Election au PS : les deux tiers des Français contre un nouveau scrutin

Par latribune.fr  |   |  902  mots
Les deux tiers des Français se déclarent opposés à un nouveau vote pour l'élection du premier secrétaire du PS, d'après un sondage. C'est le conseil national du parti qui décidera mardi, s'il appelle ses militants à départager à nouveau Ségolène Royal et Martine Aubry. La première refuse de reconnaître la victoire de la seconde et les deux camps s'accusent mutuellement de fraude, une commission interne doit passer au crible ces contentieux ce lundi.

Le sondage d'Opinionway pour le Figaro et LCI est sans appel: une forte majorité des Français (67%) et presque autant des sympathisants socialistes (63%) sont opposé à un nouveau vote des militants du PS pour désigner leur nouveau premier secrétaire.

Pire, l'enquête souligne l'image déplorable véhiculée par la principale formation d'opposition depuis le Congrès de Reims, qui était censé désigner son nouveau leader. Pour 71% des Français et 67% des sympathisants PS, le parti ressort affaibli de cette réunion. Ceux qui se disent proche des idées socialistes estiment en majorité (55%) que le PS manque d'abord d'un leader, tandis que les Français dans leur ensemble (53%) trouvent que le parti a surtout besoin d'un projet.

La semaine qui débute va donc être longue et cauchemardesque pour les socialistes. La bataille des chiffres a fait rage toute la journée de dimanche entre les camps de Martine Aubry et de Ségolène Royal. La première doit faire valider sa victoire de premier secrétaire du PS devant le conseil national du parti avant la réunion, samedi prochain - 29 novembre - du nouveau conseil. Mais la situation est très confuse et la victoire sur le fil du rasoir de Martine Aubry n'étant pas totalement acquise.

Un nouveau vote pourrait intervenir en raison d'anomalies électorales nombreuses dans les deux sens. Les disputes entre les deux camps se sont amplifiées dimanche à la veille de la réunion ce lundi d'une commission ad hoc, sorte de "tribunal administratif" interne au PS, qui doit passer au crible les contentieux, à savoir les demandes de corrections liées aux anomalies dénoncées. C'est à la "commission de récolement" qu'il revient de passer en revue les procès-verbaux. Dirigée par le député Daniel Vaillant, un proche de Lionel Jospin, avec pour rapporteur Philippe Bonnefoy, elle se réunit lundi à partir de 9 heures pour un long chantier qui pourrait se prolonger mardi, avant le Conseil national décisionnel.

En attendant, les lieutenants de Ségolène Royal, Manuel Valls en tête, ont pointé dimanche les litiges entre les deux prétendantes à la victoire. Invité de Canal +, ce dernier a déclaré qu'il y avait eu "des irrégularités, de la triche" dans le Nord, assurant que son équipe allait demander raison à la justice. En retour; la section PS de Lille - fief de Martine Aubry - a porté plainte pour diffamation contre le député-maire d'Evry.

Martine Aubry a déclaré samedi en fin de journée vouloir être "le premier secrétaire de tous les militants socialistes", dès que les résultats la plaçant en tête auront été validés mardi par les instances du parti. "C'est quand même très étrange de voir une candidate à une élection s'auto-proclamer élue, alors même qu'il y a actuellement un certain nombre de décomptes de voix qui sont en cours d'examen", a répliqué Ségolène Royal.

Au terme du vote des militants pour désigner leur nouveau premier secrétaire, la maire de Lille a devancé l'ex-candidate à la présidentielle de 42 voix, sur 134.784 suffrages exprimés, selon un décompte rendu public samedi à l'aube par la direction du PS à l'issue d'une folle nuit de rumeurs, coups de gueule et d'intox. Avant même cette annonce, Ségolène Royal faisait savoir qu'elle ne "se laisserait pas faire", exigeant un nouveau vote. Exigence réitérée en soirée samedi sur TF1.

Accusations de "scores gonflés"

Si dimanche, la tension a été à son comble à propos des tricheries, la journée de samedi n'a pas déçu non plus. Les partisans des deux camps ont en effet évoqué des tricheries ou des erreurs ayant selon eux faussé le scrutin. La fédération PS de Gironde a constaté une erreur dans la retranscription des résultats du vote des militants d'une de ses sections et a indiqué dimanche que Martine Aubry avait enregistré 11 voix de plus que ce qui avait été annoncé et Ségolène Royal 41 de moins.

L'entourage direct de Ségolène Royal a cité plusieurs cas précis où sa candidate aurait été défavorisée, notamment à Lille, le fief de Martine Aubry. Le mandataire de la motion de Ségolène Royal dans le département du Nord affirmait ainsi samedi que le score de Martine Aubry dans une section lilloise avait été gonflé de 20 voix. Sans oublier l'erreur reconnue par la fédération de Moselle aboutissant à donner 24 voix supplémentaires à Ségolène Royal.

Plus loin, en Nouvelle Calédonie, la section PS locale s'est déclarée "inquiète" dimanche de la non prise en compte de ses voix, favorables à Ségolène Royal, pour l'élection du premier secrétaire du parti qui soulève la polémique. Dans cette petite section, il y a eu 16 votants, dont 13 se sont prononcés pour Ségolène Royal et 3 pour Martine Aubry.

François Hollande, à la tête du parti depuis onze ans et souvent critiqué avant même cette crise pour son refus de trancher les conflits, a lancé un "appel à la responsabilité de chacun et au respect [des] procédures, du vote et [des] instances" du PS. Et d'assurer, comme une incantation, que "le risque n'est pas du tout de scission ou d'éclatement, (mais) de confusion".