Procès Clearstream : Villepin relaxé, prison pour Gergorin

L'ancien Premier ministre, Dominique de Villepin, a été relaxé ce jeudi par le tribunal correctionnel de Paris au procès Clearstream de dénonciation calomnieuse. En revanche, Jean-Louis Gergorin, ancien vice-président d'EADS, Imad Lahoud et Florian Bourges ont été reconnus coupables. Les deux premiers sont condamnés à de la prison ferme.

Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé ce jeudi l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin dans le procès de la manipulation menée en 2004 avec de fausses listes de comptes bancaires de la société Clearstream. Contre l'avis du parquet, qui demandait 18 mois de prison avec sursis et 45.000 euros d'amende contre lui, les magistrats jugent que l'accusation de "complicité de dénonciation calomnieuse" n'est pas établie. Les juges ont estimé qu'il n'existait pas de preuve qu'il ait donné une instruction frauduleuse, et qu'il n'est pas davantage complice du délit par son abstention. Dominique de Villepin était accusé d'avoir pris part à un complot visant à éliminer Nicolas Sarkozy, son rival à droite, de la course à la présidentielle de 2007.

Le tribunal déclare en revanche coupables Jean-Louis Gergorin, ancien vice-président d'EADS, condamné à trois ans de prison dont 15 mois de prison ferme - il annonce qu'il fait appel - , et Imad Lahoud, auteur présumé des fausses listes, qui écope aussi de trois ans de prison dont 18 mois fermes (et fait appel lui aussi), ainsi que le consultant Florian Bourges, condamné à quatre mois de prison avec sursis. Le journaliste Denis Robert est relaxé.

Nicolas Sarkozy, partie civile dans le procès, a annoncé qu'il était prenait acte du verdict et qu'il ne ferait pas appel (ce qu'il ne pouvait de toute façon pas faire, cette décision étant du seul ressort du Procureur de la République même si ce dernier est lié au pouvoir politique), selon Reuters. Mais son avocat, Maître Thierry Herzog, a déclaré sur RTL : "Deux lampistes ont été condamnés à des peines de prison lourdes et à des peines de prison ferme" alors "que ni l'un ni l'autre ne connaissent M. Nicolas Sarkozy, que ni l'un ni l'autre ne l'ont rencontré, et que (...) ni l'un ni l'autre n'auraient eu intérêt à faire figurer le nom patronymique de Nagy et Bocsa faussement sur des listings. Oui, il y a un complot et deux de ses auteurs sont condamnés. Dans cette affaire, le ou les commanditaires n'ont pas été condamnés. La justice a dit qu'il n'y avait pas assez de preuves pour condamner Dominique de Villepin".

Peu après le rendu du jugement, Dominique de Villepin s'est aussitôt déclaré prêt à "servir les Français". "Je n'ai aucune rancoeur, aucune rancune. Je veux tourner la page (...) C'est vers l'avenir que je veux me tourner pour servir les Français et contribuer, dans un esprit de rassemblement, au redressement de la France", a déclaré l'ancien Premier ministre, qui depuis quelques mois ne cache plus ses ambitions présidentielles pour 2012. "Après plusieurs années d'épreuve, mon innocence a été reconnue. Je pense en cet instant à ma famille, qui a connu jour après jour la rumeur et la suspicion. Je salue le courage du tribunal, qui a su faire triompher la justice et le droit sur la politique".

Invité ensuite sur France 2, l'ex-Premier ministre a rejeté l'argument du chef de l'Etat selon lequel les attendus du jugement étaient "sévères" à son encontre. "Ce n'est pas vrai, il n'a pas lus les attendus". Prié de dire quelle serait sa réaction si le parquet décidait de faire appel de sa relaxe, Dominique de Villepin a répondu : "Le parquet, nous le savons tous, c'est la garde des Sceaux et c'est le président de la République." "Donc, je n'imagine pas un instant qu'à travers une décision aussi claire, une décision qui ne laisse place à aucun doute...", a-t-il dit. Des proches de Nicolas Sarkozy ayant déploré que le tribunal de Paris n'ait condamné que des "exécutants", l'ancien Premier ministre a regretté que "la politique prenne ce tour politicien, qu'elle aille se nicher dans de telles attitudes." Dominique de Villepin n'a pas voulu dire s'il considérait la voie libre pour se présenter à l'élection présidentielle de 2012. "La préoccupation qui est la mienne, ce n'est pas 2012, la préoccupation qui est la mienne, c'est 2010, c'est aujourd'hui, c'est les difficultés auxquelles nous sommes confrontés, c'est la nécessité de savoir quelle est la meilleure politique à mener", a-t-il expliqué. Il a dit vouloir "offrir une alternative à une politique qui ne produit pas de résultat, qu'il s'agisse de l'emploi, de la compétitivité de la France ou de la dette".

Commentaires 6
à écrit le 30/01/2010 à 15:11
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Dans le besoin de réflexions,qui nous permettrai de faire face à la mondialisation,qui nous permettrai d'affronter l'empire financier,nous avons 2 personnages,qui veulent jouer un rôle mondial,mais le costume est bien trop large pour eux.Bilan,ils fl...

à écrit le 28/01/2010 à 15:27
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nos politicards s'étripent, à gauche comme à droite, nos BULETINS UMP seront NULS puisque la médiocrité l'emporte - la NULLITé triomphe - qu'ils se battent entre eux, cela donne une bonne idée de la connerie pure et dure de nos politicards de basse c...

à écrit le 28/01/2010 à 13:00
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L'absence de sanction contre Villepin était courrue d'avance . On sait bien que les juges font tout ce qu'ils peuvent pour contrer SARKO ; en plus du Conseil constitutionnel , il y a les juges gauchistes. Mais cela n'empêchera pas la réforme de la ju...

à écrit le 28/01/2010 à 12:31
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Parodie de justice encore . En 2010 la justice est elle vraiment indépendante et impartiale ? Pauvre France tout fout le camp

à écrit le 28/01/2010 à 12:26
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Sarkozy ne va pas faire appel ! Les parties civiles ne peuvent pas faire appel, seul le procureur le peut. Si il a vraiment dit cela, cela montre une certaine confusion dans son esprit et en tout cas est révélateur de l'indépendance du procureur ...

à écrit le 28/01/2010 à 11:28
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Tant mieux pour Villepin, ce procès, pour presque rien, était digne des précieuses ridicules. On notera toutefois avec une pensée charitable que les condamnés n'ont évidemment pas de passé politique, ce qui les rend condamnables sans danger électoral...

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