L'Assemblée nationale en crise

Par latribune.fr  |   |  636  mots
Des députés socialistes qui boycottent les questions d'actualité au gouvernement, qui entonnent la Marseillaise et réclament la démission du président de l'institution, que se passe-t-il au sein de l'Assemblée nationale ?

La séance télévisée des questions d'actualité au gouvernement à l'Assemblée a été boycottée ce mercredi pour la première fois depuis sa création en 1974 par les députés PS. Ces derniers entendent protester contre l'attitude du gouvernement et de la majorité sur la réforme du travail parlementaire, qui prévoit de limiter la durée des débats et le droit d'amendement.

De même, de vifs incidents se sont déroulés dans la nuit de mardi à mercredi à l'Assemblée alors qu'était débattu et adopté l'article clé de cette réforme. Les députés PS y ont entonné la Marseillaise - fait inédit depuis 1947 - et réclamé la démission de Bernard Accoyer, président de la chambre basse du parlement. Rejoints par les députés du groupe de la gauche démocrate et républicaine (PC et Verts), ils ont ensuite quitté l'hémicycle en signe de protestation.

La réforme du travail parlementaire prévoit d'attribuer aux groupes parlementaires un temps global de parole lors des débats importants afin de limiter les possibilités d'obstruction de l'opposition. La gauche affirme que le but de cette réforme est de la "bâillonner" alors que le gouvernement et sa majorité affirment au contraire qu'il s'agit de mettre en place "un temps législatif programmé" pour faire avancer les débats.

Accusé par Bernard Accoyer d'avoir fait un "coup de force" provoquant "une crise" au sein de l'Assemblée, le PS en a renvoyé la responsabilité au président de l'institution. Le patron des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault, a ainsi demandé au président de l'Assemblée "d'oublier qu'il est un président UMP" pour devenir "le président de tous les députés".

"Je me permets d'appeler l'opposition au calme et à la raison", a déclaré François Fillon ce mercredi. Le Premier ministre a fermement contesté que les droits de l'opposition soient amoindris par le projet de réforme du Parlement et jugé les incidents de la nuit "inacceptables".

"Nous défendons le droit inaliénable pour chaque parlementaire de modifier le cours d'une loi. Nous défendons le droit d'exprimer le sentiment des citoyens qui nous ont élus", indiquent dans un communiqué ce mercredi les parlementaires socialistes, radicaux et citoyens, en présentant l'adresse du site de leur "appel à la mobilisation" (www.amendement.over-blog.com).

Ce jeudi, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, a cherché à calmer le jeu. Il a indiqué qu'il allait finalement répondre "favorablement" à la proposition du président de l'Assemblée, Bernard Accoyer (UMP), sur le temps de travail législatif. Il avait opposé mercredi une fin de non recevoir à la proposition faite au PS par Bernard Accoyer sur une extension possible du "temps global" ou crédit-temps des débats prévu par la réforme du travail législatif.

"J'ai décidé, bien que je n'étais pas d'accord au départ parce que je trouvais qu'on avait déjà fait beaucoup d'avancées, de répondre favorablement à la proposition de Bernard Accoyer d'améliorer les choses pour ce qui concerne l'organisation de notre temps de travail", a indiqué Jean-François Copé sur Europe 1. Il a précisé avoir vu Bernard Accoyer mercredi soir pour lui indiquer qu'il se prononcerait "publiquement en faveur de ce consensus", avec une "idée simple" : "nous devons les uns et les autres tendre la main les uns vers les autres, à une condition, qu'on ne soit pas dans un bal d'hypocrites". "Il faut en finir avec l'obstruction qui donne une image lamentable de notre Parlement et y substituer un parlement moderne qui est en situation, comme dans les autres démocraties, de faire son travail", a-t-il ajouté.