L'Europe du populisme (2/3) : les pays du "Nord" ne sont pas épargnés

Les élections européennes de 2014 seront sans doute marquées par un rejet des partis traditionnels. Deuxième volet de notre tour d'un Vieux continent gagné par les formations extrêmistes: la situation dans les pays du "nord" qui connaissent des fortunes diverses.
L'AfD, parti anti-euro allemand, a failli entrer au Bundestag aux dernière s élections

L'Europe fait-elle face à la montée des « populismes » ? Délicat de répondre brutalement à une telle question, tant le terme de « populisme » lui-même est sujet à débats. Si l'on prend comme critère de ce mouvement la remise en cause des élites et des partis traditionnellement dominants, sans préjuger par ailleurs des solutions proposées, on doit reconnaître qu'il existe un véritable mouvement de fond sur le Vieux Continent. Un mouvement qui, souvent, s'appuie sur le rejet de l'euro, conçu comme un instrument imposé par l'establishment. Mais on doit aussi constater que la nature et les causes de ces « populismes » sont aussi diverses que l'Europe elle-même.

Pays-Bas : un basculement politique

Les Pays-Bas connaissent une poussée du populisme depuis un peu plus d'une dizaine d'années. A droite, le Parti pour la Liberté (PVV) de Geert Wilders s'appuie sur un rejet de l'islam et de l'immigration. Mais ce rejet est teinté d'une défense du modèle néerlandais. C'est parce que l'islam radical et l'immigration remet en cause le modèle de tolérance et de welfare state qu'ils sont rejetés. A gauche, la remise en cause de ce même Etat providence a provoqué un durcissement de la position de certains qui ont quitté le vote travailliste (social-démocrate) pour rejoindre le Parti socialiste (SP).

Le SP comme le PVV portent, pour des raisons différentes (le refus de payer pour les « pays pauvres » d'un côté, le refus de l'austérité de l'autre), un discours très critique de l'euro. La crise économique qui frappe le pays depuis l'an passé et les mesures d'austérité du gouvernement de coalition entre Libéraux et Travaillistes de Mark Rutte ont conduit à une accélération du rejet des partis traditionnels.

Déjà, les Chrétiens-démocrates, jadis force essentielle du paysage politique néerlandais, ont fortement reculé de 28,5 % à 8,5 % entre 2003 et 2012. Et le même sort menace les deux partis actuels du gouvernement. Dans les sondages actuels, le PVV obtiendrait 33 sièges contre 15 en 2012 à la Deuxième Chambre, tandis que le SP serait à 25 sièges contre 15. Ensemble, ils obtiendraient dix sièges de plus que les trois partis « traditionnels » réunis.

Allemagne : un euroscepticisme policé

Pays prospère au cœur d'une zone euro en crise, marqué par son passé, l'Allemagne ne connaît guère de poussée « populiste. » La dernière élection a même renforcé les partis traditionnels CDU et SPD qui, ensemble, ont progressé de 11 points. Les néo-communistes de Die Linke, seul parti d'opposition au système libéral allemand, a reculé de près de trois points.

Néanmoins, la crise de l'euro a également marqué les esprits outre-Rhin. Le « sauvetage » de l'euro par la BCE et les aides européennes a développé un rejet de la monnaie unique. Loin d'être majoritaire, ce sentiment s'appuie sur un mélange de sentiment d'injustice, de dépenses inutiles et de danger inflationniste par de la création monétaire. Le parti Alternative für Deutschland (AfD) a su fédérer ce sentiment.

Mêlant à la fois une élite très attachée aux cadre du libéralisme allemand hérité de Ludwig Erhard et une base populaire qui a le sentiment que l'argent donné à la Grèce ôte des moyens de lutter contre les inégalités, AfD a ratissé large dans les bastions libéraux comme dans l'ex-RDA. Il a été très proche d'entrer au Bundestag avec 4,7 % des voix et est désormais une force politique avec laquelle il va falloir compter.

Autriche : le populisme, déjà une vieille histoire

L'Autriche est travaillée par le populisme de droite depuis le milieu des années 1990. Malgré une économie prospère, la république alpine a du mal à intégrer ses immigrés. Après un recul au milieu des années 2000 suite à sa participation au gouvernement, le FPÖ a repris son envol et a obtenu 21,4 % le 29 septembre lors des législatives, soit 4 points de plus qu'en 2008. La crise de la zone euro et la longue période de « grande coalition » ont encore renforcé ses positions. Mais un mouvement inverse se fait jour : pour la première fois, un parti libéral pro-européen, Neos, a obtenu des députés.

Finlande : l'anti-européanisme gagne du terrain

Longtemps épargnée par le populisme, la république nordique a connu en 2010 une forte poussée des « Vrais Finlandais », menés par Timo Soini. Se présentant comme un parti « anti-establishment » fortement opposé à la solidarité au sein de la zone euro, il a raflé 19,1 % des voix, devenant le troisième parti du pays. Son discours a influencé le reste de la politique finlandaise, notamment le parti du centre, qui a durci son discours anti-européen, au point que l'actuel premier ministre Jyrki Katainen a dû constituer une très grande coalition allant des ex-Communistes aux conservateurs. En 2012, le parti a cependant subi quelques défaites électorales, ne gagnant ainsi que 12 % aux municipales et 9,4 % aux présidentielles.

 

Commentaires 26
à écrit le 23/10/2013 à 12:18
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les "élites politique" réclamaient la parité homme / femme dans les instances représentatives du gouvernement, mais ils se sont bien gardé de parler de la représentativité au gouvernement de l'ensemble de la population, si bien Qu"aujourd'hui, l'asse...

