L'UMP se réorganise et ouvre la bataille des élections européennes

Par latribune.fr  |   |  1063  mots
Xavier Bertrand, le nouveau secrétaire général de l'UMP, a promis samedi, lors du conseil national du parti, d'en faire un "mouvement populaire" et s'est fixé pour objectif de porter à 500.000 le nombre de ses militants en 2012, année de la prochaine présidentielle. L'UMP a également lancé samedi sa campagne pour les élections européennes. La ministre de la justice Rachida Dati est la candidate en Ile-de-France, mais en deuxième position, derrière son collègue, le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier.

"Aujourd'hui, il est temps d'engager la rupture pour faire de l'UMP le grand mouvement populaire que les Français attendent", a déclaré le nouveau secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, lors du conseil national du parti, samedi.

Les mots "Le mouvement populaire" sont désormais accolés au signe UMP (qui signifie déjà "Union pour un mouvement populaire"). L'UMP, qui revendique 270.000 adhérents, "doit donner une autre image de la politique", s'ouvrir "à toutes les bonnes idées" et refléter la diversité de la société, a déclaré le secrétaire général.

Xavier Bertrand a en outre promis d'être "un secrétaire général disponible et sur le terrain", à raison de "plusieurs déplacements par semaine pour être au plus près des attentes des Français". L'UMP doit être un mouvement "moderne, utile à 100% des Français", a-t-il déclaré.

Une direction féminisée et plus ouverte

Le conseil national qui se tenait à la Mutualité, à Paris, est ainsi venu clore le chapitre Patrick Devedjian, à qui Nicolas Sarkozy avait confié les commandes de l'UMP après son élection à l'Elysée et qui a été nommé le 5 décembre ministre chargé de l'exécution du plan de relance économique.

Xavier Bertrand renonce à son grand ministère du Travail et prend les manettes du parti. Cet ex-RPR repéré par Alain Juppé a successivement été nommé secrétaire d'Etat à l'Assurance maladie par Jean-Pierre Raffarin en 2004, puis ministre de la Santé en 2005 par Dominique de Villepin, avant de démissionner du gouvernement pour mener la campagne du candidat Sarkozy en 2007.

Ses objectifs pour l'UMP d'ici à 2012, après les revers électoraux de 2008 aux municipales et sénatoriales ? Un quasi doublement des adhésions à 500.000, les européennes de 2009, la reconquête de régions en 2010, et surtout la réélection de Nicolas Sarkozy en 2012.

La nouvelle direction de l'UMP se veut plus féminine et ouverte aux différentes sensibilités de la majorité. Eric Besson (ministre de l'Immigration, ancien du parti socialiste) et Nathalie Kosciusko-Morizet (secrétaire d'Etat à la Prospective) deviennent ainsi secrétaires généraux adjoints, avec les députés Marc-Philippe Daubresse (centriste) et Axel Poniatowski (libéral).

"Pour moi, qu'une famille politique comme la nôtre soit capable d'être enthousiaste parce qu'un homme qui vient d'ailleurs, Eric Besson, devient secrétaire général adjoint de notre famille, c'est la plus belle preuve d'ouverture, de diversité et de recherche de la meilleure équipe possible", a déclaré Nicolas Sarkozy, qui clôturait le conseil national. Cette nomination a pourtant provoqué quelques grincements de dents : "Lui donner un ministère, passe encore, mais de là à lui confier des responsabilités politiques à l'UMP, je trouve ça choquant", a affirmé par exemple le député villepiniste, François Goulard.

Brice Hortefeux, Jean-Louis Borloo - issu du parti radical -, la très chiraquienne Michèle Alliot-Marie et Jean-Pierre Raffarin deviennent vice-présidents. Outre son secrétaire général, le bureau politique a désigné 16 conseillers politiques, parmi lesquels plusieurs membres du gouvernement : Rachida Dati (Justice), Rama Yade (Droits de l'Homme) et Christine Boutin (Logement), qui avait averti qu'elle ne se contenterait pas d'un "strapontin".

Nadine Morano, secrétaire d'Etat à la famille, qui espérait devenir secrétaire général adjointe, "figurera parmi la dizaine de nouveaux conseillers politiques qui doivent jour un 'rôle nouveau et majeur', selon la formule de Nicolas Sarkozy".

Elections européennes

Rachida Dati sera bien candidate en Ile-de-France aux élections européennes de juin, mais en deuxième position, derrière son collègue de l'Agriculture, Michel Barnier. Selon "Le Figaro" de vendredi, le Garde des sceaux serait "résignée" à partir du gouvernement et aurait "en contrepartie, obtenu des assurances sur son avenir national". Interrogée samedi sur son probable départ du gouvernement pour aller siéger au Parlement européen, avant ou après les élections, Rachida Dati a lancé : "C'est normal. Ca me paraît évident".  "Le parcours des hommes et des femmes politiques, ce n'est pas être propriétaire d'un mandat ou d'un poste". "Il faut aller à chaque fois sur le terrain", a-t-elle ajouté. Quant à Michel Barnier, il démissionnerait du gouvernement en mai.

Nicolas Sarkozy entend mettre tout son poids dans la campagne. Avec un score médiocre de 16,6% des voix aux dernières européennes de 2004, l'UMP avait obtenu 17 députés. Pour le moment, le seul sondage rendu public en prévision du scrutin de juin prochain, réalisé par l'Ifop en décembre, place UMP et PS à égalité, avec 22% des intentions de vote.

"La catastrophe serait si notre score était inférieur à celui de 2004. Le bon scénario serait d'avoir le même nombre d'élus qu'à l'époque", alors que le nombre total de députés européens que la France envoie à Strasbourg est passé de 78 à 72 entre les deux scrutins, analyse un responsable UMP.

Outre Michel Barnieret Rachida Dati en Ile-de France, le président de l'Institut du monde arabe, Dominique Baudis, sera tête de liste dans le Sud-Ouest. Dans l'Est, le Sud-Est, le Centre et l'Outre-mer, section océan Indien, ce seront les députés européens sortants Joseph Daul, François Grossetête, Jean-Pierre Audy et Margie Sudre. Dans le Nord-Ouest, ce sera le maire de Valenciennes Dominique Riquet, qui aura pour numéro 2 la députée européenne sortante Tokia Saïfi. Dans l'Ouest, ce sera le président du conseil général du Maine-et-Loire, Christophe Béchu. Un membre du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, Maurice Ponga, conduira la campagne dans les territoires français du Pacifique. Marie-Luce Penchard, secrétaire nationale de l'UMP pour l'Outre-mer et conseillère technique à la présidence de la République, fera de même dans ceux de l'Atlantique.

Une cote de popularité qui ne bouge pas

Nicolas Sarkozy a enregistré en janvier un taux de satisfaction de 44%, identique à celui de décembre, alors que François Fillon perd un point à 51%, selon le baromètre IFOP paru dans "Le Journal du Dimanche". Une majorité de personnes interrogées (56%, -1) se disent ainsi mécontentes de Nicolas Sarkozy comme président de la République, 44% étant d'un avis inverse (également 44% en décembre). Le Premier ministre rassemble lui 51% de satisfaits (52% en décembre), face à 47% de mécontents (+1). 2% des personnes interrogées ne se prononcent pas.