A partir du 1er janvier 2016, il faudra payer pour rouler sur les routes allemandes. Dans une interview accordée ce jeudi à la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), le ministre fédéral des Transports Alexander Dobrindt a confirmé l'instauration de ce péage qui était une des promesses du parti conservateur bavarois CSU dont fait partie le ministre.
Une vignette pour les étrangers
Particularité de cette vignette : il concernera toutes les routes et, surtout, ne sera payée que par les automobilistes immatriculés à l'étranger. Ce sera donc une forme de « droit d'entrée en Allemagne » pour les étrangers, même ceux venant de l'UE. La logique avancée par la CSU est la suivante : les automobilistes allemands paient déjà un impôt sur les véhicules. Il est normal de faire payer les usagers étrangers en sus. Évidemment, il y a un léger fond populiste à cette proposition dont la CSU est assez coutumière. D'autant que cette mesure ne rapporterait que 200 millions d'euros. Elle serait donc largement symbolique.
Les Sociaux-démocrates de la SPD avaient dénoncé violemment cette proposition durant la campagne électorale, mais finalement il s'agit pour eux du prix à payer pour obtenir plusieurs concessions de la droite dans le cadre de la Grande coalition, notamment le salaire minimum dont la CSU ne voulait pas.
L'obstacle européen
Evidemment, il faudra passer l'obstacle européen. Ce péage réservé aux étrangers pourrait être vu comme une mesure discriminatoire par Bruxelles et une infraction à la libre circulation des personnes au sein de l'UE. Alexander Dobrindt indique discuter avec les pays voisins de l'Allemagne et se cache derrière le fait que ces pays disposent eux-mêmes d'un péage. Mais partout où il existe, le péage est universel et les Pays-Bas et l'Autriche ont déjà annoncé qu'ils porteraient l'affaire devant la commission européenne. Le ministre a promis de présenter son concept précis avant l'été.
Un péage pour les poids lourds alourdi
L'Allemagne dispose déjà d'un système de péage pour les poids lourds qui sera également alourdi, car payé dès 7,5 tonnes et élargi aux routes fédérales, l'équivalent de nos nationales. Cette mesure devrait rapporter 2 milliards d'euros de plus à l'Etat fédéral pour financer des investissements sur les routes. Il est vrai que les infrastructures routières allemandes ont souffert de plusieurs années de sous-investissements. Le patronat allemand lui-même commence à s'en alarmer et il n'est pas sûr que ces 2 milliards d'euros de plus suffisent. Mais le ministre fédéral des Finances, Wolfgang Schäuble veille au grain et entend parvenir à son rêve : l'équilibre du budget fédéral l'an prochain.
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