L'Italie se prépare à une réforme électorale majeure

Le nouveau leader du centre-gauche Matteo Renzi a trouvé un terrain d'entente avec Silvio Berlusconi pour modifier les institutions et renforcer la stabilité du pays.
L'Italie cherche à rassurer les investisseurs en s'assurant un gouvernement stable.

C'est une des clés du programme de réforme du gouvernement Letta. L'Italie se cherche une nouvelle loi électorale pour favoriser des majorités claires. Une réforme qui est certes exigée par les électeurs, mais qui a pour principal but de cimenter la confiance des investisseurs, de les assurer que l'Italie disposera après les prochaines élections d'un gouvernement stable pour au moins cinq ans. Il s'agit d'effacer le souvenir des conséquences du scrutin de fin février 2012 qui avait été suivi par deux mois et demi de discussions et par une crise politique après la condamnation de Silvio Berlusconi.

Matteo Renzi et Silvio Berlusconi planchent sur la réforme électorale

Le nouveau leader du parti de centre-gauche, le Parti démocratique (PD), Matteo Renzi, et Silvio Berlusconi ont planché pendant plusieurs jours sur un projet de loi électorale et d'architecture constitutionnelle. Le ralliement de l'ancien président du conseil, qui est encore suivi au sein de son nouveau parti Forza Italia, par une majorité de députés du centre-droit, était nécessaire pour l'adoption des modifications constitutionnelles. Samedi soir, après une rencontre de deux heures au siège du PD, les deux dirigeants ont annoncé un accord de principe sur la loi électorale.

Le Sénat perd son importance politique

Premier élément : le Sénat, qui, jusqu'ici était issu d'un vote majoritaire par région, sera profondément modifié. Il deviendrait une « Chambre des autonomies », représentant les régions, mais n'accordant pas la confiance au gouvernement comme aujourd'hui. Les Sénateurs, qui ne seraient plus indemnisés, perdraient donc leur capacité de nuisance. Il s'agit d'une volonté de réduire l'influence des petits partis et de simplifier la tâche du gouvernement qui ne dépendra donc plus désormais que de la majorité à la chambre.

Une prime majoritaire pour la chambre

L'élection de la chambre sera également profondément réformée. Selon la proposition de Matteo Renzi qui circule dans la presse italienne, les partis seraient autorisés, comme aujourd'hui, à s'allier en coalition. Le seuil nécessaire pour entrer à la chambre serait de 5 % pour les partis membres des coalitions et de 8 % pour les partis se présentant seuls. Une prime majoritaire d'au moins 15 % des voix (mais qui pourrait être revue à la hausse) sera accordé à la coalition arrivant en tête et obtenant plus de 35 % des suffrages exprimés. Si ce seuil n'est pas atteint, il y aura un second tour entre les deux coalitions en tête pour obtenir cette prime majoritaire. Cette prime devrait être « graduée » afin de permettre d'assurer au vainqueur du ballotage pourrait disposer de 53 à 55 % des sièges.

Mécontentement des petits partis

A priori, cette loi complexe est plus démocratique que la précédente qui donnait la majorité à la coalition arrivée en tête, quel que soit son score. Mais il a beaucoup d'aspects qui déplaisent aux petits partis, notamment l'introduction d'un seuil d'entrée à la chambre et le fait que le ballotage ne concerne que les coalitions sans préférences pour les partis qui en sont membres. C'est donc la coalition gagnante du « ballotage » qui nommera les députés de son choix pour représenter la prime majoritaire. Le ministre des Affaires étrangères, Angelino Alfano, leader du « Nouveau Centre-Droit » (NCD), parti dissident du Berlusconisme, ainsi que les leaders du parti de Mario Monti, Scelta Civica, sont furieux. Tout comme le leader du « mouvement 5 Etoiles » Beppe Grillo. Matteo Renzi va cependant tenter de trouver un accord avec Angelino Alfano.

Disparition d'Enrico Letta

Au final, cet accord devrait, en levant l'hypothèque du Sénat et en conservant une prime majoritaire pour les grands partis, satisfaire les marchés et l'Union européenne (UE). Surtout, ces négociations scellent la disparition flagrante du président du conseil Enrico Letta, entièrement passif dans ce processus et qui se contente d'attendre la fin des négociations menés par Matteo Renzi. Ce dernier devrait ainsi s'imposer comme leader du PD pour les prochaines élections, ce qui n'est pas sans déplaire à des investisseurs qui apprécient son côté « Kennedy italien » et « réaliste. »

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