La prochaine arrivée de Jean Sarkozy à la présidence de La Défense fait polémique

Par latribune.fr  |   |  914  mots
La gauche tire à boulets rouges sur Jean Sarkozy, fils du chef de l'Etat et conseiller général des Hauts-de-Seine, qui devrait en décembre prendre la présidence de l'Etablissement public de La Défense, tandis que l'UMP justifie ce choix. Le fils du président se défend.

Conseiller général UMP des Hauts-de-Seine, Jean Sarkozy a obtenu jeudi dernier le soutien de la majorité à ce conseil, préalable à son élection au conseil d'administration de l'Epad (établissement public gérant le quartier de La Défense) le 4 décembre. Un membre du conseil d'administration a démissionné afin de favoriser son arrivée, et le fils du chef de l'Etat devrait ainsi prendre la présidence de l'Epad.

L'opposition a immédiatement crié au népotisme et juge que Jean Sarkozy, 23 ans, n'a pas les qualifications requises. "C'est insupportable", a déclaré lundi le député-maire socialiste d'Evry, Manuel Valls, sur iTélé. "Vous vous rendez compte, si Silvio Berlusconi mettait ses enfants à la tête d'établissements publics, qu'est-ce qu'on dirait?". "Il y a une reprise en main du clan Sarkozy sur le département, sur le coffre-fort que représente le département le plus riche de notre pays", les Hauts-de-Seine.

Pour le député socialiste Arnaud Montebourg, "c'est la destruction par les pratiques du pouvoir de l'esprit républicain et de la république". "Quel est le mérite de monsieur Sarkozy a part d'être le fils à papa ?", a-t-il demandé sur RMC. Maniant l'ironie, l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius a salué un geste en direction de la jeunesse : "la semaine dernière, monsieur (Martin) Hirsch a présenté un plan pour la promotion des jeunes et je suis sûr que c'est dans ce cadre que sa nomination est faite (...) On a besoin de quelqu'un qui soit un très bon juriste, or Monsieur Sarkozy est en deuxième année de droit, c'est quand même déjà un élément très très fort".

De son côté, l'ex-candidate à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, avait estimé dimanche que sa nomination "pouvait être un moyen pour son père de préparer l'élection présidentielle de 2012". "Ce sont des enjeux financiers très importants. Cela peut toujours servir avant une prochaine élection présidentielle, si vous voyez ce que je veux dire, de tenir ainsi les clés et de brasser des milliards d'euros".

Pour la vice-présidente du Front National, Marine Le Pen, "Nicolas Sarkozy prend la France pour une république bananière". "Passe-droit, privilège de naissance, confusion des genres, fait du prince, sont devenus le quotidien imposé aux Français", estime-t-elle dans un communiqué en affirmant que "cet étudiant semble-t-il médiocre, sans diplôme, sans expérience et sans compétence particulière, va régir le sort de 150.000 employés et brasser des milliards !".

En revanche, l'UMP a pris sa défense. "Il sera assisté et donc il sera aidé", a rétorqué Patrick Devedjian, actuel président de l'Epad, touché par la limite d'âge. Selon le ministre de la Relance, "c'est en forgeant que l'on devient forgeron". "C'est un garçon intelligent, il est capable d'apprendre", a-t-il poursuivi sur Radio classique.

Et le secrétaire d'Etat au Commerce, Hervé Novelli, s'est indigné sur RTL des attaques "médiocres" de l'opposition. "Jean Sarkozy a le droit de tenter et de réussir sa carrière. Au nom de quoi est-ce qu'il faudrait le lui interdire parce qu'il porte justement le nom de Sarkozy ?", a-t-il dit. Au journaliste qui lui demandait si Jean Sarkozy avait les qualifications suffisantes, il a répondu: "c'est une fonction non exécutive, une fonction honorifique."

Quant au porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefèbvre, il a critiqué un "procès d'intention (...) absolument détestable". "Cette attaque est pleine de sous-entendus, elle est indigne", a-t-il ajouté lors d'un point de presse.

Le président du MoDem, François Bayrou, a vu dans cette nomination "l'un des signes que tous les piliers solides sur lesquels notre pays s'était construit, en termes de principes, de décence, de raison, chancèlent et s'effritent". "Cela rappelle l'Empire romain", expliquait-il dans un entretien au Monde daté du week-end.

Et le principal intéressé ? Il répond dans une interview au site Internet du Parisien "quoi que je dise, quoi que je fasse, je serai critiqué. Depuis que je me suis lancé en politique, j'ai toujours fait l'objet de critiques. Quand on fait ce métier, il faut s'y attendre, s'y préparer. Mais je suis très déterminé, très motivé et j'observe que c'est surtout la gauche qui tire sur moi. Ce sont des attaques très partiales".
 

Pour lui, "on oublie vite, ou on fait mine d'oublier, que j'ai été élu conseiller général du canton de Neuilly-Sud au suffrage universel. Puis élu président de groupe au conseil général des Hauts-de-Seine par mes pairs". Il soulogne que "depuis deux ans, je suis sur le terrain, je travaille" et j'ai toujours été soutenu par la majorité".
 

A ses yeux,  "le procès en légitimité" que lui fait la gauche "on me le  fera toujours". Si je devais être jugé aux raccourcis, aux critiques, aux amalgames dont je suis l'objet, je serais probablement condamné à la perpétuité. Que je sache, mes racines sont ici, pas dans le Poitou, la Creuse ou le Béarn. Alors, il faudrait quoi ? Que je m'exile pour avoir le droit de me présenter ?". Quant à savoir s'il a parlé de ce futur poste avec son père, il répond : "il est évident que j'ai informé ceux qui me sont proches, c'est normal. Cela dit, je trace ma route".