Dominique de Villepin renvoyé en correctionnelle dans l'affaire Clearstream

Par latribune.fr  |   |  428  mots
Dominique de Villepin, ancien Premier ministre de Jacques Chirac, sera jugé au cours de l'année 2009. La justice lui reproche de ne pas avoir dénoncé, alors qu'il était au courant, le piratage des faux listings Clearstream, avec notamment l'insertion du nom de Nicolas Sarkozy.

Dominique de Villepin sera renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris, notamment pour "complicité de dénonciation calomnieuse", dans l'affaire Clearstream. Les juges, Jean-Marie d'Huy et Henri Pons, ont signé mardi soir 18 novembre une ordonnance de renvoi de l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac devant le tribunal. Celui-ci devra juger, au cours de l'année 2009, si oui ou non il est coupable d'avoir participé à une manipulation devenue une affaire d'Etat.

L'affaire a débutée par le piratage de fichiers informatiques de clients de l'institut de compensation Clearstream, l'insertion dans ces listes de clients de comptes occultes de noms d'industriels, de responsables de services de renseignement et d'hommes politiques, leur transmission au juge Van Ruymbeke, fin 2004, pour mouiller certains de ces responsables dans l'enquête sur l'affaire des énormes commissions versées en marge de la vente des frégates de Thomson (devenu Thalès) à Taiwan.

Pour les juges, Dominique de Villepin a eu connaissance, dès le 9 janvier 2004, de l'affaire. Il aurait pu alors dénoncer les faits à la justice, ce qu'il n'a pas fait, se rendant ainsi "par son inaction" coupable de "complicité de dénonciation calomnieuse". Le 9 janvier, alors ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin avait demandé au général Rondot une enquête sur les listings, en présence de Jean-Louis Gergorin. Or, parmi les noms de personnalités citées dans les fichiers, figurait celui de Nicolas Sarkozy.

L'affaire s'est alors très vite focalisée sur la violente rivalité entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin en prévision de l'élection présidentielle de 2007. Villepin a très vite été accusé d'avoir instrumentalisé cette affaire, dont il ne semble pas être à l'origine, pour déstabiliser Sarkozy, qui s'est porté partie civile dans cette affaire.

La réaction de Dominique de Villepin montre qu'il maintient cette analyse. Dans un communiqué, il indique que "rien ne justifie cette décision de renvoi" et que "tout au long de l'instruction, la vérité des faits et du droit a été détournée au profit d'une seule partie civile qui est en même temps aujourd'hui président de la République".

Quatre autres protagonistes de l'affaire sont également renvoyés en correctionnelle. Il s'agit de l'ancien vice-président d'EADS, Jean-Louis Gergorin, qui a reconnu avoir adressé les faux listings à la justice, d'un informaticien, Imad Lahoud, soupçonné de les avoir confectionnés, d'un ancien auditeur de la société Arthur-Andersen, Florian Bourges, et d'un journaliste, Denis Robert, soupçonnés d'avoir été en possession des listings à l'origine de la falsification.