Que pensez-vous de la polémique concernant Bernard Kouchner ?

Par latribune.fr  |   |  840  mots
Accusé dans le livre de Pierre Péan, sorti ce mercredi, de conflit d'intérêts entre ses activités publiques et privées en Afrique, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, est sommé de s'expliquer par ses anciens camarades de gauche. L'UMP est venue à son secours dès mercredi matin suivi jeudi soir, lors de son intervention télévisée, Nicolas Sarkozy. Que pensez-vous de cette polémique ?

Le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, a pris dès mercredi la défense de Bernard Kouchner, estimant qu'"il y a beaucoup d'esprit de revanche" de la part des socialistes contre le ministre, accusé dans un livre de Pierre Péan, sorti ce même jour chez Fayard, de conflit d'intérêt entre activités publiques et privées dans le secteur de la santé en Afrique, entre 2002 et 2007. "Je n'ai pas pas lu ce livre" mais "ce que j'en retiens, ce que je sais, c'est que c'est un livre à charge, très critique", a déclaré Xavier Bertrand sur LCI.

"Ce que je vois surtout, c'est que des socialistes ont décidé de régler leurs comptes avec Bernard Kouchner", ministre d'ouverture, et qu'"il y a chez eux beaucoup d'esprit de revanche à l'égard de Bernard Kouchner, le socialiste le plus populaire", a-t-il ajouté. Sur le fond de l'affaire, Xavier Bertrand estime qu'aux accusations portées contre le ministre par Pierre Péan, "les réponses ont été apportées" par Bernard Kouchner et son avocat.

Selon le leader de l'UMP, les informations contenues dans le livre de Pierre Péan ne sont pas étayées. "Est-ce que les choses sont dites précisément dans ce livre, visiblement ce n'est pas le cas". Pour Xavier Bertrand, "il y a la volonté de pouvoir attaquer personnellement Bernard Kouchner et ces attaques personnelles sont déplacées de la part des socialistes". "Cela commence à bien faire la chasse à l'homme politique, de gauche comme de droite", a aussi affirmé Xavier Bertrand citant le député socialiste de l'Essonne, Julien Dray, visé par une enquête préliminaire du parquet de Paris pour abus de confiance.

Autre soutien, Eric Besson, également ministre d'ouverture, a déclaré sur Europe 1 qu"il "ne connaissait rien sur le fond à cette affaire" mais, a-t-il ajouté, "je connais Bernard Kouchner et je sais que ce n'est pas un homme d'argent. "S'il l'avait été, il aurait mené une autre carrière. C'est un homme de causes et de missions. Mon présupposé c'est que c'est un honnête homme".

Mardi, la polémique n'a cessé d'enfler. Le député socialiste Arnaud Montebourg a demandé au ministre des Affaires étrangères de s'expliquer sur les allégations contenues dans le livre de Pierre Péan. "L'ex-French doctor n'est plus seulement dans une dérive idéologique qui l'a amené à s'aligner sur les positions de la droite américaine. Le voici dans une pénible dérive affairiste où l'argent de la "Françafrique" rémunère grassement le faux idéal de Bernard Kouchner", attaqué le député PS. Evoquant "de graves infractions à la morale publique", il ajoute : "si Bernard Kouchner a encore un honneur, il doit enfin s'expliquer sérieusement devant l'opinion publique".

Le député Vert, Yves Cochet, estime pour sa part que Bernard Kouchner devrait être interrogé par la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale.

De son côté, le député UMP de Paris, Claude Goasguen, a déclaré dans les couloirs de l'Assemblée que le ministre des Affaires étrangères devait d'abord s'expliquer tout en disant être "tombé des nues".

Et jeudi soir, c'est Nicolas Sarkozy qui a fermement défendu son ministre des affaires étrangères qu'il avait été tout heureux de détourner de la gauche au nom de sa politique d'"ouverture".

Le journaliste Pierre Péan décrit, dans "Le monde selon K.", les tâches de conseil rémunérées de Bernard Kouchner dans le passé auprès des autorités gabonaises, dont le président Omar Bongo est un pilier de l'influence française en Afrique. Il accuse le chef de la diplomatie française d'être intervenu auprès d'Omar Bongo le 25 mai 2007, alors qu'il était déjà nommé à la tête du Quai d'Orsay, pour demander le paiement de 800.000 euros de factures établies par deux sociétés de conseil, Africa Steps et Imeda, créées en 2002 par deux proches.

"Bernard Kouchner n'a jamais appartenu à la société Imeda dont il était l'un des consultants et n'avait donc aucune raison de se préoccuper du règlement des factures de celle-ci", s'était déjà défendu le ministre dans un communiqué publié en janvier, alors que des fuites sur le livre de Péan circulait dans Paris. "S'il a pu être amené à évoquer son rapport sur l'assurance maladie au Gabon avec le président Bongo, c'est uniquement pour s'informer de l'état d'avancement de la mise en oeuvre de la loi née de ce rapport", ajoutait le communiqué.

Lorsqu'il était encore dans l'opposition, Bernard Kouchner avait été critiqué pour avoir rédigé en 2003 un rapport rémunéré par Total et qui légitimait, selon ses détracteurs, la présence de cette multinationale en Birmanie où la dictature militaire est accusée d'avoir recours au travail forcé.

Face à toute cette polémique, quelle est votre opinion ? Exprimez-vous dans l'espace commentaires ci-dessous.