Economie et politique : les idées de la droite et celles de la gauche pour la présidentielle

En vue des élections présidentielles de 2012, l'UMP prépare sa boîte à idées et s'interroge sur l'opportunité d'un virage libéral. De leur côté, les dirigeants du parti socialiste réfléchissent eux aussi et hésitent entre pragmatisme et priorités sociales. Revue de détail des réflexions en cours dans chaque camp. Faites votre choix.
Copyright Reuters

A L'UMP

Des « brèches ». C'est ainsi que Jean-François Copé décrit la réforme des retraites et l'offensive de l'UMP sur les 35 heures. Autant dire que le secrétaire général du parti majoritaire assume en termes guerriers ce réveil tonitruant de la bataille droite-gauche, à un an de la campagne présidentielle.

« Il faut que le débat imprègne l'atmosphère. 2012, c'est déjà demain ! » martèle le patron de l'UMP. Des débats, il entend en lancer sur des sujets aussi variés que la gouvernance, l'apprentissage des langues ou le « travailler mieux », dont il ferait bien le slogan de la campagne pour la réélection de Nicolas Sarkozy. Il n'y a que sur l'identité nationale que le député-maire de Meaux a reculé, après l'échec du débat animé par Éric Besson. Jean-François Copé parle désormais de « pacte républicain », une expression moins « repoussoir ».

Dans cette offensive, l'UMP bénéficie parfois du concours de personnalités de gauche, comme Manuel Valls, salué mercredi par le porte-parole du gouvernement, François Baroin, comme « un socialiste éclairé ». La stratégie est simple : bombarder médiatiquement tout le champ idéologique pour offrir à Nicolas Sarkozy de multiples pistes de réflexion avant son entrée en scène, au plus tôt fin 2011 et au plus tard au printemps 2012. Le chef de l'État a d'ailleurs appelé mercredi ses ministres à ne pas « anticiper des échéances électorales encore lointaines » et à éviter les « polémiques ». Mais il a tenu à faire la différence entre « le débat de fond, comme la fiscalité et les 35 heures, et l'attitude des ministres qui polémiquent avec des membres de la majorité », allusion au match Chantal Jouanno-Rachida Dati pour les municipales de 2014 à Paris.

En donnant un feu vert au débat, Nicolas Sarkozy se garde bien de trancher entre « libéraux » et « sociaux » de la majorité. Il regarde ainsi les « ultras » Gérard Longuet et Hervé Novelli monter en première ligne sur les 35 heures.

Quand il a laissé Jean-François Copé s'installer en novembre à la tête de l'UMP, Nicolas Sarkozy lui a reconnu le rôle d'agitateur d'idées que le député-maire de Meaux revendiquait depuis 2007. Et c'est un des proches du secrétaire général de l'UMP, l'ex-villepiniste Bruno Le Maire, qui est chargé de l'élaboration du projet de l'UMP pour 2012.

Mais Nicolas Sarkozy doit aussi compter avec François Fillon, avec qui Jean-François Copé déjeunait mercredi. Lors du premier conseil national de l'UMP de « l'ère Copé », en décembre, le Premier ministre, conforté par sa reconduction à Matignon lors du remaniement de novembre, n'avait pas hésité à « tacler » les propositions du nouveau patron du parti sur l'identité nationale et le recours aux « think tanks » pour l'élaboration du programme présidentiel.

Le chef de l'État écoute d'autres ténors réticents à tout virage libéral, comme Xavier Bertrand, prédécesseur de Jean-François Copé à l'UMP et éternel rival du député de Meaux. Le ministre du Travail, qui reste en cour à l'Élysée, a manifesté son opposition à la réouverture du débat sur les 35 heures, estimant que le « vrai débat » devrait plutôt porter sur le coût du travail.

Le débat reste d'autant plus libre à droite que la gauche est encore loin d'être en ordre de bataille. La situation sera bien différente une fois que le projet et le candidat du PS seront connus.

Durée du travail : substituer aux 35 heures une flexisécurité à la française

Faire table rase du passé, c'est le mot d'ordre de Jean-François Copé à l'UMP. « On change tout », a-t-il d'ailleurs martelé mardi, en référence à l'action menée par son prédécesseur rue La Boétie, Xavier Bertrand. Et c'est sur les 35 heures, domaine d'expertise reconnu de son rival, devenu ministre du Travail, qu'il a décidé de pousser les feux. Feux qu'il avait allumés à la mi-décembre mais spectaculairement attisés ces derniers jours par le député PS Manuel Valls.

