
Après quatre réunions, trois semaines d'intenses discussions et quelques mélodrames et coups de théâtre, un accord a finalement été trouvé au sein de l'Eurogroupe, l'instance qui regroupe les 19 ministres des Finances de la zone euro. Tous ont donc fini par signer un texte de deux pages. Rien n'était pourtant joué, car, après les concessions grecques et le refus allemand qui avait suivi jeudi 19 février, les positions de chaque camp semblaient bloquées.
Une extension de quatre mois
Que contient ce texte ? Le gouvernement grec va demander une extension de quatre mois du programme de financement issu de l'accord de 2012. Ceci conduirait donc Athènes à être couvert jusqu'à fin juin. Il s'agit là d'une concession importante du ministre hellénique des Finances, Yanis Varoufakis, car en juillet et en août, le pays doit rembourser deux emprunts détenus par la BCE et arrivant à échéance pour un montant cumulé de 6,7 milliards d'euros. Il faudra donc absolument trouver un nouvel accord avant la fin juin. Le compte à rebours est déjà reparti.
Flexibilité dans les conditions actuelles
Cette extension sera fondée, précise par deux fois le texte de l'accord sur « la base des conditions de l'accord actuel. » C'est une manière détourné de reprendre l'exigence allemande de la poursuite du « programme actuel » qui avait fondé le refus par Berlin de la demande grecque formulée jeudi. En réalité, c'est bien le programme de 2012 qui se poursuit « en faisant usage de la flexibilité qu'il contient », terme présent dans le texte refusé par Athènes lundi. Le nouveau gouvernement grec accepte donc le principe de laisser à l'appréciation de ses créanciers la flexibilité dont il bénéficiera. C'est une défaite de principe importante.
Un programme de réformes lundi
Reste à savoir si c'est également une défaite de fait. Dès lundi, le gouvernement grec devra soumettre à ses créanciers un plan de réformes qui devront être validées afin de donner lieu, par la suite, au début du processus de versement du financement. Ce programme de réformes devra être finalisé avant la fin du mois d'avril. Il faudra évidemment observer de près cette liste. C'est en réalité elle qui déterminera si l'ancien programme s'applique encore ou non. Il semble que la Grèce ait obtenu des changements par rapport aux exigences de l'ancien programme. Les exigences de la troïka formulées en décembre ne sont plus d'actualité et c'est un point important. Yanis Varoufakis a indiqué que si son plan de réformes était repoussé, "l'accord sera mort". Mais la tutelle de la troïka, baptisée les « institutions » reste en place, même si elle est cette fois a posteriori.
Des objectifs d'excédents corrigés
Par ailleurs, Athènes a obtenu que l'objectif d'excédent primaire pour 2015 (initialement de 3 % du PIB) soit « réévalué » en fonction des « circonstances économiques. » Elles sont actuellement mauvaises, le début de l'année a été difficile, donc on peut imaginer un effort pour 2015. Mais l'Eurogroupe a répété que l'objectif de 2012 pour 2016 d'un excédent primaire de 4,5 % du PIB en 2016 restait en vigueur. Le gouvernement grec n'a cependant là pas réellement obtenu de marges de manœuvre supplémentaires : juste un ajustement des objectifs de 2015 aux circonstances. Et un objectif 2016 qui suppose un effort budgétaire important. La Grèce voulait maintenir un objectif de 1,5 % du PIB en 2016 également.
Athènes va pouvoir respirer
Avec ces concessions essentielles, le gouvernement grec va pouvoir faire face à ses obligations, à commencer par les 4,1 milliards d'euros que la Grèce doit rembourser au FMI. L'autre élément important, c'est que la BCE, puisqu'un accord a été trouvé, va pouvoir réintroduire la dérogation qui permettait aux banques grecques de se refinancer normalement à son guichet en utilisant les dettes d'Etat comme collatéraux, autrement dit comme garantie. Ceci permettra, in fine, à l'Etat de financer une partie de ses besoins par l'émission de bons à court terme. Enfin, cet accord permettra peut-être de stopper les retraits des dépôts dans les banques grecques. Mais Athènes a dû renoncer à pouvoir utiliser les 10,9 milliards d'euros destinés à la recapitalisation des banques pour son financement. Cette somme, que Berlin voulait récupérer intégralement en partant du principe que les banques avaient passé avec succès les stress tests seront réservés aux besoins de capitalisation des banques.
