Congrès PS : les militants votent pour Ségolène Royal

Par latribune.fr  |   |  762  mots
La motion de Ségolène Royal est arrivée en tête du vote des militants PS pour le congrès de Reims, devançant celles de Bertrand Delanoë et Martine Aubry, qui sont dans un mouchoir de poche. Jean-Luc Mélenchon annonce qu'il quitte le PS.

Grosse surprise lors du vote des militants socialistes : à une semaine du confrès de Reims, le programme défendu par Ségolène Royal est arrivé nettement en tête, devançant, dans un ordre encore incertain, Bertrand Delanoë et Martine Aubry, selon les résultats dévoilés par Stéphane Le Foll, bras droit de François Hollande.

D'après le dernier pointage, la motion Royal obtient "autour de 29%", soit 4 points d'avance sur les motions Delanoë et Aubry qui sont dans un mouchoir de poche, toutes deux "autour de 25%". La motion de Benoît Hamon (gauche du parti) recueille "autour de 19%".

Ce résultat est une véritable défaite pour le maire de Paris et l'appareil du PS, puisque Bertrand Delanoë, qui faisait figure de favori, notamment au vu des sondages, était soutenu par le premier secrétaire sortant François Hollande, les présidents des groupes parlementaires et une majorité de "grands élus", notamment des grandes villes.

La participation a été d'un peu plus de 55% (128.978 votants), conforme à l'estimation de la direction avant le scrutin. La "guerre des chefs" dans un parti qui a perdu les trois dernières élections présidentielles faisait craindre une désaffection des militants.

Le vote de jeudi constituait la première étape du congrès du PS. A Reims, la semaine prochaine, les courants internes tenteront de former une majorité. L'élection du nouveau premier secrétaire se déroulera le 20 novembre. La tradition au PS veut que la motion arrivée en tête mène les négociations.

Pour le camp Royal, le résultat de jeudi soir est une excellente nouvelle, qui confirme la stratégie de l'ancienne candidate à l'Elysée. "Il va falloir que le vote (des militants sur les motions au congrès) soit respecté", a affirmé ce vendredi Ségolène Royal, estimant que son résultat lui "donnait une légitimité" pour diriger le PS même si elle ne fait pas "acte de candidature" pour l'instant.

La présidente de Poitou-Charentes a reconnu sur France Inter que sa majorité était "relative" et a estimé qu'elle devait à présent "mettre en mouvement la cohésion et l'unité des socialistes" pour "rassembler tous les talents qui existent au parti socialiste". "C'est vrai que ce n'est pas le scénario le plus simple mais si la politique était simple ça se saurait", a-t-elle répliqué au Premier secrétaire sortant, François Hollande, qui avait déploré peu avant l'absence de majorité claire, à l'issue du vote des militants.

De son côté, Bertrand Delanoë a immédiatement exclu "toute perspective d'alliance avec un parti qui ne s'assumerait pas clairement de gauche". Le maire de Paris, dans un communiqué distribué dans la nuit de jeudi à vendredi, après l'annonce des résultats affirme: "le PS doit être un vrai parti de militants, fidèle à son histoire, ouvert sur la société et suffisamment fort pour s'imposer comme le pôle central d'un rassemblement de toutes les forces progressistes". "Cela exclut toute perspective d'alliance avec un parti qui ne s'assumerait pas clairement de gauche", poursuit-il. Ségolène Royal, arrivée en tête de la compétition, est favorable à un élargissement au MoDem de François Bayrou, auquel elle avait proposé une alliance entre les deux tours de la présidentielle de 2007.

Bertrand Delanoë croit "plus que jamais indispensable de servir l'ambition d'un grand parti socialiste, authentiquement de gauche, doté d'un projet crédible pour construire enfin une alternative politique gagnante dans notre pays". Pour lui, "face à la politique brutale et inconséquente de la droite, notre pays a besoin d'un PS déterminé à proposer un autre chemin à nos concitoyens".

Enfin, deux représentants de l'aile gauche du parti, le sénateur Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez, député du Nord, ont annoncé vendredi matin qu'ils quittaient le PS pour créer un nouveau mouvement "sans concession face à la droite". "Par fidélité à nos engagements, nous prenons notre indépendance d'action. Nous quittons le parti socialiste", ont déclaré les deux élus, partisans de la motion de Benoît Hamon.

Ils ont annoncé "la construction d'un nouveau parti de gauche" et appelé "à la constitution d'un front de forces de gauche pour les élections européennes". "Nous prenons nos responsabilités. Dans la crise du capitalisme, notre pays a besoin d'une autre voix à gauche", disent-ils. Les deux responsables entendent "porter publiquement (leur) conception du combat républicain et socialiste, sans concession face à la droite, au capitalisme et leur irresponsabilité destructrice contre la société humaine et l'écosystème".