Les prévisions de la Commission européenne sont-elles fiables ?

Très attendues, les prévisions de Bruxelles sont très commentées. Mais pour savoir si elles sont justes, il faut se pencher sur leur historique...
En 2012, la Commission avait surévalué la croissance de l'année de 0,4 point pour la zone euro.

Les prévisions semestrielles de la Commission européenne sont toujours fort attendues. Elles sont souvent l'occasion d'alarmes ou de satisfactions, tant à Bruxelles que dans les différents pays de l'UE. Ce sera encore sans doute le cas ce mardi. Mais a-t-on raison de faire confiance à ses prévisions ? Sont-elles justes ?

Comparer les estimations de 2012 à la réalité

Pour le savoir, La Tribune s'est penchée sur les prévisions de début 2012 de la Commission et sur le résultat effectif rapporté par Eurostat concernant deux critères des plus observés : la croissance annuelle du PIB et les déficits publics rapportés au PIB. Pour pouvoir juger de ce qui est le plus aisé à estimer, seules les prévisions pour l'année en cours (2012) ont été comparées avec la réalité. Si 2012 a été choisi, c'est parce que les statistiques annuels définitifs sont connus et disponibles.

Erreur de 0,4 point sur la croissance

Sur les chiffres globaux, la Commission s'est naturellement trompée : la croissance de l'UE et la zone euro ont été surestimées de 0,4 point de pourcentage. Pour la zone euro, par exemple, la Commission avait prévu une contraction du PIB de 0.3 %, elle a été 0,7 % effectivement. Pour l'UE, la croissance nulle prévue s'est révélée en réalité, être une contraction de 0,4 %. L'écart n'est donc pas négligeable. En moyenne, pour les 27 pays de l'UE, l'erreur de la Commission atteint 0,3 point de pourcentage.

Deux prévisions justes, deux largement erronées

Dans le détail des prévisions par pays, on constate que la Commission a visé juste dans deux cas pour les prévisions de croissance : celui de l'Allemagne (0,7 %) et de la Slovaquie (1,8 %). Pour trois pays, la Belgique, l'Autriche et le Portugal, l'erreur est minime (0,1 point de pourcentage). Mais elle s'est lourdement trompée dans deux cas. La croissance a été sous-estimée dans le cas de l'Estonie de 2,3 points (1,6 % attendu contre 3,9 % effectivement réalisée) et dans celui de la Lettonie de trois points (2,2 % attendu contre 5,2 % réalisé). De façon globale, la Commission a manqué la cible de moins d'un demi-point de pourcentage pour 12 des 27 pays de l'UE, soit dans 44 % des cas.

Déficits : un écart de 0,5 point sur la zone euro

Concernant les projections de déficit, les résultats sont comparables, mais un peu moins justes. De façon globale, le déficit public cumulé de la zone euro a été sous-estimé en 2012 par la Commission de 0,5 point de pourcentage (3,7 % du Pib contre 3,2 % prévu). Pour l'UE, la surestimation est de 0,3 point. En moyenne, l'erreur pour les 27 pays atteint aussi 0,3 point.

Les bonnes prévisions et les bévues…

Dans le détail, la Commission a également vu juste deux fois : pour le déficit du Danemark et celui de la Lituanie. L'erreur n'a été que 0,1 point (en moins) pour la Suède et l'Irlande. Dans 11 cas sur 27, l'erreur est inférieure à un demi-point de pourcentage. En revanche, on remarque cinq erreurs d'estimation supérieures à 1,5 point (et là aussi il s'agit d'une sous-estimation) : Chypre, Espagne, Estonie, Finlande et Portugal.

Au final, ces prévisions de Bruxelles, sans être réellement non fiables, sont plutôt passables. Ils ne semblent pas davantage dignes de confiance de ceux de la plupart des économistes. ce sont pourtant eux qui sont utilisés pour constituer les recommandations de la Commission dans le cadre des nouveaux mécanismes de contrôle budgétaire.

 _____

Tableau des déficits publics sur le PIB en 2012 (source : Eurostat)

Graph PIB


Tableau des variations du PIB en 2012
(source : Eurostat)

Graph PIB

Commentaires 11
à écrit le 26/02/2014 à 9:34
Signaler
Ce qui est amusant de lire de la part de ce 'journaliste' c'est son ignorance de la mécanique européenne. Il a encore fait long feu. Eurostat s'il avait fait un peu de recherche, ne fait que collecter et compiler, puis établir sur base des DONNEES ...

le 26/02/2014 à 14:46
Signaler
Vous, vous n'avez rien compris : l'article compare les prévisions de la Commission avec les résultats observés par Eurostat.

à écrit le 26/02/2014 à 9:09
Signaler
Les avis suivis ou non de la commission européenne n'ont qu'une importance relative, ce qui compte c'est la vraie réduction des déficits structurels auxquels HOLLANDE n'a pas les moyens de s'attaquer tellement il a brûlé sur 2 ans toutes les munition...

à écrit le 26/02/2014 à 8:49
Signaler
L'exercice est méritoire. la conclusion, me semble-t-il, ne doit pas être de mettre en cause les analyses et prévisions, mais de constater que la commission n'échappe pas aux défauts de nos politiques: ils sont toujours trop optimistes! Les dépenses...

à écrit le 26/02/2014 à 8:39
Signaler
se sont les miennes es vraies les seules les uniques Nous y sommes jusqu'au cou et cela va durer

à écrit le 26/02/2014 à 4:19
Signaler
J'imagine qu'il serait très, très cruel de faire ce même exercice avec les prévisions des gouvernements Français, et de présenter les résultats dans le même article...

à écrit le 25/02/2014 à 20:07
Signaler
Avec la "commission de Bruxelles rien n'est fiable et certainement pas la monnaie d'escroc l'euro

le 25/02/2014 à 22:14
Signaler
Une prévision n'est que le résultat d'un modèle mathématique s'appuyant sur des hypothèses.Dans le domaine économique, impacté par une infinité de paramètres imprévisibles, un résultat juste relèverait du miracle

à écrit le 25/02/2014 à 18:54
Signaler
C'est bien beau de discutailler sur 0,4 pour cent d'évolution du PIB, mais sait-on avec quelle précision est connue un PIB ? Ce n'est pas parce qu'on additionne des millions de chiffres que la somme est exacte : on ne sait que ce qui est déclaré, et ...

le 25/02/2014 à 22:33
Signaler
Le biais est de 0,4% justement sur 1 ans, avec une proba de 80%, du moins si on en croit Jacques Sapir: https://twitter.com/russeurope/status/434749075557056512

à écrit le 25/02/2014 à 18:14
Signaler
Il existe un biais politique dans toutes ces prédictions de bonne aventure instrumentalisant les statistiques à outrance. On observe le même phénomène avec les climatologues qui ont de plus en plus de mal à justifier le coût des rapports portant sur ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.