif. D?autant que, comme le note S&P, « le taux de créances douteuses est traditionnellement élevé en Italie. » A l?approche des futurs stress tests du début de l?année 2014 impose une nouvelle pression sur les bilans des banques italiennes qui s?affirment donc prudentes. Et comme la BCE ne veut pas agir de façon agressive sur le sujet, le problème va demeurer. L?ennui, c?est qu?il est impossible aux entreprises qui le voudraient d?investir dans ces conditions. Là encore, le blocage est des plus sérieux.

Le risque politique

Reste enfin le risque politique. La coalition du président du conseil Enrico Letta est très fragile. La perspective de voir aller Silvio Berlusconi en prison ferait inévitablement sortir de l?alliance le centre-droit qui, en tête des sondages pourrait être tenté de jouer la politique du pire. Dans ce cas, on irait vers de nouvelles élections, ce qui n?est jamais bon pour la position du pays sur les marchés, surtout dans la perspective d?un retour du camp berlusconien aux affaires. Par ailleurs, la situation sociale demeure tendue. En perte de vitesse dans les sondages (mais encore à 18 % des intentions de vote environ), Beppe Grillo a mis en garde mercredi dans une conférence de presse contre la situation dans le pays, sans doute en forcissant le trait : « la nation est une cocotte minute qui est en train d?exploser, le pays est en ruine. »


 

Commentaires 49
à écrit le 29/07/2013 à 10:30
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L'Italie, comme une bonne partie de l'Europe, et le Japon, ne peuvent structurellement pas généré de croissance. Leur population vieillit et diminue. Moins de bras, moins de force pour produire. L'aspect démographique est trop souvent négligé par les...

à écrit le 11/07/2013 à 23:14
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Alors on a moins d?industrie que les autres, c est un scoop pour un pays qui se disait industriel ! Mais on a le double de fonction publique ! Seulement le gouvernement mène une politique anti-fonctionnaire en supprimant des postes et en réformant le...

à écrit le 11/07/2013 à 15:18
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italie et france sont 2 pays proches dans leurs maux structurels : classe politique sclérosée, ringarde et usée jusqu a la corde, gerontocratie a tous niveaux,corporatismes antiques,..

le 11/07/2013 à 17:18
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@locke: pour le moment la France bat l'Italie 6-1 (scandales) voir: 4 sarko,Tapie,Cahuzac, l'Italie s'oppose avec l'éternel Berlusconi.Point mafia:match nul : Marseille-Corse contre Sicile et Calabre. A chacun sa croix!!!!

à écrit le 11/07/2013 à 12:30
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Je ne comprends pas pourquoi on calcule la dette de l'état par rapport au PIB et non pas par rapport aux recettes de l'état.

le 11/07/2013 à 15:06
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Le déficit budgétaire (annuel) est le solde des dépenses et des recettes de l'état (hors remboursement d'emprunt, c'est important!) La dette est un cumul de déficit sur des années et elle constitué du flux du service de la dette et de ses charges. Le...

à écrit le 11/07/2013 à 12:08
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Bof, c'est la boucle récurrente des pays européens qui ne s'en sortent pas pour cause de gouvernance européenne déficiente (Grèce, Irlande, Italie, Portugal, Espagne, Chypre...). Ah si, la boucle change de taille parfois afin de susciter encore quelq...

à écrit le 11/07/2013 à 12:00
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C'est tout de même étonnant car en traversant la Lombardie, l'Emilie-Romagne et la Vénétie on ne soit que des entreprises modernes en bordure de l'Autostrada. Il y a beaucoup de produits fabriqués en Italie dans les magasins contrairement à la France...

le 11/07/2013 à 15:27
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Je suis tout a fait d'accord. L'italie du Nord l'une des régions les plus prospères d'Europe - au même niveau que la baviére - qui peut s'appuyer sur un réseau extrêmement dense de PME industrielles innovantes et exportatrices ( ily a 2 fois plus d'...

à écrit le 11/07/2013 à 11:57
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En zone euro le chômage est à un record historique. Il faut soutenir le travail ! si le PIB recule, c est une aberration !

