Discours de Fillon : UMP et centristes approuvent, PS et PC attaquent

L'UMP et les centristes approuvent le projet gouvernemental de François Fillon, le PS et le PC critiquent le bilan du Premier ministre renouvelé.
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Soutien sans faille de l'UMP

"Sous l'impulsion du président de la république, la majorité s'est mise en ordre de marche. Avec une équipe gouvernementale resserrée, avec une majorité parlementaire rassemblée, nous nous donnons les moyens pour relever les défis majeurs des mois qui viennent", a déclaré Christian Jacob, ancien ministre et nouveau patron des députés UMP, à la tribune de l'Assemblée. "Monsieur le Premier ministre (...) avec tous mes amis députés (UMP), je veux vous dire que nous (votons) avec enthousiasme la confiance. Nous le (faisons) avec une détermination sans faille, sûrs que le chemin parcouru est porteur d'espoirs et que le cap fixé est fidèle à nos valeurs".

"Nous avons la confiance des Français quand nous sommes au rendez-vous sur nos valeurs: de la sécurité à la compétitivité de notre économie, de la solidarité nationale au respect des valeurs républicaines. Nous avons la confiance des Français quand nous leur disons sans peur la vérité, en proposant un chemin de courage et de justice (...) Nous avons leur confiance quand nous ouvrons de nouvelles perspectives ambitieuses pour la France. Dans cette ambition, nous sommes avec vous", a insisté Christian Jacob.

Les centristes approuvent tout en faisant entendre leur différence

"Le rassemblement passe par la reconnaissance de la diversité comme une chance: diversité sociale, diversité politique, diversité syndicale", a déclaré le président des députés du Nouveau Centre, François Sauvadet, en réponse au Premier ministre. 

Le député de Côte-d'Or a aussi milité pour "un pacte avec la jeunesse". "Je pense qu'il faudra retisser et renouer un vrai dialogue social. Pas d'une manière frileuse mais pour faire que chacun des acteurs de l'avenir puisse rendre notre société plus juste". François Sauvadet a de nouveau plaidé pour la suppression du bouclier fiscal, désormais au programme de la majorité parallèlement au remplacement de l'ISF par un impôt sur les revenus du patrimoine.

"Trois années d'échec", dénoncent les socialistes

"Vous vous présentez aujourd'hui en dépositaire d'un nouveau souffle, en initiateur d'une nouvelle impulsion, mais en vous succédant à vous-même, vous êtes surtout l'incarnation de ces trois années d'échec", a lancé François Brottes, premier vice-président des députés PS, au Premier ministre. "Vous vouliez renouveler notre démocratie, changer la politique (...) Aujourd'hui, c'est l'ouverture qui cède à la fermeture". "Vous projetiez de rétablir une situation budgétaire à l'équilibre en 2012 (...) Le déficit public n'est plus de 2,7% mais de 7,7% du PIB !", a critiqué l'élu PS.

"C'est vrai que vous n'aviez pas prévu la crise (...), mais vous l'avez aggravée", a-t-il ajouté, en relevant que, selon la Cour des comptes, "moins de la moitié du déficit résulte de la crise économique". "Vous annonciez une "république irréprochable" (...). A la crise financière, vous avez ajouté une crise morale", a encore attaqué François Brottes. "Il vous reste dix-huit mois pour tenter d'effacer ce passif. Hélas, vos efforts de redressement portent pour l'essentiel sur une politique de communication conjointe avec le président".

Sans surprise, le PC critique tous azimuts

"Vous êtes plus que jamais dans les postures idéologiques et les réflexes claniques. Les urgences sociales et les difficultés que rencontrent nos concitoyens sont à nouveau ignorées", a critiqué de son côté Roland Muzeau, porte-parole des députés communistes. "Votre priorité n'est pas de retrouver le chemin de la croissance (...) dans l'intérêt de tous, mais de rassurer des marchés financiers qui spéculent sur les dettes des pays européens et ont décidé de mordre aujourd'hui la main de ceux qui les ont hier sauvés du naufrage".

Mais "il n'y a pas de fatalité. La crise c'est vous!", a ajouté Roland Muzeau. "Ce n'est pas votre responsabilité que vous engagez aujourd'hui, c'est l'avenir de notre pays car vous prenez en réalité l'engagement de persister dans l'injustice et l'irresponsabilité", a-t-il souligné avant d'annoncer que son groupe voterait contre l'engagement de responsabilité du Premier ministre.

Les autres réactions politiques...