Tsipras pourra-t-il appliquer son programme ?
Appliquer le programme social de Syriza ne sera pas aisé pour Athènes, car les marges de manœuvre budgétaires seront faibles pour appliquer le programme. La question du maintien de l'objectif de relèvement du salaire minimum et des mesures sociales votées cette semaine se pose d'emblée. Elles devraient être maintenues en raison de leur faible impact budgétaire. Athènes s'est engagé à ne pas prendre de « mesures unilatérales » qui déstabiliseraient son budget (mais elle ne le peut pas, de toute manière). Le changement principal est que, contrairement à ce qui s'est passé auparavant, l'initiative des réformes est laissée à la Grèce, la troïka approuve ensuite.
C'est un point qui est essentiel et c'est sans doute sur cet acquis qu'Alexis Tsipras essaiera de transformer cet accord en victoire, malgré les concessions de son pays. La Grèce a retrouver la capacité, sous la surveillance étroite de ses créanciers, de diriger sa politique économique. Mais le cadre demeure rigide. Et le risque pourrait être que l'Europe ne laisse à la Grèce que la liberté de construire sa propre austérité... Au reste, Athènes n'a pas obtenu la reconnaissance de la « crise humanitaire » qui figurait dans son programme. L'idée est sans doute de parer au plus pressé. Une fois les réformes fiscales faites, les marges de manoeuvre seront plus importantes...
La deuxième phase des négociations va commencer
Reste que cet accord est provisoire. Peut-on croire que, dans la deuxième phase de négociation, les compteurs sont remis à zéro ? Pas réellement. Dans les négociations qui s'ouvrent, le gouvernement grec est clairement en position de faiblesse. Il a en effet abattu une carte importante en cédant le premier et donc en prouvant qu'il n'était pas prêt à prendre le risque d'un Grexit. Désormais, Berlin, la BCE et les autres Européens savent qu'ils sont en position de force. Ils sont financeurs et Athènes n'est pas prêt à prendre le risque ultime. Renverser cette situation ne sera pas simple dans les négociations, car qui croira réellement désormais à la volonté du gouvernement Tsipras d'aller jusqu'au bout ?
L'épée de Damoclès de l'été
D'autant qu'Athènes va devoir vivre ces quatre mois avec la perspective des 6,7 milliards d'euros à rembourser à la BCE en juillet et en août. Pour les payer, il faudra soit obtenir un geste qui semble aujourd'hui impensable de la BCE, autrement dit, l'acceptation d'une dette nouvelle qui remplace l'ancienne ; soit accepter un nouveau prêt des Européens. Et les discussions sur les conditions de ce nouveau prêt et son montant devront alors reprendre. Là encore, le court terme, c'est-à-dire la nécessité de verser ces 6,7 milliards d'euros à la BCE risquent de passer avant le long terme. Pour obtenir un nouveau financement, Athènes pourrait devoir renoncer à ses exigences de restructuration d'une dette dont les premiers remboursements interviendront en 2022. Elle pourrait se contenter d'un geste sur les intérêts.
Les injonctions contradictoires
Reste à savoir si ce prêt du mois de juin sera ou non le dernier. Les besoins de financement de la Grèce seront encore de 5 et 7 milliards d'euros en 2016 et 2017, avec des échéances de 11 milliards d'euros en 2019. Il faudra donc trouver encore de quoi financer, soit en dégageant des excédents primaires élevés, soit en demandant de nouveaux prêts. Dans les deux cas, Syriza devra renoncer à beaucoup de ses promesses : réduire les efforts budgétaires et cesser de prendre des prêts pour rembourser les échéances ne seront pas au programme.
Dans ce cadre, Alexis Tsipras va être soumis à deux contraintes contradictoires. D'un côté, montrer de la bonne volonté envers les « institutions » (nouveau nom de la « troïka ») afin de pouvoir espérer bénéficier d'un prolongement sur l'été du prêt. D'un autre engager, malgré le contrôle de ces mêmes « institutions », une partie de son programme social. Pour simplifier, il va devoir satisfaire les Européens, mais aussi sa coalition, son parti et ses électeurs. Vaste tâche...