à écrit le 11/07/2013 à 10:50
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l'italie paie son incurie fiscale notoire et l'addition des cadeaux berlusconien , le precedent gouvernement avait au moins le mérite de s'y attaquer , mais trop fort sans doute et le peuple italien l'a rejeté car il a été imposé par bruxelles , une ...

le 11/07/2013 à 11:52
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Situation identique en France; La France va devoir payer pour l'incroyable explosion de la dette sous le régime "populaire" du précédent président et l'actuel régime (réactio-populaire) ne veut pas payer l'addition qu'il doit payer: grotesque! Aujou...

le 11/07/2013 à 12:06
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Une dévaluation est indispensable à l'Italie comme à la France pour avoir une monnaie qui corresponde à la compétitivité de nos économies. Une monnaie doit correspondre à la compétitivité d?un pays. Une même monnaie pour 17 économies différentes, c?e...

à écrit le 11/07/2013 à 10:50
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l'italie paie son incurie fiscale notoire et l'addition des cadeaux berlusconien , le precedent gouvernement avait au moins le mérite de s'y attaquer , mais trop fort sans doute et le peuple italien l'a rejeté car il a été imposé par bruxelles , une ...

le 11/07/2013 à 16:54
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@balzac je vous vois venir petit canaillou vous allez nous refaire le coup de la Gréce avec l'Italie, l'économie italienne était pourrie,et bien oui vous avez raison,ils ont tous magouillés leur comptes nationaux pour être dans les clous de Bruxelles...

à écrit le 11/07/2013 à 9:47
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En réalité, l'Ialie (hors mezzogiorno) a une industrie, il y a des véritables entrepreneurs avec un sens du commerce, ce pays a un "business model" et celui-là assure une prospérité extraordinaire digne de l'Europe du Nord à ses populations qui n'exi...

le 11/07/2013 à 10:25
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Précision: Si je l'ai bien compris, un faible excédent primaire ne garanti pas dans tous les cas le recul de la dette de l'état. La bonne nouvelle : un excédent (non-primaire) du budget réduit -toujours- la dette. Mais dès que la dette a dérapé, il ...

le 11/07/2013 à 10:36
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@ déni de réalité: vision très lucide de l'Italie.Moi je voudrai rajouter que : si on coupera le Pays en deux,l'Italie sera avec l'Allemagne le Pays le plus riche d'Europe. L'Italie du sud : 80 % des fonctionnaires à sucer le sang du nord.....

à écrit le 11/07/2013 à 9:46
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Allez jeter un oeil sur les analyses d'Asselineau sur son site (www.upr.fr) et vous comprendrez un peu mieux les tenants et les aboutissants de cette arnaque que constitue l'UE et l'euro. C'est instructif.

le 11/07/2013 à 10:27
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@ Demos merci

le 11/07/2013 à 10:31
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@Demos: c'est qui Asselineau un nouveau prophète à temps perdu et ou le nouveau Einstein de notre Pays? Proposez lui pour le prochain Nobel.....

le 11/07/2013 à 11:05
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"c'est qui Asselineau" Je vous ai communiqué un lien. Si cela vous intéresse, vous jetez un oeil sinon vous pouvez continuer à troller les forums avec vos posts pertinents.

le 11/07/2013 à 15:01
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@Demos 2 à Demos: pas d'envie de perdre mon temps derrière des faiseurs " nouvelle écono mie " ou moi,j'ai la solution,lisez moi!!!J'ai d'autres sources,merçi.

le 11/07/2013 à 16:26
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vous devriez pourtant regarder asselineau, ça ne vous ferait pas de mal.

à écrit le 11/07/2013 à 8:54
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L'indsutrie italienne va bien mieux que l'industrie française ... et donc le prochain article devrait être : "France : l'étau économique, social et politique se resserre DUREMENT"

le 11/07/2013 à 9:27
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Je suis bien d'accord avec vous.... et il suffit d'attendre!

à écrit le 11/07/2013 à 8:00
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Aucun es pays de lUE ne va bien ! tandis que l'Allemagne, va "bien parait il"....il paraitrait.....et si on allait faire un tour dans ses banques? enfumage aussi pour les Allemands!! L'italie, l'Espagne, la France , la Grèceetc, etc......N'est ce pas...