Marine Le Pen, vice-présidente du Front national, écrit dans un communiqué : "les Français n'en attendaient rien et ils ont eu raison: tout comme le remaniement, le discours de politique générale de François Fillon a confirmé que rien ne changerait d'ici 2012 (...) François Fillon a répété à l'envi sa volonté de continuer à "réformer" mais la "réforme", dans sa bouche comme dans sa politique, ne signifie qu'une seule chose: se soumettre aux dogmes de la mondialisation ultralibérale et de l'Union européenne".

Claude Bartolone, député PS de Seine-Saint-Denis, a déclaré à l'AFP : "dans le cadre de la pratique des institutions voulues par le président de la république, le Premier ministre n'a pas de marge. Le président de la république n'ayant rien annoncé comme nouvelle politique (...), on ne pouvait pas attendre de grande annonce de la part de François Fillon. Sur le fond et la forme, cela a été une véritable déception".

Jean-Paul Huchon, président PS de la région Ile-de-France (communiqué) : "le Premier ministre reconnaît enfin le rôle éminent des régions dans l'apprentissage et l'alternance. Il serait plus crédible si son précédent gouvernement n'avait cessé d'attaquer toutes les collectivités en rognant sur leurs moyens, leur autonomie fiscale, en imposant une réforme territoriale néfaste".

Jean-Pierre Brard, député apparenté PCF de Seine-Saint-Denis (communiqué) : "il en va des gouvernements Fillon comme des Harry Potter. Le premier avait déjà été difficile à regarder jusqu'au bout, le dernier est, dès le début, insupportable".

Henri Emmanuelli, député PS des Landes (communiqué) : "nous venons d'assister à une déclaration de politique générale que la grandiloquence littéraire plaçait en situation de hors-sol, qui ne s'interdisait aucune outrance vis-à-vis de l'opposition ou de la réalité (...) A l'évidence, elle avait pour objectif prioritaire la réanimation d'un enthousiasme majoritaire défaillant que le remaniement n'a pas réussi à raviver et qui connaît des divisions sérieuses".

... patronales et syndicales

Dans un communiqué, le Medef "salue l'ambition de compétitivité pour la France exprimée par le Premier ministre au cours de son discours de politique générale et partage son souhait de retrouver des marges de man?uvre par une baisse des déficits sans augmenter les prélèvements obligatoires." "Nous prendrons pleinement part à la réflexion proposée sur le financement de la protection sociale", affirme l'organisation patronale présidée par Laurence Parisot.

 

 

"Par ailleurs, le Medef a engagé une série de rencontres bilatérales avec les organisations syndicales. C'est à l'issue de ces entretiens qu'il se prononcera sur les modalités d'un agenda social 2011. Le Medef, désireux de la constitution d'un véritable espace de démocratie sociale, plaide continûment depuis 2005 pour le renforcement de la légitimité et de l'autonomie des partenaires sociaux. Toute proposition dans ce domaine, y compris sur la représentativité patronale, doit intégrer que les deux enjeux de légitimité et d'autonomie des partenaires sociaux sont indissociables".

Pour FO, "le discours de politique générale du Premier ministre, sur un ton électoral, est sans grande surprise. Il a confirmé les orientations de rigueur ou d'austérité qui ne font qu'aggraver l'activité économique et le chômage. En matière sociale ces derniers mois, l'autorité de l'Etat s'est muée en autoritarisme, comme l'a montré la contre-réforme des retraites que FO continuera à dénoncer. S'agissant de la négociation entre interlocuteurs sociaux, l'agenda social relève de la responsabilité de ceux-ci, non de l'Etat".

La CGPME (patrons de PME) estime que le Premier ministre a "fait du renforcement de la compétitivité des entreprises une priorité en rappelant, fort à propos selon nous, que la fiscalité pesant sur les entreprises dépassait de cinq points la moyenne européenne. Sur le plan social, "flexisécurité" et insertion des jeunes constituent effectivement des chantiers majeurs auxquels les partenaires sociaux, dont la CGPME, se sont déjà attelés. En tout état de cause, il conviendra de mettre en oeuvre des mesures pour inciter les PME, déjà largement sollicitées, à accueillir des jeunes, sans quoi les objectifs ambitieux affichés resteront des voeux pieux".

Enfin, pour Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC (encadrement), "le discours de politique générale est lucide (...) Réduire les déficits ? Bien sûr! Mais quels choix vont être opérés pour dynamiser la croissance, source d'emplois ? (...) En matière d'emplois, qu'il s'agisse d'insertion des jeunes, de maintien des seniors dans l'emploi ou de mise en oeuvre de la sempiternelle flexisécurité (...), tout reste à faire (...) En matière de protection sociale (...), le Premier ministre parle de concertation pour déterminer ce qui doit relever de l'assurance obligatoire ou facultative, collective ou individuelle. Cet aveu d'enterrement des principes fondateurs de la Sécurité sociale de 1945 marque une régression. La CFE-CGC ne l'admet pas".

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