Sur ce thème, Jean-François Copé sait pouvoir compter sur le libéral Hervé Novelli. Ce dernier défend l'idée d'un « nouveau contrat social » qui serait porté par le candidat du parti en 2012. En substance, il s'agit de substituer aux 35 heures plus de flexibilité pour les employeurs et plus de sécurité dans le parcours professionnel pour les salariés. L'État gagnerait en échange la réduction des allégements de charges sociales consentis aux entreprises. Pour en finir définitivement avec les 35 heures, Hervé Novelli propose de confier aux partenaires sociaux le soin de fixer la durée du travail après 2012. Si les syndicats défendent bec et ongles les 35 heures, le Medef s'est félicité mercredi de la réouverture du débat, tout en soulignant que la suppression des allégements des charges liés à la durée du travail « aurait des effets désastreux sur l'emploi ».

Constant sur le sujet, Xavier Bertrand rappelle que les 35 heures ont été vidées de leur substance, via les différents aménagements mis en place par la droite et que la question centrale n'est pas celle de la suppression des 35 heures mais celle du coût du travail et de la compétitivité du travail. Tandis que François Baroin, ministre du Budget, considère que les 35 heures « sont mortes et enterrées ».

Si la suppression de la durée légale du travail, qui divise la droite, a peu de chances d'être inscrite noir sur blanc dans le programme du candidat de l'UMP, la création d'une flexisécurité à la française a, elle, toutes les chances d'être retenue. Chère aux partenaires sociaux, elle était déjà dans le programme du candidat Sarkozy à la présidentielle de 2007.

Fiscalité : s'attaquer à l'ISF grâce à la suppression du bouclier fiscal

Un vieux rêve à portée de main ? La disgrâce du bouclier fiscal dans l'opinion publique a permis à la droite de relancer le débat sur la fiscalité du patrimoine. Et plus précisément de porter une nouvelle fois le fer contre l'ISF, l'impôt sur la fortune. Un outil symboliquement aussi fort que le bouclier fiscal... mais d'un poids financier bien plus important, puisque l'ISF permet à l'État de récupérer ainsi quelque 4 milliards d'euros par an.

C'est justement là où se complique l'affaire. Le gouvernement est certes prêt à abandonner le bouclier fiscal, mesure phare de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007. Mais supprimer l'ISF est une autre affaire : l'État ne peut pas se passer d'une telle manne. Il lui faut en tout cas dégager de nouvelles marges de manoeuvre fiscales. Plusieurs voix éminentes dans la majorité ont proposé cet automne de créer une nouvelle tranche d'imposition pour les très hauts revenus, mais Nicolas Sarkozy a fait savoir qu'il y était opposé : pas de hausses d'impôts, telle est la ligne principale de la réforme fiscale promise au printemps prochain.

Avec un tel cadrage, le débat sur la fiscalité du patrimoine s'annonce donc forcément contraint. Et l'ISF pourrait finalement n'être qu'allégé, avec un relèvement du seuil d'imposition (800.000 euros) ou une hausse de l'abattement sur la résidence principale.

La réflexion au sein de l'UMP sur la fiscalité ne se limite toutefois pas à ce seul débat. Le nouveau patron de l'UMP, Jean-François Copé, a lui-même relancé cet automne la proposition d'une « TVA antidélocalisation ». L'objectif d'une hausse de la TVA en contrepartie d'une baisse des cotisations sociales employeurs et salariés est d'abaisser le coût du travail et de faire contribuer les importations au financement de la protection sociale. L'idée souffre cependant là aussi d'un gros handicap : nul n'a oublié que l'évocation d'une TVA sociale en pleine campagne législative de 2007 avait coûté beaucoup de sièges de députés à la droite.

Protection sociale : faire financer la dépendance par l'épargne et l'assurance

C'était au printemps dernier, au ministère du Travail. Éric Woerth organise une rencontre thématique sur la réforme des retraites. Au premier rang, Gérard Longuet, président du groupe UMP au Sénat, s'impatiente. Il finit par se lever pour faire une proposition : pourquoi ne pas profiter de la réforme des retraites pour instiller une dose de capitalisation ? Refus immédiat et catégorique d'Éric Woerth : pas question de rouvrir le débat des fonds de pension. Une ligne qui sera strictement tenue par le gouvernement pendant tout le débat parlementaire, malgré les initiatives (isolées) de certains parlementaires UMP.

