Alain Juppé tire à boulets rouges sur Sarkozy et rêve de 2012

Alain Juppé, classé dans plusieurs sondages comme l'un des "présidentiables" les plus crédibles à droite, tacle le chef de l'Etat sur de nombreux points. "Je ne suis pas anti-Sarkozy, j'ai de l'amitié pour lui" mais "dans notre société de l'instantanéité absolue, de l'inconstance, il y a des tendances profondes qu'il faut sentir. Je ne crois pas à la rupture, je n'y ai jamais cru".

L'ancien Premier ministre Alain Juppé se sent décidément pousser des ailes. Il s'était déjà dit prêt à participer à une primaire à droire si le Chef de l'Etat ne se représentait pas. Et il avait fait entendre sa différence en souhaitant l'arrêt - au moins provisoire face à la crise et aux efforts attendus sur les retraites - du bouclier fiscal, rejoint en cela depuis par nombre de parlementaires UMP et centristes.

Il remet le couvert ce week-end dans un entretien au Monde. Il s'y déclare à nouveau prêt à être candidat à la prochaine présidentielle si le chef de l'Etat ne se présente pas en 2012. Le maire de Bordeaux, qui a récemment annoncé la création d'un "think tank" politique, explique qu'il va préciser son "offre autour de deux ou trois sujets qui (lui) tiennent à coeur". Il affirme certes se situer "dans la majorité" mais revendique sa "liberté de parole" et souhaite "autant que possible transcender les étiquettes politiques".

Alain Juppé, classé dans plusieurs sondages comme l'un des "présidentiables" les plus crédibles à droite, tacle le chef de l'Etat sur de nombreux points. "Je ne suis pas anti-Sarkozy, j'ai de l'amitié pour lui" mais "dans notre société de l'instantanéité absolue, de l'inconstance, il y a des tendances profondes qu'il faut sentir. Je ne crois pas à la rupture, je n'y ai jamais cru". Il dénonce le "rythme des réformes" - "on ne peut pas tout faire en même temps" - ou la réforme des collectivités territoriales qui, "dans son calendrier et ses modalités, nous a coûté cher" lors des élections régionales.  Il critique aussi l'abandon de la taxe carbone et le débat "détestable" lancé sur l'identité nationale. Cette thématique est "de nature à monter les communautés les une contre les autres" alors que "nous avons besoin de rassemblement, de réconciliation, de recherche du consensus pour progresser". Il revient aussi à la charge sur la nécessité de revenir sur le bouclier fiscal : "ce que je ne digère pas, c'est le triomphe de la cupidité".

"De la sarkofolie à la sarkophobie"

Pour lui,  le Président de la République reste tout de même  "le candidat naturel de la droite en 2012". Mais il considère que le "style" de Nicolas Sarkozy explique "incontestablement" une partie du "désamour" qui s'est exprimé à l'égard de l'UMP lors des élections régionales de mars. "Après la Sarkofolie, la Sarkophobie". Il appelle cependant à "relativiser les mouvements d'opinion. Tout cela va et vient". Et il lui donne ce conseil conseil "lorsqu'on arrive à un tel désamour, mieux vaut chercher, autant que possible, le consensus. J'en parle en connaissance de cause", allusion à son propre départ de Matignon, sous les critiques après l'échec de sa tentative de réforme des retraites en 1995 qui avait déclenché une vague de grèves soutenue par l'opinion. .Alain Juppé considère tout de même - rare laurier adressé au Chef de l'Etat dans cet entretien - que le Président de la République a bien  géré la crise.

Dans le cas d'une primaire à droite, il souligne que face aux autres prétendants présidentiels - Dominique de Villepin ou Jean-François Copé - il a "un avantage et un inconvénient: j'ai dix ans de plus qu'eux!" Il se prononce au passage contre une loi d'interdiction générale de la burqa, que réclame le président du groupe UMP à l'Assemblée, Jean-François Copé. Elle risquerait "de donner le sentiment d'une stigmatisation de l'islam", juge l'ancien Premier ministre.

Selon un sondage Ifop paru jeudi dans Paris Match, la cote de Nicolas Sarkozy est au plus bas depuis son arrivée à l'Elysée, avec seulement 33% de Français satisfaits - une tendance observée par la plupart des instituts de sondage depuis les régionales.

Commentaires 5
à écrit le 14/04/2010 à 18:44
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Le CANADA lui manque à ce point ????

à écrit le 12/04/2010 à 9:06
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Il est malin ce Juppé ! comme-ci Sarkosy allait lui laisser la place ! en réalité il veut la place de Fillon. J'imagine Sarkosy-Juppé en tête-à-tête lors de confrontation inévitable ce serait amusant, c'est dommage c'est toujours à huis clos. Comme c...

à écrit le 12/04/2010 à 8:01
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les éternels louvoiements...

à écrit le 12/04/2010 à 4:47
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Prions tous ensemble le ciel pour que jamais au grand jamais, un tel individu ne puisse accéder au poste suprême !

à écrit le 11/04/2010 à 20:38
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Il en a les moyens dans tous les sens du terme.

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