Très clairement, la situation prouve qu'une nouvelle fois, dans ce genre de jeu, le premier qui cède est celui qui a perdu. Alexis Tsipras n'a pas encore perdu. Mais sa position est clairement difficile. Ce vendredi 20 février au soir, le camp de Wolfgang Schäuble semble avoir remporté une bataille.
Une fois qu'ils auront montré que les européens néolibéraux sont par trop inflexibles, ils pourront convaincre leur opinion de quitter l'Euro, et les préparer aux années difficiles que cela implique, avant la renaissance qui suivra.
Espérons qu'il réussisse aussi à mettre sur pied une administration efficace et à taxer les curés...
Pour sauver la Grèce du désastre on risque de plonger le reste de l'Europe dans le chaos
Est-ce raisonnable ?
Que dit la théorie des jeux ?
L'insolence devient insupportable
"Malheur aux élus démagogues et arrogants"
3-4% et il faudra bien rembourser notre dette qui est libellée en Euro.
Cordialement
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Personne.
Cordialement
Il caut donc que les Etats payent pour leur fautes, et les banques n'ont rien à vour la dedans.
Comme il a été dit et prouvé que une monnaie unique avec des peuples différents cela n'a jamais fonctionné ou que se soit...C'est bien la le problème, on va se casser la "gueule"...
Soit il accepte cet arrangement cosmétique, soit il impose au gouvernement de le refuser.
C'est-à-dire qu'il lui dise clairement qu'il est prêt à assumer une éventuelle éjection de l'eurozone.
Ce n'est qu'avec un soutien ferme de la population que Tsipras et Varoufakis pourront négocier en position de force.
Quand on me parle de l'intransigeance allemande, je crois que c'est un peu facile: il y a d'autres pays qui ont exactement la même position.
Comme l'écrit Gringo, le traité de Versailles a été un erreur historique mais la "prise" de pouvoir par Hitler est plus compliquée que cela. Dans ce cadre d'ailleurs, Mussolini est arrivé au pouvoir avant Hitler.
Cordialement
En tous cas, il n'aurait jamais eut les moyens de financer sa wermacht..
Les pays du nord et du centre de l'Europe (d'après ce que j'ai compris, ce sont ceux qui seraient les plus intransigeants) sont pragmatiques: la méthode est de discuter afin de trouver un compromis acceptable pour tout le monde. On aime ou on n'aime pas mais cela permet de progresser lentement mais surement et sans à-coups. Dans les pays "chauds", c'est plutôt la méthode de l'affrontement. Ce que j'écris est, bien sur, très schématique.
A noter que dans ce cas précis, le délai donné à la Grèce pour mettre un programme sur le papier est très court: lundi, mais je ne crois pas que cela soit une date couperet.
Cordialement
concernant la situation grecque , rien, absolument rien , n est regle.
les dirigeants actuels ne resteront pas en place toute l annee 2015.a qui laisseront ils la place? la est la tres grosses inconnue......
La montée du Nazisme en a été une conséquence naturelle et dramatique.
Humilier le peuple grec et lui demander l'impossible risque d'avoir des conséquences similaires.
On va presser la Grèce jusqu'à ce que cette farce finisse dans un bain de sang, mais c'est une comédie dramatique qui se joue sous nos yeux!
S'il y a trop de renoncements, des débordements dans la rue sont à craindre, car les communistes du KKE + les gauchistes dissidents d'Antarsia + les nazis d'Aube Dorée, quoique se combattant entre eux, restent à l'affut d'un échec de Syriza.
Pour info, Syriza c'est désomais un parti adoubé par la bourgeoisie et l'Eglise, une espèce de conglomérat de sans-cravates qui réunirait Mélenchon, Duflot et Montebourg, avec quelques batailllons d'antifas, donc pas de vrais révolutionnaires. Même Obama a donné son blanc-seing au nouveau gouvernement, c'est dire...