La réforme des retraites passée, reste celle à venir destinée à assurer le financement de la dépendance. Et là encore l'assurance privée revient par la petite porte, au grand dam de ceux qui souhaitent que cela reste du domaine de la solidarité par l'intermédiaire de la Sécurité sociale. En indiquant en novembre, lors d'une intervention télévisée, qu'il souhaitait « la création pour la première fois depuis la Libération d'un nouveau risque, d'une nouvelle branche de la Sécurité sociale : le cinquième risque », le chef de l'État a quelque peu noyé le poisson. Alors qu'un débat sur la dépendance va être lancé dans les prochains jours, les différents acteurs de ce secteur s'emploient à défendre leurs arguments auprès des politiques. Notamment les assureurs privés qui défendent l'une des pistes du rapport Rosso-Debord sur la dépendance, à savoir l'obligation pour les plus de 50 ans de souscrire une assurance perte d'autonomie liée à l'âge. Cette assurance pourrait être une complémentaire, du type assurance-maladie. Introduire une dose de financement privé à caractère obligatoire dans ce domaine suscite un fort débat, y compris dans les rangs de la majorité où s'affrontent là encore les libéraux et les défenseurs de la solidarité nationale. Compte tenu du timing, la question devrait largement être débattue dans les prochains mois, mais a toutefois peu de chances d'être tranchée.

Les penseurs de l'Élysée

Le jeune normalien Jean Baptiste De Froment, conseiller à l'Éducation auprès de la présidence de la République, a organisé depuis septembre deux groupes de travail, réunissant une vingtaine de personnes, pour plancher sur les futurs sujets de campagne. Parmi les intervenants, on trouve plusieurs jeunes technos de l'Élysée (Julien Vaulpré, « M. Opinion publique », Nicolas Princen, en charge d'Internet...) mais aussi certains conseillers ministériels et des personnalités extérieures, comme Dominique Reynié, délégué général de la Fondation pour l'innovation politique ou Vincent Chriqui, directeur général du Centre d'analyse stratégique.

Les conseillers proches du président (Henri Gaino, Patrick Buisson ou le récemment arrivé Jean Castex, successeur de Raymond Soubie) alimentent aussi de leurs idées le chef de l'État.

Les « historiques » Claude Guéant et Franck Louvrier conservent un droit de regard sur la production de leurs troupes. Emmanuelle Mignon, qui avait été la boite à idées de Nicolas Sarkozy en 2007, a pour sa part quitté l'Élysée en décembre 2009.

Ceux qui planchent à l'UMP

Jean-François Copé installera le 18 janvier « le conseil des ?think tanks? et des clubs », qui fédérera toutes les instances de réflexion de la droite et qui sera piloté par Valérie Pécresse. Le secrétaire général de l'UMP prévoit un travail sur le fond tout au long de l'année 2011, avec cinq à six grandes conventions nourries par les travaux du parti et des cercles de réflexion. Avant remise de la copie à Nicolas Sarkozy à l'automne 2011.

Jean-François Copé a confié à Bruno Le Maire l'élaboration du projet présidentiel. Le ministre de l'Agriculture, ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin, appartient, avec Jean-François Copé, François Baroin et Christian Jacob, à la « bande des quatre » qui veut créer « les conditions de la victoire en 2012 ». Ex-chiraquiens, ils affichent tous leur loyauté à l'égard de Nicolas Sarkozy.

Xavier Bertrand, l'homme du "niet" sur les 35 heures

Fidèle de Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand s'est plié sans rechigner aux désirs du chef de l'État lors des remaniements de novembre au gouvernement et à l'UMP. Mais, bien décidé à barrer la route de 2017 à son rival Jean-François Copé, le député-maire de Saint-Quentin s'est rapproché de François Fillon. Et ne manque pas une occasion de faire entendre sa différence avec Jean-François Copé lors des bureaux politiques de l'UMP. Sur les 35 heures, le ministre de l'Emploi joue même l'opposition frontale. « C'est ?niet? », a-t-il dit en décembre, en estimant qu'une nouvelle réforme conduirait les salariés à « travailler davantage, en étant payés autant ou moins », et à revenir sur des allégements de charges, utiles en termes de compétitivité.

