Affaire Clearstream : ouverture du procès en appel pour Villepin, Gergorin et Lahoud

Le procès en appel de Dominique de Villepin, mis en cause dans une manipulation menée en 2004 avec de faux fichiers de la société Clearstream visant notamment Nicolas Sarkozy, s'est ouvert ce lundi matin.
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L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin comparaît en appel à partir de ce lundi pour son rôle présumé dans une manipulation menée en 2004 avec de faux fichiers de la société Clearstream où figurait notamment le nom de Nicolas Sarkozy.

Prévu jusqu'au 26 mai, le procès de cette intrigue ravive d'anciennes querelles entre les familles de la majorité. Son verdict, attendu à l'automne, pourrait peser lourd lors de l'élection présidentielle de 2012, à laquelle Dominique de Villepin envisage de se présenter.

En première instance en janvier 2010, l'ex-chef de gouvernement de 2005-2007 a été relaxé de l'accusation de "complicité de dénonciation calomnieuse", contre l'avis du parquet qui demandait 18 mois de prison avec sursis et 45.000 euros d'amende.

Le procès avait donné lieu à un affrontement verbal à distance très virulent entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin. Nicolas Sarkozy a retiré après le jugement sa constitution de partie civile, par ailleurs juridiquement contestée du fait de sa fonction de chef de l'Etat.

Certains de ses proches restent pourtant parties civiles et auront des avocats à l'audience. C'est notamment le cas de Patrick Gaubert et de Bernard Squarcini, qu'il a fait nommer à la tête de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Leurs noms figuraient aussi sur les fausses listes.

C'est le parquet de Paris, placé sous l'autorité du ministère de la Justice et donc indirectement de l'Elysée, qui a fait appel et provoqué ce procès.

Seront également rejugés l'ancien vice-président d'EADS Jean-Louis Gergorin et l'informaticien Imad Lahoud, condamnés en première instance respectivement à 15 et 18 mois de prison ferme, avec 40.000 euros d'amende chacun.

L'affaire porte sur de fausses listes de comptes bancaires imputées à la société financière luxembourgeoise Clearstream, fabriquées en 2003 à partir de vrais documents.

Elles semblaient montrer que des centaines de personnalités, dont Nicolas Sarkozy, détenaient des comptes occultes à l'étranger. Imad Lahoud les a remises à Jean-Louis Gergorin, qui les a fait connaître à son ami Dominique de Villepin. Jean-Louis Gergorin les a remises au juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke en 2004, déclenchant ainsi des investigations menaçantes.

Scénario encore mystérieux

Dominique de Villepin a fait mener des enquêtes sur les listes par le général Philippe Rondot et la DST, le contre- espionnage, lorsqu'il était ministre des Affaires étrangères (2002-2004) puis de l'Intérieur (2004-2005).

Me Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy, l'a désigné en première instance comme l'instigateur de la machination. Elle visait selon lui spécifiquement Nicolas Sarkozy, afin de l'empêcher de prendre le contrôle de l'UMP et de se présenter à la présidentielle de 2007.

Le procureur de Paris Jean-Claude Marin a soutenu au premier procès une thèse différente, la "complicité par abstention", qui voudrait que Dominique de Villepin ait laissé la manipulation se dérouler en sachant que les listings étaient faux. Le tribunal correctionnel avait écarté ces deux thèses en concluant que Dominique de Villepin était de bonne foi.

Le scénario et le mobile de l'intrigue Clearstream restent flous, autant que ses cibles réelles. Les listes comportaient en effet d'autres noms célèbres, à gauche, dont celui du socialiste Dominique Strauss-Kahn, comme à droite, notamment des proches de Charles Pasqua. Il y avait aussi les noms de rivaux industriels de Jean- Louis Gergorin.

L'ancien président Jacques Chirac, sollicité pour déposer comme témoin, a refusé lors de l'instruction de se présenter en invoquant la Constitution.

Commentaire 1
à écrit le 02/05/2011 à 17:16
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Ils n'ont qu'a prendre les avocats de Charles Pasqua!.

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