Présidentielle : sur qui doit miser le PS ?

DSK hors jeu, le Parti socialiste se retrouve à nouveau dans l'affrontement de ses deux gauches, avec pour enjeu central la question de sa clientèle électorale : classes populaires ou cadres urbains du public et du privé. Entre gauche « traditionnelle » et gauche « esthétique », le PS doit trouver une nouvelle synthèse.
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À un an de l'élection présidentielle, après avoir dévoilé il y a quelques semaines ses orientations programmatiques, le Parti socialiste est encore en quête de sa stratégie électorale. L'enjeu ? Rien de moins que la victoire à l'élection présidentielle après trois échecs successifs. Le défi ? Agrandir son réservoir électoral, puis assurer le rassemblement de l'électorat de gauche dès le premier tour.

La tâche est pour le moins ardue. Au cours des vingt dernières années, la base électorale du PS n'a cessé d'être délaissée par les classes populaires : la sociologie du PS est actuellement structurée autour des cadres du secteur privé, des jeunes urbains diplômés et des salariés de la fonction publique. En termes de représentation politique, le PS est lui-même traversé par la coupure socioculturelle entre les classes populaires et les classes moyennes. Seuls 3 % des militants du parti sont aujourd'hui ouvriers, lorsque ces derniers représentent encore plus de 20 % de la population active malgré la désindustrialisation.

Reconquérir les classes populaires au risque de voir s'éloigner les classes moyennes ? Ou bien continuer de s'assurer le soutien des classes moyennes en risquant de voir sa base électorale continuer de s'éroder ? Tel est le dilemme auquel le PS est confronté. Plus largement, au-delà des frontières, des leaders, des partis, il est nécessaire d'établir un diagnostic global de la « crise existentielle » de la gauche dans nos démocraties libérales. En vérité, cette crise affecte simultanément deux gauches : une gauche « traditionnelle » ayant partie liée avec la modernité et une gauche « esthétique » engendrée par la postmodernité des années 1980-1990.

Depuis le XIXe siècle et son alliance avec la science, la technique et l'industrie, la gauche « traditionnelle » a pour raison d'être le progrès. Elle demeure liée à la question sociale inhérente aux luttes du monde du travail depuis la première révolution industrielle en Europe. Aussi bien dans sa tradition socialiste que marxiste, le vocabulaire de la gauche « traditionnelle » s'est largement inspiré des sciences sociales pour construire sa dénonciation des injustices au nom du « bien commun » et de « l'intérêt général ». Légitimée dans l'après-guerre par l'instauration de l'État providence, elle lutte pour un meilleur partage de la valeur ajoutée au sein de la société salariale.

Or, la postmodernité des années 1980-1990 accouche de la gauche « esthétique ». Elle se conçoit comme une avant-garde désireuse de dépasser les frontières géographiques, anthropologiques, économiques, inhérentes à la modernité industrielle de l'après-guerre. Elle forme la synthèse entre les postures libertaires de mai 1968 (érigées contre l'État, l'entreprise bureaucratique, la famille) et le capitalisme globalisé.

Aux côtés du néolibéralisme, la gauche « esthétique » façonne ainsi notre nouveau monde de « flux » et de « réseaux ». Pour reprendre le mot de l'anthropologue hongrois Karl Polanyi, elle accompagne le puissant mouvement de « désencastrement » de l'économie de la société. Avec l'essor des nouveaux mouvements sociaux depuis les années 1970, la banalisation des postures relativistes et la consommation de produits technoculturels, la gauche « esthétique » fait pleinement partie du capitalisme culturel. Si bien que le vocable historique de la gauche en termes d'« exploitation », de « souffrance » ou encore d'« aliénation » lui paraît anachronique, sinon totalement étranger. Lorsque la gauche « esthétique » considère dorénavant la notion de « progrès » comme désuète, elle entend rompre définitivement avec les vieilles idéologies du XIXe et XXe siècle.

Par conséquent, la gauche « traditionnelle » souffre à la fois d'une crise de son ancien cadre d'action, l'État providence au sein de l'État-nation, et d'une dévalorisation généralisée de son objet de lutte : l'amélioration des conditions de vie pour le plus grand nombre. Quant à la gauche « esthétique », son avant-gardisme se confond trop avec les nouvelles façons d'être et d'avoir des classes moyennes supérieures urbaines du capitalisme global pour qu'elle puisse produire une réelle critique des injustices actuelles.

En ce début de XXIe siècle, où le sentiment de « progrès » a cédé la place au fatalisme, le PS saura-t-il fédérer classes populaires et classes moyennes autour d'un projet dépassant le trop commode « antisarkozysme primaire » ? Redoutable épreuve si « ce qu'il faut surmonter nous défait », comme l'écrivait Jacques Chardonne, romancier favori de François Mitterrand.

Commentaires 5
à écrit le 25/07/2011 à 10:51
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Il parait que les socialistes envisagent d'enseigner l'Arabe aux enseignants placés dans les zones à forte densité de ce type de population afin qu'ils puissent comprendre les jeunes éléves. C'est le monde à l'envers, maintenant c'est à l'enseignant ...

à écrit le 10/06/2011 à 12:34
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BONJOUR MAIS POUR QUI SE PREND T IL ATTALI IL VEUT COMPLETEMENT INTERDIRE LES GENS DE FUMER EST LUI IL S IONTERDSIT QUOI RIEN AVEC LE POGNON QU IL A EN PLUS CECI RAPPORTE JE NE SAIS COMBIEN A L ETAT ALORS QUE LES BURALISTES NE TOUCHENT PRATIQUEMENT ...

à écrit le 09/06/2011 à 7:13
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Patrickb. Vos remarques sont excellentes. Il y avait une Gauche en 1936, mais depuis 30 ou 40 ans il n'y a plus de Gauche ou de Droite. Il y a des opportunistes, des menteurs, des comédiens machiavéliques (comme le déséquilibré mental que l'on a bête...

à écrit le 02/06/2011 à 19:28
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Le PS, c'est fini. place aux nouveaux partis.Il faut rompre avec les anciennes idées. Mais il faut en trouver des nouvelles et ce n'est pas facile. Plus de responsabilités avec obligation de résultats pour nos futurs dirigeants. après tous , la pol...

à écrit le 31/05/2011 à 9:56
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dommage si D S K avait été élu ,comme il faut pomper les riches ,là.... pour le coup d ' un seul coup d 'un seul ,le trou de la sécu était résorbé,sacrés socialistes ,toujours les premiers à donner des leçons aux autres , Sur quoi doit miser le P S ...

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