Londres, capitale mondiale de la recherche médicale ?

Sous l'impulsion de son maire, Boris Johnson, Londres s'allie à Oxford et à Cambridge pour constituer le triangle d'or mondial de la R & D médicale. L'objectif : faciliter la relation entre chercheurs, entrepreneurs et investisseurs pour stimuler « l'ambition lucrative ».
Le maire de Londres, Boris Johnson, a officiellement donné le coup d'envoi de MedCity, le 8 avril dernier./ DR

Après sa TechCity destinée aux start-up des nouvelles technologies, Boris Johnson vient de lancer MedCity ! Son objectif est simple : faire de Londres, et plus largement du triangle Londres-Oxford-Cambridge, la capitale mondiale de la recherche et du développement médical. La nouvelle entité est une joint-venture entre la municipalité de Londres, le centre académique des sciences de la santé d'Imperial College, de King's College Health Partners et UCLPartners, en coopération avec les universités de Cambridge et d'Oxford.

Les trois centres académiques des sciences de la santé londoniens ont été créés entre 2007 et 2009 à la suite de la demande du ministère de la Santé de regrouper des antennes de recherche et des hôpitaux pour « apporter les découvertes scientifiques du laboratoire à la salle d'hôpital, à la salle d'opération et au centre de soins, pour que le patient bénéficie de nouveaux traitements innovants ».

Grâce à un financement de 4,12 millions de livres (dont 1,2 million de la mairie de Londres et le reste de fonds publics destinés aux universités), MedCity visera « à stimuler la coopération entre les chercheurs, les entrepreneurs et les investisseurs », comme l'a expliqué à La Tribune Kit Malthouse, adjoint au maire de Londres et initiateur du projet.

« Elle promouvra ce qui se fait ici afin d'attirer les investissements directs étrangers, et elle servira de lobby auprès de Bruxelles pour influer sur la législation européenne en matière médicale. »

Un vaste programme.

Pour justifier son implication, le maire de Londres pointe du doigt « le manque d'ambition lucrative [...] d'une communauté scientifique qui oublie parfois que l'on peut faire plus de bien pour l'humanité en commercialisant ses trouvailles qu'avec un prix Nobel !

Nous devons réussir à ce que cette prééminence intellectuelle ait un impact positif sur notre économie ».

La région emploie actuellement 705.900 personnes dans le secteur des sciences de la vie. Elle a attiré 35 nouveaux projets d'investissement étrangers au cours des années 2009-2013, représentant 330 millions de livres et 1.300 nouveaux emplois. L'an prochain, l'Institut FrancisCrick, un nouveau centre de recherche biologique et d'innovation ayant coûté 500 millions de livres, ouvrira également ses portes. Il emploiera à terme 1.500 personnes, dont 1.250 scientifiques, et disposera d'un budget opérationnel annuel de 100 millions de livres.

Un guichet unique pour les investisseurs

Les initiateurs de MedCity en attendent pourtant plus, beaucoup plus. Ils veulent « créer de nouvelles entreprises, de nouveaux emplois et produire de nouveaux médicaments pour soigner les patients », ainsi que l'exprime Eliot Forster, son président.

« Peu de gens sont au courant des recherches et des travaux réalisés ici. Avec ce hub médical, les investisseurs venus notamment de New York et de San Francisco n'auront besoin que de venir sonner chez nous pour que nous puissions les rediriger vers les projets qui leur correspondent. Nous servirons de porte d'entrée unique. »

Au premier abord, imaginer une collaboration entre ces centres de recherche paraît assez improbable, tant une rivalité ancestrale les sépare.

« On n'éliminera, en effet, jamais la compétition entre nous, mais nous ne pouvons pas être tous les cinq, numéro un mondial », sourit Patrick Maxwell, le responsable de l'école de médecine clinique de l'université de Cambridge.

« En revanche, en nous associant, nous pouvons tous progresser... »

Les chercheurs voient, en réalité, dans MedCity une possibilité sans précédent pour développer leurs recherches - et surtout les poursuivre.

« Lorsque l'on dirige un laboratoire, on passe 80% de son temps à chercher de l'argent », nous assure Jacques, un chercheur français installé à Londres, qui préfère rester anonyme.

