Delanoë invente la rigueur à géométrie variable

Le maire de Paris a vu l'ensemble de ses indemnités croître de 51 % depuis 2001.
La Tribune

Datée du 8 novembre, la lettre adressée par Bertrand Delanoë au président de la Chambre régionale des comptes (CRC) d'Ile-de-France devait éteindre le feu allumé par les magistrats de la CRC. Ces derniers, dans un rapport daté de la fin juillet, mais qui ne sera soumis au Conseil de Paris qu'en ce début de semaine, dressent un tableau assez peu reluisant de la gestion des ressources humaines de la ville et du département de Paris.

Pour désamorcer une partie des critiques, le maire de la capitale a donc informé Jean-Yves Bertucci, président de la CRC, que la prime départementale versée au titre de 2010 « aux 60 plus hauts cadres » de l'administration parisienne sera diminuée au titre de l'année 2010 d'un montant moyen de 15 %. « Cette baisse atteindra en moyenne 20 % de cette prime pour les dix cadres les mieux rémunérés », précise même la lettre de Bertrand Delanoë. Ainsi, pour le secrétaire général de la ville de Paris, cela revient à ramener le plafond de cette prime annuelle de 40.000 à 32.000 euros, soit une baisse de 666 euros par mois. Bertrand Delanoë fait de plus remarquer dans son courrier qu'il a lui-même décidé il y a un an de baisser de 20 % sa propre indemnité pour frais de représentation, la ramenant de 2.417 euros à 2.054 euros (montant communiqué par la mairie de Paris).

Au-delà de la différence des efforts consentis par le maire et le secrétaire général (quasiment un rapport de un à deux), on peut observer que les frais de représentation de Bertand Delanoë n'ont baissé que de 15 %...

contre-attaque

Par ailleurs, il n'est pas certain que la contre-attaque du maire de la capitale suffise à calmer l'opposition municipale. L'examen sur longue période des indemnités perçues par Bertrand Delanoë (voir graphique ci-contre) depuis qu'il est à la tête de la ville prouve que la rigueur qu'il s'impose depuis 2009 est toute relative.

Entre 2008 et 2010, l'enveloppe mise à sa disposition ? qui inclut trois éléments : l'indemnité au titre du conseil municipal, l'indemnité au titre du conseil général et celle pour frais de représentation ? s'inscrit en recul de 1,7 % à 10.782 euros par mois (en brut). Mais depuis 2001, cette enveloppe a progressé de... 51 %. Ceci s'explique à la fois par l'instauration en octobre 2002 de l'indemnité pour frais de représentation (costumes, repas, fleurs... détaillait le maire en 2007) et à partir de la même date d'une très nette revalorisation de l'indemnité reçue au titre de sa fonction de patron du conseil général. En plus des 10.782 euros évoqués plus haut, rappelons que Bertrand Delanoë touche aussi deux retraites ? député et sénateur ? pour un total de 2.700 euros. Éric Chol et Anne Eveno

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