à écrit le 11/07/2013 à 0:01
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Faudra-t-il rembourser la dette et décréter la faillite ? Quelles conséquences pour les salaires du public ?

le 11/07/2013 à 7:41
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En cas de défaut de l'Etat, les fonctionnaires ne reçoivent plus de traitement. Bref, la cata....

à écrit le 10/07/2013 à 23:52
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La dette ça enrichit un pays ? Trop de dette nous à la question de la soutenabilité. Ils sont tombés dans un trou ! En France on a un gros souci de pouvoir d achat : 18% de chômage et toujours le déficit mais qui n alimente pas de croissance. On anno...

à écrit le 10/07/2013 à 22:03
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Prodi ,Sarkozy, hollande ,zapatero, rajoy chaque pays a ses traitres.

le 11/07/2013 à 12:05
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Commentaires et insultes inutiles.... Quelle est la définition du traitre?

à écrit le 10/07/2013 à 21:15
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Mes baskets ont ete fabriques en Italie !

à écrit le 10/07/2013 à 20:43
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Dans un système où règne la loi du plus fort, c'est le cas dans l'UE, il est évident que les plus forts bouffent les petits. Il faut donc demander à M Prodi s'il était ivre ou drogué quand il a accepté les règles dictées par l'axe franco-allemand.

le 11/07/2013 à 10:29
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IL est à leurs bottes, comme tous, d'ailleurs !

à écrit le 10/07/2013 à 19:32
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La solution est évidente: liquider 30% des fonctionnaires dans toutes les administrations des Etats européens. Mais comme la politique est entre les mains des fonctionnaires, il faudra une révolution de la rue pour arriver a rendre les administr...

à écrit le 10/07/2013 à 19:23
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Bof, ce n'est rien, c'est juste le neuvième pays le plus riche au monde... Une paille pour nos zintelligences zeuropéennes ...

le 10/07/2013 à 19:43
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De toute façon, les uns après les autres les pays "tombent", elle est chouette l'EU !

à écrit le 10/07/2013 à 18:28
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Je ne comprends pas comment la France qui ne fait aucune réforme et qui n' a aucune croissance depuis 3 ans peut avoir une meilleure note que l' Italie.

le 10/07/2013 à 18:48
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Comnent ça, pas de croissance ces 3 dernières années ? 2010: 1.7%, 2011: 2.0%, 2012 : 0.0%

le 10/07/2013 à 18:56
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C'est juste une question de temps...

le 10/07/2013 à 19:22
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on doit être pistonnés,nous,grâce au petit"rond"....

le 10/07/2013 à 19:48
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Les italiens sont riches ,enfin 20 pour cent ,mais le pays est en ruine ,aucun investissement ,la dette sert juste à payer les salaires et dépenses courantes ,c est cela que les agences sanctionnent ,de plus la démographie est catastrophique donc il ...

le 10/07/2013 à 20:16
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C'est justement parce qu'elle n'a fait aucune des réformes prônées par la troïka que la France s'en sort mieux que les pays qui ont fait "quelque chose" . On a été d'abord protégé par l'inculture économique de Lagarde et de Sarko qui ont mis 3 ans à ...

le 11/07/2013 à 6:58
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Oui mais à@@ppa pendant ce temps là la dette française continue de progresser ! Et quand les marchés vont augmenter leur taux que fera t on ?

le 11/07/2013 à 7:46
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@@ ppa : vous vous foutez vraiment de la gueule du monde. Hollande est celui qui a le plus augmenté les impôts. Mais les lois de finances n'ayant un impact qu'un an après, vous vous en rendrez vite compte quand vous recevrez vos avis d'imposition l...

le 11/07/2013 à 12:39
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Oui, elle continue, et ça fait 30 ans. Il eut été bien naïf de penser qu'au beau milieu de la crise elle allait baisser moins d'un an après un changement de gouvernement. Les taux? Ce qui compte ce sont les taux contractés lors de l'emprunt et jusqu'...

le 11/07/2013 à 13:18
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@ Sonette : vous avez bien raison de rester naïf.

le 11/07/2013 à 15:23
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"Pourquoi des gens seraient t'ils assez fous pour prêter de l'argent à des taux négatifs à un pays que vous jugez, vous, moribond?" Très simple : le gouvernement actuel leur explique que la France n'est pas si endetté que cela, car on n'a aucun cont...

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