Polémique après les propos d'Estrosi sur les maires défaillants en matière de sécurité

La proposition du ministre Christian Estrosi (UMP), visant à sanctionner des municipalités défaillantes en matière de sécurité, a créé la polémique, avec de virulentes protestations à gauche.

Dans le Journal du Dimanche de ce week-end, le maire de Nice et ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, est rentré avec fracas dans le débat sur la sécurité, proposant de s'inspirer de la loi SRU contraignant des communes de plus de 3.500 habitants à un quota de logement social, sous peine de sanction: "je propose que les municipalités qui ne se conforment pas à leur obligation de sécurité, de prévention de la délinquance, de lutte contre l'absentéisme scolaire et de réforme des règles d'urbanisme, soient condamnées à une très forte amende".

Christian Estrosi a notamment épinglé Michel Destot, maire PS de Grenoble, théâtre de violences urbaines en juillet, "qui n'a rien fait pour sécuriser sa commune", et parlé de "renoncement" de la numéro un socialiste et maire de Lille, Martine Aubry.

A droite, si Marc Laffineur (UMP), vice-président de l'Assemblée nationale, a regretté qu'on "stigmatise" les élus locaux oul les maires, pour Philippe Goujon, député-maire (UMP) du XVème arrondissement de Paris, "c'est à une mobilisation générale qu'il convient de procéder et les maires doivent s'engager autant que l'Etat".

De son côté, l'ex-maire de Grenoble Alain Carignon (UMP) a accusé son successeur de "non assistance à quartier en danger". "Michel Destot n'est plus la solution aux problèmes de Grenoble, il est une partie du problème", selon l'ancien ministre RPR.

Pour Louis Nègre, sénateur-maire (UMP) de Cagnes-sur-Mer, "la loi de 2007 qui a donné des pouvoirs supplémentaires aux maires est trop méconnue ou délaissée pour des raisons parfois idéologiques comme le refus d'un soi-disant "maire-shérif". Elle donne pourtant des outils précieux - Conseil des familles, rappels à l'ordre - pour agir au stade de la prévention, notamment en coordonnant tous les acteurs de la sécurité. C'est ainsi que la délinquance a fortement baissé dans ma ville de 50.000 habitants. Et qui est mieux placé que le maire pour assurer la tranquillité publique dans sa ville ? Les élus locaux ne doivent plus hésiter à être co-auteurs de la sécurité, en s'emparant de toutes les possibilités que leur donne la loi".

A gauche, Jean-Pierre Sueur, sénateur socialiste du Loiret, a estimé que "les nouvelles provocations et outrances de Christian Estrosi s'inscrivent dans un plan délibéré et organisé d'agressions contre un grand nombre de collectivités locales. Nicolas Sarkozy avait annoncé que les collectivités locales "mal gérées" seraient pénalisées financièrement et le projet de loi sur les collectivités locales prévoit de réduire nombre de prérogatives. Tout cela va dans le même sens. C'est le retour à la pire des tutelles, la négation la plus caricaturale et la plus cynique de la décentralisation".

De son côté, Marie-George Buffet, député de Seine-Saint-Denis, ex-numéro un du Parti communiste français, a jugé que "M. Estrosi veut pénaliser les maires des communes où se posent des questions de sécurité. De qui se moque-t-on ? Elue d'un département qu'affectionne particulièrement M. Sarkozy pour le stigmatiser, je sais trop combien la souffrance de sa population résulte avant tout de sa politique et de celle de son gouvernement. Voilà maintenant qu'ils veulent nous faire vivre sous le règne du western et de ses shérifs ! Eh bien, il ne faut pas les laisser faire ! Ceux qui ont table ouverte au Fouquet's n'ont pas de leçon +budgétaire+ à donner aux familles modestes".

Enfin, pour le Parti de Gauche, "c'est en tant que maire de Nice que Christian Estrosi appelle à sanctionner les maires qui n'appliqueraient pas les lois sarkozyennes sur la sécurité. Quelle impudence de la part d'un élu qui viole sciemment la loi en refusant de construire dans sa ville 20% de logements sociaux ! Décidément, ce pouvoir est celui du deux poids-deux mesures. Dur avec les pauvres privés de droit comme les Roms, soumis devant les riches, comme ceux qui font de la Côte d'Azur une zone hors-la-loi".

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