François Hollande joue la force tranquille face à DSK

Par Hélène Fontanaud  |   |  567  mots
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Loin de la stratégie de communication lourde de Dominique Strauss-Kahn, François Hollande continue de progresser dans les sondages. Invité ce lundi sur France Inter, l'ancien patron du PS fera connaître sa décision, déjà prise, sur sa candidature aux primaires socialistes après les cantonales de mars dans son département de Corrèze.

"Je ne suis agacé par rien, je ne suis gêné par rien". Invité lundi de la matinale de France Inter, au lendemain du week-end très médiatique de Dominique Strauss-Kahn à Paris, François Hollande, l'homme tranquille qui monte dans les sondages, a affiché sa sérénité. 

Il a reconnu avoir "appris" plusieurs choses lors de l'intervention du patron du Fonds monétaire international sur France 2, dimanche soir. "J'ai appris, et c'était déjà important, que le FMI corrigeait les politiques qui étaient jusque là les siennes. J'ai compris que la crise n'était pas finie, ce que je ne cesse de rappeler, j'ai aussi saisi que l'aspect social devait être maintenant au coeur des politiques publiques, très bien. J'ai entendu le directeur général du FMI s'exprimer".

45% d'opinions positives

Un sondage Viavoice, publié lundi dans Libération, montre que la cote de François Hollande progresse de six points pour s'établir à 45% d'opinions positives, derrière DSK (54%), Bertrand Delanoë (52%) et Martine Aubry (47%). De quoi encourager le député de Corrèze, qui prépare sa candidature à l'élection présidentielle de 2012 depuis son départ de la direction du Parti socialiste, à la fin de l'année 2008. "J'ai à faire entendre aux Français une voix, à solliciter une confiance, à indiquer une démarche", a-t-il souligné lundi matin.

"Le rendez-vous de 2012, ce n'est pas simplement un rendez-vous où on doit regarder quelle est la bonne manière de communiquer. Sans doute que la communication compte et sans doute qu'elle est indispensable. Mais la question, c'est de savoir si en 2012 ça peut changer", a-t-il ajouté, dans une critique implicite de la stratégie de DSK, peaufinée par son équipe de communicants de Euro-RSCG.

François Hollande veut faire de la jeunesse l'enjeu principal de la présidentielle et de l'instrument fiscal "l'instrument principal pour réorienter l'économie". "Le fait que la génération qui vient pourrait avoir un destin qui est moins favorable que le nôtre, c'est non seulement insupportable à titre individuel mais inacceptable à titre collectif", a-t-il insisté.

Un candidat plus dangereux que DSK ?

Depuis qu'il s'est installé dans le peloton de tête des présidentiables socialistes dans les sondages, François Hollande est au centre des attentions à droite, où l'on estime qu'il ferait un candidat "plus dangereux" que DSK pour Nicolas Sarkozy. "Hollande est le plus dangereux car le plus banal, donc le plus rassurant", a déclaré l'UMP Gérard Longuet au Figaro.

François Hollande s'est amusé d'être l'objet de "compliments sincères ou obéissant à un souci tactique". Mais il  a réfuté le terme de "banal" pour lui préférer celui de candidat "normal". "Quelqu'un de stable, de cohérent, de visionnaire, dont on sait exactement où il va", a-t-il précisé en dénonçant chez Nicolas Sarkozy "un exercice anormal de la fonction présidentielle, un espèce de narcissisme, une confusion des genres". 

L'ancien patron du PS s'est lancé dans une pré-campagne des primaires, multipliant les déplacements "de terrain" avant les cantonales des 20 et 27 mars, dont il fait le point de départ de sa candidature. Sa majorité au conseil général de Corrèze n'est que d'un siège. Rue de Solferino, on suit avec un léger agacement la progression de François Hollande. Ses relations avec Martine Aubry sont depuis longtemps teintées d'inimitié.