Jean-François Copé, l'homme qui a "topé" avec Sarkozy

La rupture sarkozyste a vécu. Mais elle a une héritière : la rupture à la sauce Copé. Arrivé à la tête de l'UMP en novembre, le nouveau secrétaire général du parti veut aller vite et tout changer, jusqu'aux affiches et au logo. Ce qui lui permet de condamner au passage la gestion de son prédécesseur et rival, Xavier Bertrand. Mais c'est sur le front des idées que Jean-François Copé veut s'imposer en chef de guerre. « On y va à fond, sans tabou », dit-il aussi bien du débat sur les 35 heures que de celui sur la fiscalité. Jean-François Copé veut ainsi « sortir de la logique des 35 heures, mais pas au détriment du pouvoir d'achat » des salariés. Il préconise une « négociation par branche », la pratique « la plus largement appliquée » en Europe et souhaite lier ce débat à celui sur « le financement de la protection sociale », en défendant une « TVA antidélocalisation ».

Ce que veulent les Français selon Stéphane Rozès, président de Cap Conseils, analyses et perspectives

La Tribune - Les Français sont-ils prêts à adhérer à une politique économique plus libérale ?

Stéphane Rozès - Si par politique libérale on entend retrait de l'État, les Français y sont hostiles, y compris l'électorat de la majorité. Les leaders de la majorité sont de plus en plus libéraux, mais le pays l'est de moins en moins, depuis le milieu des années 1990. Les électeurs ne veulent pas que l'économie dépende encore plus du marché. Ils demandent un État protecteur, pour tout ce qui concerne les questions économiques et sociales. C'est ce qui explique le succès d'un Dominique de Villepin quand il a lancé, par exemple, le thème du patriotisme économique ou de Nicolas Sarkozy quand il entend défendre les entreprises françaises.

- Pourquoi les élus de droite enfourchent-ils alors, régulièrement, le thème de la fin des 35 heures ?

Pour la plupart des Français, les 35 heures sont actées, et ils ne souhaitent pas que l'on revienne formellement dessus. Elles ont été assouplies, on n'ira pas au-delà, dans leur esprit. La résurgence de ce thème relève d'objectifs idéologiques et électoralistes. Il s'agit de flatter le noyau dur de l'électorat UMP, les petits patrons, les indépendants et les personnes âgées. Autant de personnes qui pâtissent des 35 heures ou ne sont pas concernées, s'agissant des retraités.

- Les thèses de droite ont-elles gagné du terrain, depuis 2007 ?

Avec la crise, les électeurs sont de plus en plus favorables à l'intervention de l'État. Mais, dans un même mouvement, ils demandent aussi une réduction des déficits publics, qui les inquiètent. Voilà pourquoi la politique économique de Nicolas Sarkozy, qui mixe regain d'intervention étatique, face à la crise, et réformes structurelles, visant à l'inverse à réduire le poids de l'État, pourrait être admise. Mais cela nécessiterait une explication, de restituer la cohérence de cette stratégie bien sûr souvent perçue comme contradictoire. Nicolas Sarkozy ne le fait pas, qui agit sans grand souci d'explication.

ET AU PARTI SOCIALISTE ?

«Les socialistes sont prêts et le changement est proche». Martine Aubry veut y croire en ce début d'année 2011. En présentant jeudi ses voeux à la presse, la première secrétaire du Parti socialiste a déroulé son calendrier : «gagner les cantonales en mars, présenter en mai notre projet pour la France, réussir en septembre les élections sénatoriales, choisir en octobre le meilleur candidat pour porter notre projet auprès des Français et rassembler la gauche autour d'un projet et d'une démarche gagnante pour les élections de 2012».

Depuis plusieurs mois, les clubs, cercles de réflexion et autres think tanks qui gravitent autour de la rue de Solferino tournent à plein régime. Sur le modèle de ce que l'UMP avait accompli pour le candidat Nicolas Sarkozy avant 2007, des conventions se sont tenues sur l'industrie, les retraites, l'agriculture, le développement, la sécurité, la politique de la ville, l'égalité «réelle». Chaque présidentiable travaille sur des propositions concrètes qui seront sans doute débattues lors des primaires (voir ci-dessous).

Le défi est de taille pour un parti qui n'a pas gouverné depuis la défaite noire de Lionel Jospin en 2002. Et qui fait de la «crédibilité» l'axe majeur du projet pour 2012.

Martine Aubry a ainsi promis «cohérence, hiérarchie et financement» pour «l'ensemble des propositions» qui seront présentées au vote des militants le 19 mai puis adoptées lors de la «convention du projet» le 28 mai. Le PS espère contrer des polémiques sur le coût des promesses, comme celles qui avaient émaillé en 2007 la campagne de Ségolène Royal, marquée par la «trahison» du «chiffreur» Eric Besson.