à écrit le 23/10/2013 à 9:38
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Qui parle de "populisme", si ce n'est ceux qui ne se sente pas visé? Moi je parlerai du "cosmopolitisme" de ces gens là, parce que je ne suis pas dans le viseur!

à écrit le 23/10/2013 à 9:31
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Lorsque l'on constate, que l'on voit et que l'on entend les représentants politiques de l'UMPS actuellement, le niveau intellectuel vole assez bas, je dirais même que c'est plutôt niveau caniveau. contre toute attente du peuple, donner ce triste spe...

à écrit le 23/10/2013 à 9:18
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Effectivement l'Allemagne ne connaît pas de poussée populiste. Et l'AfD est un parti "élitaire", intellectuel qui prend des positions (très tranchées) de nature "ordo-libérale" un courant de pensée d'ailleurs fondamental (et bien plus large que l'int...

à écrit le 23/10/2013 à 9:18
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Si s'occuper et être près du peuple c'est être populiste, alors, oui au populisme!.

à écrit le 23/10/2013 à 6:54
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L'article désigne les politiques comme des élites, première erreur car les personnages de cette caste n'ont ni la qualité morale ni la compétence pour pouvoir être désignés sous ce mot. Le mot élite pour un politique est une offense à ceux qui ?uvre ...

le 23/10/2013 à 8:45
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Quand on pense qu'il y a des mises en examen pour "escroquerie en bande organisée" au plus haut sommet de l'Etat.. Ca laisse rêveur ou pantois !

le 23/10/2013 à 9:17
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L'organisation politique actuelle en France est un copié collé de la Nomenklatura soviètique aux plus belles années du bolchevisme. Mais appliqué dans une démocratie, ce système porte en lui les "ingrédients" et les gènes destructeurs de leur propre ...

à écrit le 22/10/2013 à 21:55
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les droites nationales montent partout en Europe compte tenu que les électeurs ne veulent plus de la pétaudière de Bruxelles avec des fonctionnaires aux salaires de pdg,. Aujourd'hui Europe=mondialisation=immigration=chomage= insecurité=desindustrial...

à écrit le 22/10/2013 à 19:55
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c'est que le début...Dans 2 ans , dans 10 ans , dans 100 ans...on reviendra.

à écrit le 22/10/2013 à 19:44
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Quand les tunisiens résidant en France ont voté en majorité pour le parti islamiste tunisien lors des dernières élections présidentielles tunisiennes, pourquoi aucun journaliste n'a alors eu le courage de parler de "populisme" ? Ah les chers journali...

à écrit le 22/10/2013 à 19:37
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Le reste c'est du pipo.

à écrit le 22/10/2013 à 19:36
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la nomenklatura analphabète et stupide qui s'est autoproclamée POUVOIR et qui nous a mené à la catastrophe.

à écrit le 22/10/2013 à 19:00
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Extraits du discours prononcé par Alexandre Soljénitsyne, prix Nobel de littérature (1970) à Harvard le 8 juin 1978. Il condamne alors les deux systèmes économiques - le communisme et le capitalisme. Il dénonce surtout la chute spirituelle de la civi...

le 22/10/2013 à 20:21
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@Quatrième-pouvoir Parfaitement résumé et remis au goût du jour!.

à écrit le 22/10/2013 à 18:55
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enlevez moi un doute!, est-ce que les gouvernants, (quelque soit leur étiquette politique) depuis 40 ans se préoccupe vraiment du peuple?.

à écrit le 22/10/2013 à 18:52
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Lorsque l'on voit où nous ont mené les castes d'élites autoproclamées, la seule solution pour remédier à cette catastrophe est de redonner le pouvoir au peuple par voie de référendum, alors oui!, vive le populisme!.

à écrit le 22/10/2013 à 18:51
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Bonjour les amigos.

à écrit le 22/10/2013 à 18:39
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Dans le mot populisme il y a peuple. Et, dans une démocratie, le peuple n'est-il pas souverain ? Dès lors, vive le populisme !

le 23/10/2013 à 5:21
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Peuple souverain à qui on demande son avis par référendum sur le Traité de Lisbonne et dont on connait la suite... Ceux qui nous gouvernent se fichent du peuple comme d'une guigne ! C'est ça la démocratie revue et corrigée par quelques uns : une dic...

à écrit le 22/10/2013 à 18:36
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Et la disqualification de la fausse élite qui nous a mis dans la merde. Pas de pitié.

à écrit le 22/10/2013 à 18:23
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Le populisme ou l'effondrement des dictatures "modérées". Faites votre choix!

à écrit le 22/10/2013 à 18:16
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A qui la faute ? Comment voulez vous que je puisse encore confiance tant à l'UMP qu'au PS. En, 2OO7 j'ai voté sarko six mois après j'ai regretté mon vote, mais je n'aurais pas voté Ségo. En 2O12 j'ai voté NUL. En 1981 Chirac n'a-t-il pas conseillé ...

à écrit le 22/10/2013 à 18:10
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Accrochez-vous , le Peuple arrive...Viva la Cultura del Pueblo...

à écrit le 22/10/2013 à 18:08
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Amusant d'utiliser une connotation négative pour le terme populiste pour parler d'approches visant à tenir compte de l'avis du peuple ... 2005 personne n'a oublié et donc il faudra bien revenir à la décision originale ...

à écrit le 22/10/2013 à 18:00
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Vivent tous les populismes.

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