Le PS redoute un scrutin à marée basse

Par Hélène Fontanaud  |   |  705  mots
Martine Aubry sonne la mobilisation des socialistes pour éviter un échec électoral, qui risquerait d'ouvrir une nouvelle crise au PS.

L'invitation a été rendue publique samedi par Jean-Christophe Cambadélis, directeur de la campagne des élections européennes au Parti socialiste. Martine Aubry accueille ce mardi matin rue de Solferino les députés, sénateurs et parlementaires européens socialistes, ainsi que les présidents de conseils régionaux et généraux, "afin de lancer la mobilisation de l'ensemble des forces socialistes dans la dernière ligne droite de la campagne".

A moins d'un mois du scrutin, une certaine inquiétude affleure au PS. Les derniers sondages le créditent de 23% à 25% des voix le 7 juin mais les experts électoraux savent que les dernières semaines de campagne permettent habituellement aux "petits partis" de se faire entendre. Ils redoutent donc une déperdition des intentions de vote socialistes au bénéfice des écologistes, du NPA et, bien sûr, du Modem de François Bayrou. Certains responsables socialistes évoquent même le risque de voir les listes PS finir la course sous la barre des 20%? à 9 points du record établi en 2004, avec 29% des voix et 31 eurodéputés élus. D'autant plus que la participation s'annonce aussi en recul (44% dans la dernière mesure d'intentions de vote Ipsos-Le Point" - par rapport au dernier scrutin européen).

Le PS regarde logiquement du côté de l'UMP, où Nicolas Sarkozy a été intronisé chef officieux de la campagne. Le parti majoritaire est donné gagnant du scrutin du 7 juin par les instituts de sondage. Avec 26% à 27% des voix, il serait à 10 points au-dessus de 2004. Un résultat que ne manquerait pas d'exploiter le chef de l'Etat car les dernières élections européennes avaient été marquées par un vote sanction contre le couple Chirac-Raffarin après des régionales déjà largement gagnées par la gauche.

Pour ce cru 2009, Martine Aubry a, elle aussi, choisi d'appeler les Français à un vote sanction contre Nicolas Sarkozy, un axe de campagne critiqué aussi bien par l'UMP que par les écologistes rassemblés derrière Daniel Cohn-Bendit. Pour José Bové, tête de liste Europe Ecologie dans le Sud-Ouest, "c'est détourner les électeurs de leur faire croire qu'il y a un vote-sanction à travers les européennes" car "cette élection ne va rien changer au niveau national".

Le risque est grand en revanche de voir le PS s'enfoncer dans une nouvelle crise si les résultats sont en deçà des espérances le 7 juin. Les onze ans de règne de François Hollande, de 1997 à 2008, ont fait oublier que les majorités étaient parfois fragiles à la tête du PS. Un élu socialiste rappelle ainsi que, après sa défaite aux européennes de 1994, Michel Rocard avait été débarqué sans ménagement du premier secrétariat par une alliance entre Henri Emmanuelli et Laurent Fabius.

Aujourd'hui, les "présidentiables" du PS, Dominique Strauss-Kahn, Bertrand Delanoë ou François Hollande, suivent avec attention les premiers pas électoraux de Martine Aubry, qui compte asseoir son autorité sur le parti avec les européennes et les régionales de l'an prochain. Et ce matin, il y aura une absente à la réunion du PS. Ségolène Royal est à Athènes pour une conférence? sur l'avenir des gauches en Europe.

 

L'UMP à 27%, le PS à 21,5%, selon un sondage Ifop-Paris-Match
Selon un sondage Ifop pour Paris-Match, diffusé ce mardi 12 mai, l'UMP reste en tête des intentions de vote pour les européennes, accroissant, à 27%, son écart avec le PS (21,5%). Le parti majoritaire progresse d'un demi-point par rapport à une enquête IFOP d'avril, alors que le PS est en recul d'un point. L'écart entre les deux principales formations, qui était de 4 points le mois précédent, atteint donc 5,5 points en mai. Seule autre liste à passer la barre des 10%, le MoDem de François Bayrou recueille 13,5% (- 0,5) des intentions de vote.

Avec un score inchangé par rapport à avril, les listes FN affichent 7,5%. Elles devancent d'un demi-point à la fois le NPA d'Olivier Besancenot (7%, inchangé) et Europe Ecologie soutenue par Daniel Cohn-Bendit (7%, -0,5 point). Le Front de gauche (PCF-Parti de gauche) les talonne en gagnant un point (6,5% contre 5,5% en avril). Stabilité aussi à 5% pour les listes MPF-CPNT tandis qu'à 2%, LO recule d'un point. Les listes souverainistes soutenues par Nicolas Dupont-Aignan sont inchangées à 1% d'intentions de vote.