Depuis 2007, il y a eu la crise financière de 2008, devenue crise économique et sociale en 2009 et 2010. Juste avant cette déflagration mondiale, le PS avait adopté au printemps 2008 une «déclaration de principes» actant son identité de parti «européen, républicain et réformiste». Les socialistes s'y affirmaient déjà «partisans d'une économie sociale et écologique de marché (...) régulée par la puissance publique ainsi que par les partenaires sociaux».

Ce cadre reste valable aujourd'hui. La crise l'a même renforcé. Tous les présidentiables du PS - même le leader de l'aile gauche, Benoît Hamon - s'inscrivent dans cette démarche d'un «changement» qui ne sera pas une «révolution». En dépit des cérémonies et querelles d'héritage qui ont marqué le quinzième anniversaire de la mort de François Mitterrand, l'heure est davantage au réalisme qu'au lyrisme de 1981. Même si, à l'instar de François Hollande, beaucoup de socialistes font un lien entre les années Giscard et la présidence Sarkozy.

Mais les socialistes doivent encore résoudre l'éternel problème du lien entre candidat et programme. En 1988, François Mitterrand s'était fait réélire en s'émancipant totalement du PS pour prôner «la France unie». En 2002, Lionel Jospin avait trébuché en annonçant que son projet n'était «pas socialiste». En 2007, Ségolène Royal avait pesté contre des promesses intenables, comme le smic à 1500 euros ou la généralisation des 35 heures.

Que fera le candidat désigné en octobre du projet présenté en mai ? Aujourd'hui, l'absence de DSK et le silence de Martine Aubry sur ses intentions profitent notamment à François Hollande, qui affirme ne vouloir «promettre que ce qu'il pourra tenir». L'heure est décidément au sérieux.

Martine Aubry et la suite du "care"

Martine Aubry a abandonné le terme anglo-saxon de « care » pour parler désormais de « la société du respect », de « l'économie du bien-être » ou du « souci des autres ». La politique du « care » vise à répondre à toutes les situations de vulnérabilité dans la société : elle peut concerner la petite enfance, le stress au travail, les maladies professionnelles et, bien sûr, le grand âge. « Dans une société individualiste et marchande, il s'agit d'introduire des logiques plus collectives. C'est à la fois une approche morale et une pratique sociale. Elle n'est pas là pour se substituer aux politiques publiques, mais au contraire pour les compléter. Il ne s'agit pas de faire contre l'État ou à sa place, mais avec », a expliqué Gilles Finchelstein, de la Fondation Jean-Jaurès.

Benoît Hamon pour un salaire maximum

Dans le texte sur l'égalité réelle, élaboré sous la houlette de Benoît Hamon, leader de l'aile gauche du PS, il est précisé que « la hausse des salaires doit contribuer à resserrer les écarts de rémunération ». « Les salaires modestes devront croître plus vite que ceux du haut de la hiérarchie. Nous proposons que, au sein des entreprises qui ont une participation publique dans leur capital, les rémunérations soient comprises dans une échelle de l'ordre de 1 à 20. Dans les autres, l'assemblée générale des actionnaires, sur proposition du conseil d'administration, sur avis conforme du comité d'entreprise, devra fixer ce ratio. » Selon un sondage Ifop pour « L'Humanité », 75 % des Français sont favorables à la fixation d'un salaire maximal (84 % des sympathisants de gauche, 83 % des sympathisants FN et 58 % des sympathisants UMP).

François Hollande prône le "contrat de génération"

Estimant que la jeunesse est « la génération sacrifiée » de la crise et de la présidence Sarkozy, François Hollande propose la création d'un « contrat de génération », liant deux salariés, l'un de moins de trente ans et l'autre de plus de 55 ans. Ce contrat serait d'une durée de cinq ans et financé en partie par une aide de l'État, pouvant aller jusqu'à 2.000 euros par mois, soit un dispositif bien plus ambitieux que le tutorat actuel. En vertu de ce contrat, « le salarié senior devrait consacrer une part de son temps de travail (le quart ou le tiers du temps) à former, entraîner et guider le jeune salarié ». François Hollande précise que ce projet pourrait concerner 500.000 jeunes, pour un coût de 10 milliards d'euros par an, qui impliquerait de redéployer le tiers des 30 milliards d'exonérations de cotisations sociales, notamment sur les heures supplémentaires.

