Tunisie : Alliot-Marie n'aurait pas tout dit

Par Source Reuters  |   |  737  mots
Copyright Reuters
Comme l'a révélé le Canard Enchaîné, les parents de Michèle Alliot-Marie ont bien acheté, pendant les vacances avec leur fille en Tunisie, une société civile immobilière à l'homme d'affaires tunisien Aziz Miled, proche de la famille du dictateur Ben Ali, aujourd'hui déchu.

Les parents de Michèle Alliot-Marie ont confirmé mardi avoir acheté, pendant les vacances avec leur fille en Tunisie, une société civile immobilière à l'homme d'affaires tunisien Aziz Miled.

Pour le Canard Enchaîné, qui révèle ce contrat dans son édition de mercredi, la famille Alliot-Marie faisait ainsi "des affaires" avec un proche de l'ex-président Ben Ali "en pleine révolution tunisienne".

La ministre des Affaires étrangères s'était déjà retrouvée sur la sellette pour avoir utilisé, pour deux aller-retours durant ses vacances de fin d'année, le jet privé d'Aziz Miled, dont les relations avec le camp de Ben Ali font l'objet d'interprétations diverses.

"Je ne peux concevoir que l'on puisse s'attaquer à la famille des politiques, et dans le cas présent à mes parents", a-t-elle réagi dans un communiqué.

"Quand on a fini de passer ma vie, y compris privée, au peigne fin c'est sur celle de mes parents qu'on enquête !", a-t-elle ajouté, estimant que "la vie privée" de ces derniers "leur appartient".

Dans un communiqué publié mardi soir, Bernard Marie assume l'entière responsabilité de cette transaction et du voyage en Tunisie.

"À l'occasion des vacances de Noël, j'ai proposé à ma fille que nous nous rendions en Tunisie, plutôt qu'en Dordogne comme nous l'avions initialement prévu", dit-il, précisant avoir réglé lui-même la note de l'hôtel détenu par Aziz Miled, qui l'avait convaincu par téléphone d'y passer ses vacances.

Le Quai d'Orsay n'a pas produit jusqu'ici les notes d'hôtel, la chef de la diplomatie jugeant inconvenant de réclamer à ses parents, "qui ont 92 ans, de produire les factures".

Bernard Marie ajoute que l'achat de la SCI, propriétaire d'un appartement en construction, était engagé depuis l'été.

"Ce séjour à Tabarka à Noël m'a donné l'occasion de faire certifier les signatures de mon épouse et de moi-même sur l'acte de cession de parts sociales", dit-il.

Un peu plus tôt sur Europe 1, il précisait : Aziz Miled "m'avait dit 'voilà, je fais opération (...) vous devriez prendre une option sur un truc comme ça, comme ça prendra de la valeur en 2012 quand ça sera construit, vous pourrez faire une bonne affaire'".

DÉJÀ MISE EN CAUSE

Mise en cause pour ses vacances tunisiennes, trois semaines avant la chute du régime Ben Ali, Michèle Alliot-Marie avait elle-même indiqué avoir voyagé avec ses parents lors de la trêve de fin d'année.

Elle a également reconnu avoir pris place à bord d'un jet privé d'Aziz Miled le temps de deux aller-retours, pour se rendre dans une station balnéaire et faire une excursion avec sa famille.

Elle a cependant affirmé que l'homme d'affaires n'était pas proche du clan Ben Ali mais "une victime" de l'entourage de l'ancien président, qui aurait capté des parts de certaines de ses sociétés.

Les parents de Michèle Alliot-Marie possédaient déjà 13% de la SCI d'Aziz Miled et le rachat a été finalisé le 30 décembre, précise le Canard Enchaîné.

Le montant exact de la transaction inscrite dans le registre municipal de Tabarka et dont il publie des extraits n'est pas connu, car seule la valeur nominale des parts y figure, dit l'hebdomadaire.

Celle-ci se monte à 755.000 dinars, soit 325.000 euros, mais la somme réellement payée peut selon le journal être supérieure.

Le Premier ministre, François Fillon, avait réaffirmé le 8 février son soutien à Michèle Alliot-Marie avant de révéler lui-même avoir séjourné en Egypte aux frais des autorités lors de son séjour de fin d'année dans ce pays.

Selon le Canard enchaîné, François Fillon est un "récidiviste" car il avait déjà effectué un séjour privé - prolongeant une visite officielle - avec sa famille en Egypte, aux frais du gouvernement, en 2008.

Depuis la répétition de polémiques liées aux invitations par des autorités étrangères, le président Nicolas Sarkozy a demandé à ses ministres de privilégier désormais la France pour passer leurs vacances. Tout voyage à l'invitation d'autorités étrangères devra obtenir l'aval de l'Elysée.

Par ailleurs, Michèle Alliot-Marie a fini par reconnaître avoir eu une conversation téléphonique avec Ben Ali pendant son séjour en Tunisie ce qu'elle avait paru nier initialement.