« Au mieux, les universités britanniques paient ton salaire, mais n'attribuent pas de fonds de fonctionnement pour le labo. Tout le monde court donc après les deux créneaux possibles : les bourses accordées par les entreprises caritatives et par le Research Councils UK [qui distribue l'argent public destiné à la recherche, ndlr]. Mais cela n'a rien à voir avec l'ampleur d'un soutien industriel. »

Surtout que, souligne Peng Tee Khaw, chercheur à UCLPartners et chirurgien ophtalmologue à l'hôpital Moorfields, « les chercheurs aiment chercher, pas forcément réaliser un produit, encore moins le vendre et en faire la publicité. Nous avons besoin de ces compétences commerciales et marketing ».

Viser les start-up plutôt que les grands groupes

Les deux hommes applaudissent donc des deux mains les différentes facettes du projet.

« Les universités sont gigantesques et il n'existe pas de plate-forme qui permette de savoir ce qui s'y fait, ni quelles sont leurs compétences », assure le Français.

« Ensuite, accéder aux start-up sera sans doute beaucoup plus utile qu'approcher les multinationales pharmaceutiques, qui ne sont pas du tout à l'écoute des chercheurs : toutes celles que j'ai rencontrées m'ont demandé de quitter mes recherches pour suivre leurs propres projets. Les start-up seront assurément plus intéressées par l'innovation. »

Peng Tee Khaw estime de son côté que « le soutien de la mairie peut encourager les investisseurs de la City à faire le premier pas, car ils ont une moins grande culture du risque qu'aux États-Unis, par exemple. Grâce à cela, mes collègues américains sont soutenus par de nombreuses start-up et peuvent du coup employer beaucoup de monde pour lancer puis poursuivre leurs projets ».

Le succés par l'allience des compétences

Steve Harris, le directeur exécutif de Circassia, l'un des petits joyaux britanniques du secteur, en convient.

« Effectivement, nous n'intervenons pas dans les stades de recherche initiaux, car ils coûtent très cher puisqu'ils nécessitent de rassembler de nombreuses données, et sont bien trop spéculatifs et risqués. Nous n'intervenons qu'aux stades pré-cliniques et cliniques pour développer les produits avant leur entrée sur le marché. »

Cette stratégie s'est révélée être un succès pour cette entreprise spécialisée dans le développement de produits contre les allergies, notamment au chat et à la poussière. Depuis son premier financement extérieur en 2007, Circassia est parvenue à trouver des fonds à chaque nouvelle étape (11 millions de livres en 2008, 15 millions en 2009 et 60 millions en 2011) avant de toucher le jackpot : 200 millions de livres lors de son entrée en Bourse à la mi-mars 2014, un record pour une entreprise du genre.

« Notre réussite tient surtout au fait que jamais aucune entreprise de développement médical n'est entrée en Bourse avec un projet aussi évolué, donc un risque aussi faible », tempère Steve Harris.

« Mais, nous sommes assurément arrivés là car les chercheurs ont compris qu'ils ne pouvaient pas s'improviser directeur exécutif. Notre alliance de compétences explique notre succès. MedCity augmentera ce type d'alliances et permettra peutêtre de trouver des investisseurs prêts à financer les recherches plus en amont. »

Le monde britannique de la recherche n'attend que cela.

Commentaires 5
à écrit le 15/03/2020 à 10:31
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To prevent and recover from the corona virus, the person must wash their hands and face with the sand six times and the seventh with water, this is the advice of Professor Abbassi energy.

à écrit le 14/06/2016 à 2:50
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On est des chercheurs dansle domaine de fabrication des materizls de reducation pour enfants on est en algerie mais on a pas de moyens on a besoins de 'aide pour pouvoir inventer

à écrit le 23/06/2014 à 19:48
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Avec le niveau du secteur de santé anglais, c'est pas pour demain qu'il réussiront les mêmes bénéfs que la city... La recherche en OGM, peut-être. En clonage aussi. Mais pour le reste...

à écrit le 23/06/2014 à 17:14
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Avec les amateurs en place en France ce n'est pas pour demain pour l'Hexagone.

le 27/06/2014 à 19:57
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@ Gilles 1 Il y a certainement plus de Brittons , qui viennent se faire soigner en France que l' inverses...donc ils peuvent toujours tirer des plans sur la comète .

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