Ségolène Royal contre les licenciements boursiers

Lors d'une rencontre avec des anciens salariés de Lu, Ségolène Royal affirme en décembre qu'il faut « inscrire dans la loi l'interdiction des licenciements boursiers ». « La proposition que je fais est que la décision de la cour d'appel qui sanctionne des licenciements boursiers soit inscrite dans la loi, qu'il puisse y avoir un contrôle préalable sur les entreprises du CAC 40 qui font beaucoup de profits et qui se permettent malgré ces profits de licencier », a déclaré l'ex-candidate de 2007. Début janvier, elle précise que, « pour que ces grandes entreprises cotées en Bourse comprennent bien le message, il faudra prévoir le remboursement immédiat de l'ensemble des aides publiques reçues par les entreprises qui délocalisent ou qui licencient lorsqu'elles font des profits. »

Manuel Valls : après les 35 heures, la TVA sociale

Le 2 janvier, Manuel Valls a frappé deux fois, mais seule son offensive sur les 35 heures a eu un écho considérable. Et pourtant le même jour, le député-maire d'Évry a repris à son compte l'idée d'instaurer en France une TVA sociale. Une idée - une baisse des charges sociales compensée par une hausse de la TVA - sur laquelle surfe aussi le patron de l'UMP, Jean-François Copé. « Pour compenser la baisse des charges, améliorer notre compétitivité, protéger nos emplois industriels, créer de nouvelles recettes, il faudra mettre en place une TVA sociale », a expliqué Manuel Valls. Si Dominique Strauss-Kahn a, depuis 2007, renoncé à se faire le défenseur de cette proposition, Manuel Valls n'est pas seul au sein du PS à plaider en faveur d'une telle mesure. Jean-Marie Le Guen, élu parisien, est aussi sur cette ligne.

DSK nourri des notes de ses fidèles

Dominique Strauss-Kahn a jeté stylos et cahiers et ne jure plus que par son iPad. Numériquement connecté à l'Hexagone, le patron du FMI, qui doit dire avant le 13 juillet s'il est candidat aux primaires socialistes, se nourrit des « notes » que lui adressent régulièrement ses fidèles.

Les « agents dormants » de DSK ont été réveillés lors de son dernier passage à Paris, à la mi-novembre. « Il a vu pas mal de gens », explique un de ses proches. « Tout se met en place pour le jour J... si jour J il y a. »

« Il nous a posé des questions sur la situation sociale, sur la situation politique, économique », confie un des interlocuteurs de DSK. D'ailleurs, lors de son passage sur France Inter, le 15 novembre, Dominique Strauss-Kahn s'est dit soucieux de la « cohésion sociale » en France. Amorce d'un thème de campagne ?

Sans doute. Mais, de l'avis de tous ceux qui l'ont approché, DSK prépare un retour qu'il sait difficile après quatre ans dans les hautes sphères de la finance internationale. Le FMI reste la « bête noire » de la gauche de la gauche. Même si cela donne à Dominique Strauss-Kahn une crédibilité incontestée en temps de crise. L'un de ses principaux « penseurs » est Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean-Jaurès. Côté politique, Jean-Christophe Cambadélis a été rejoint par des anciens soutiens de Ségolène Royal, Vincent Peillon, Gérard Collomb et Jean-Pierre Mignard

A Michel Sapin le chiffrage du programme du PS

L'ancien ministre de l'Economie, Michel Sapin, a déjà été chargé de chiffrer le projet présidentiel du PS. C'était en 2007, juste après la défection d'Eric Besson, passé avec armes et bagages dans le camp de Nicolas Sarkozy. Le député de l'Indre est un proche de François Hollande, qu'il a connu à l'ENA.

Commentaires 3
à écrit le 18/01/2011 à 16:31
Signaler
Aucun n'épargnera le français moyen qui sera en voie de disparition car lorsqu'il aura tout payé : assurances, impôts, taxes, aider ses enfants en étude puis au chômage, ses parents dépendants, lui restera si peu pour consommer- tout augmentant - mai...

à écrit le 16/01/2011 à 16:24
Signaler
Instruction et Intelligence ne font pas bon ménage.Nous avons la preuve que les ENA sont diplomés,mais ce savoir est attribué en exclusivité à un plan de carriére ou à la sucession du parent ELU en partance de la place.Alors la France d'en bas,peut t...

à écrit le 16/01/2011 à 15:52
Signaler
On voit les limites de la pensée " énarchique " en France ,le peuple ne se reconnait plus dans sa représentation nationale ,les postes vont toujours au même courant de pensée à gauche comme à droite et cette consanguinité éloigne le peuple des urnes...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.