Khodorkovski, le tsar des oligarques devenu icône des droits de l'homme en Russie

Le président russe Vladimir Poutine a signé ce vendredi le décret par lequel il accorde sa grâce à l'ancien patron de Loukoïl emprisonné depuis près de 10 ans et qui fut l'homme le plus riche de Russie.
Marina Torre
Mikhaïl Khodorkovsi lors de son procès.

Mikhail Khodorkovski est officiellement libre. Vladimir Poutine a signé sa libération le lendemain de l'annonce de la grâce présidentielle, accordée le 19 décembre à l'ancien patron de Loukos, emprisonné pendant dix ans dans un goulag de Sibérie. "Dix ans, déjà, c'est une lourde punition", a reconnu le président russe, expliquant qu'il avait pris en compte le fait que la mère de Mikhaïl Khodorkovski était malade, avant de réduire la peine purgée par l'ancien oligarque pour "escroquerie", "fraude fiscale" et détournement de pétrole.  

Par le sort que Vladimir Poutine lui a réservé, l'homme est devenu un symbole. En octobre dernier, il a même reçu le prix Lech Walesa qui récompense "ceux qui militent en faveur de l'entente et de la coopération entre les peuples". Retour express sur un parcours digne d'un des meilleurs films d'espionnage. 

L'homme le plus riche de Russie

Mikhaïl Borissovitch Khodorkovski, 50 ans, fils d'ingénieurs moscovites a fait des études en génie chimique et d'économie. En 1995, il démarre dans les affaires avec la banque Menatep puis rachète la même année la société pétrolière Ioukos pour 360 millions de dollars (soit 263 millions d'euros), profitant, comme d'autres oligarques du démantèlement de l'Etat soviétique et des privatisations. 

En pleine crise financière russe à la fin des années 1990, Ioukos accélère le transfert d'une large partie des ses actifs vers des sociétés offshore (??)

Moins de dix ans plus tard, alors qu'il n'a pas encore quarante ans, il est désigné comme l'homme le plus riche de Russie par le magazine Forbes. Sa fortune est évaluée à plus de 15 milliards de dollars. 

L'opposition à Poutine

Mikhaïl Khodorkovski ne cache pas ses visées politiques. Il est même brièvement ministre de l'Energie en 1993 et soutien les campagnes de Boris Eltsine. 

Quand Vladimir Poutine réunit certains des hommes d'affaires les plus puissants du pays pour leur intimer l'ordre de rester à l'écart du pouvoir politique, Khordorkovski se rebiffe. Contrairement à d'autres oligarques, il décide non seulement de rester en Russie, mais finance les partis politiques libéraux et des programmes de soutien à la société civile. Il s'oppose à la taxation du pétrole et défend la construction d'oléoducs privés. Pire: il est apparaît un peu trop proche des Etats-Unis. Il a par exemple envisagé un mariage avec ExxonMobil au tout début des années 2000. 

Une confrontation donne l'occasion d'une scène restée célèbre lors que le milliardaire est sommé de s'expliquer au Kremlin. "Êtes-vous sûr d'être en règle avec le fisc M. Khodorkovski", lui aurait demandé Vladimir Poutine. "Absolument", aurait répondu l'intéressé. Réponse du président russe : "Et bien c'est ce que nous verront". 

Une longue bataille judiciaire

Pour le Kremlin, c'est tout vu. Le 25 octobre 2003, Mikhaïl Khodorkovski est arrêté par des membres des Spetznaz, les forces spéciales russes à l'aéroport de Novossibirsk en Sibérie. Une large partie de son empire pétrolier est placée sous séquestre puis sera rachetée par Rosneft, elle-même reprise par Gazprom. Un temps la défense du milliardaire tente de placer ses intérêt sous la protection de la législation américaine. 

En 2004, il est jugée pour fraude fiscale aux côtés de Platon Lebedev, ancien PDG du groupe Menatep. L'année suivante, ils sont tous deux condamnés à 9 ans de prison, une peine ramenée à 8 ans en appel. L'ancien milliardaire est incarcéré dans la colonie pénitentiaire IaG 14/10 à Krasnokamsk en Sibérie. 

En 2007, Vladimir Poutine revient à la charge. Cette fois Mikhaïl Khodorkovski et son ancien bras droit son accusés de vol d'actions appartenant à l'Etat et de détournement de pétrole. Trois ans plus tard, après un deuxième procès, leur peine est prolongée de six ans puis réduite d'un an en appel, ce qui prolongeait donc leur détention jusqu'en 2016. Cette peine est réduite à 11 ans en 2012. 

Un symbole des Droits de l'homme

Le combat de Khodorkovski devient ensuite celui des droits de l'Homme en Russie. En janvier 2008, il a fait une grève de la faim pour soutenir un de ses proches condamnés dans l'affaire Ioukos, l'avocat Vassili Alexanian, atteint du sida et d'un cancer et incarcéré malgré tout dans une prison russe. Alexanian est décédé en 2011 sans avoir été libéré. 

 Sur le plan international, l'Allemagne a par ailleurs proposé d'intervenir en faveur de Mikhaïl Khodorkovski ce qu'a refusé Dmitri Medvedev, alors président. Toutes les demandes de libération anticipées sont restées lettres mortes. De son côté, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) refuse en 2011 de voir un motif politique dans la condamnation de Khodorkovski mais, deux ans plus tard, elle juge son procès "inéquitable". Quant à Vladimir Poutine, il a proposé d'examiner une demande de grâce émanant de l'ancien homme d'affaires, à condition que ce dernier reconnaisse sa culpabilité. 

"Cet événement a définitivement montré la direction que prenait le régime de Vladimir Poutine"

Le sort réservé au prisonnier a trouvé un écho auprès de l'opposition russe. Ainsi, à l'occasion des 10 ans de son arrestation le journal d'opposition Novaïa Gazeta écrit :"Cet événement a définitivement montré la direction que prenait le régime de Vladimir Poutine (...) 'est précisément depuis l'épisode Khodorkovski que la prison est devenue un moyen universel de résoudre des problèmes insolubles, aussi bien politiques, économiques qu'idéologiques."

Signe que même le Kremin voit en lui un symbole, l'ex-milliardaire a été libéré en même temps que deux membres des Pussy Riots, officiellement remises en liberté avant la fin de leur peine de deux ans de camp en vertu d'une loi d'amnistie.  Elles avaient été emprisonnées pour s'être livrées à une action jugée profanatoire dans une église orthodoxe. 

Marina Torre
Commentaires 5
à écrit le 24/12/2013 à 9:43
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Nationaliser le pétrole en Russie,c'était signé son arrêt de mort.L'Irak l'a payé au prix fort,idem pour la Libye bien qu'il n'y avait pas que cela pour démonter ce pays.

à écrit le 21/12/2013 à 21:11
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Je pensais que l'icône des droits de l'Homme en Russie s'appelait Snowden.

à écrit le 21/12/2013 à 10:17
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Combat des droits de l'homme par ce type :vraiment comique ,cet article est vraiment de l'anti Poutine primaire .

à écrit le 21/12/2013 à 9:40
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Si Poutine n'existait pas, il faudrait l'inventer.

à écrit le 20/12/2013 à 21:43
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Faudrait vraiment songer à passer l'article au peigne fin avant de le publier. Le moins qu'on puisse dire, c qu'il est bourré de fautes d'orthographe !!

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