Par contre, je crois que Syriza va se révéler un parti plutôt atlantiste. Ce qui en surprendra plus d'un. Tout en ne se mouillant pas trop sur le dossier ukrainien, pour ménager quelques accords économiques avec la Russie.
En tout cas pas de sortie de l'OTAN en vue.
D'importants efforts sont fait depuis une dizaine d'années pour compléter le cadastre. Dans mon île, le chef-lieu (10 000 habitants) est couvert depuis 2004-2005. Je connais une des ingénieurs civils à la mairie et ce sont des gens honnêtes et travailleurs. Ils utilisent Google Earth pour accélerer le processus !
La Grèce change. A un rythme relativement rapide si l'on songe que le démarrage industriel date des années 20-30. Si l'on compare avec ce qui est comparable, donc les pays voisins (Bulgarie, Albanie, Macédoine, Turquie et même Italie du sud), au niveau corruption ou magouilles la Grèce est plutôt à son avantage. Franchement. Ne croyez pas tous ces propagateurs de haine anti-grecque.
Si les grecs sont aussi honnêtes que vous le prétendez, pourquoi ont-ils mis à leur tête un gouvernement qui propose comme programme économique la spoliation de leurs créanciers?
D'abord comme dans tous les pays il y a des gens malhonnêtes et d'autres honnêtes. Avec nos Cahuzacs, nos Hauts de Seine Schulleriens et Balkaniens, nos rétrocommissions au Pakistan et à Taïwan, notre complaisance avec les paradis fiscaux au Luxembourg et a Jersey, etc, peut-on donner des leçons de déontologie ?
Ensuite, spoliation ???
Savez-vous ce qu'est le pragmatisme ?
Je reposte ce que j'ai déjà posté pour un autre article :
Quand après 5 ans catastrophiques, un gouvernement pragmatique arrive au pouvoir et constate que la médecine appliquée est plus néfaste au malade que bénéfique, il essaie de revoir sa politique pour qu’elle soit plus efficace. A cause du chômage intolérable (60% des moins de 25 ans) et de l’effondrement industriel (PIB - 25%), les rentrées fiscales calent. C’est un cercle vicieux. L’austérité tue la croissance et donc la récession qui en résulte augmente les déficits. D’ailleurs la dette grecque a presque doublé en 5 ans, malgré l’effacement d’une grosse partie ily a deux ans.
La seule solution est une bonne vieille relance Keynesienne ; en augmentant les salaires de plus pauvres, qui consomment tout et ne thésaurisent point, on sauve les entreprises grecques de l’asphyxie. Il s’agit d’une solution pragmatique et non socialo-marxiste, d’ailleurs appliquée par Roosevelt lors de son NewDeal.
Mieux vaut un débiteur vivant que mort. Tout créancier sain d'esprit vous le confirmera.
Je suis en grande partie d'accord avec ce que vous écrivez mais en partie seulement. La relance keynésienne ne fonctionne que si l'état arrive à contrôler le flux d'importation en faisant en sorte qu'on n'importe pas avec des prix excessifs qui ont engraissé les fournisseurs de la Grèce ces dernières années, ce que la Grèce serait susceptible de produire. Il faut aussi que l'impôt soit réellement recouvré et payé. Pour cela il faut assister la Grèce dans l'organisation d'une administration efficace ce que la troïka n'a pas fait jusqu'à présent.
Non. Ce qu'il faut c'est libéraliser. Les grecs veulent pas. Ils font l'inverse. C'est leur droit. Mais en tous cas ils doivent atteindre zero de deficit, et aprés rembourser.
Quant a roosevelt sa politique fut un tel echec qu'il l'a abandonné de lui même. Elle a du reste fait durer la crise plusieurs années au lieu des trois quatre normal dans un pats libéral. Distribuer du fric ne sert a rien : les gens n'economisent pas, il consomment, se font plaisir.
Résultat: défaite en rase campagne pour le gouvernement Grec.
NB: les fautes d'orthographe piquent quand même beaucoup les yeux...
A moyen terme on sait comment ça va se finir.
Cordialement
tu tombes
il tombe
nous tombons
vous tombez
ils tombent
Logique ! l’incompétence et la Mafia nous gouvernent.
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