Sur TF1, DSK va avoir du mal à se placer sur le terrain économique et politique

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  660  mots
Copyright Reuters
Même si plus de 2 français sur 3 déclarent souhaiter l'entendre sur ses solutions à la crise, selon un sondage paru dans le JDD ce dimanche, DSK aura du mal à se placer sur ce terrain au 20h de TF1. Cette rentrée médiatique fait déjà polémique : la présentatrice Claire Chazal est une amie du couple Strauss-Kahn.

Dominique Strauss-Kahn s'expliquera ce dimanche pour la première fois publiquement depuis son retour en France, le 4 septembre, après l'abandon par la justice américaine des poursuites contre lui dans une affaire de tentative de viol présumée sur une femme de chambre à New York.

Lors de cette intervention au journal du soir de TF1, animée par une proche du couple Strauss-Kahn, Claire Chazal, l'ancien directeur général du Fonds monétaire international pourrait donner sa version de sa rencontre avec Nafissatou Diallo et s'exprimer sur l'autre litige de même nature qui l'oppose à la française Tristane Banon.

Il sera cependant surtout attendu sur ses projets politiques, car certains dirigeants socialistes souhaitent toujours qu'il reprenne un rôle, sous-entendu dans la campagne, au PS, voire dans un éventuel gouvernement de gauche en 2012.

Ce voeu n'est cependant pas très clair et le principal parti d'opposition, embarrassé, est en fait très divisé entre ses partisans et ceux qui, comme le candidat à la primaire Arnaud Montebourg, l'appellent exclusivement à "présenter ses excuses" pour son comportement à ses camarades de parti, comme il l'a fait aux employés du FMI.

Il a évoqué jusqu'ici dans de brèves déclarations "d'erreur" de sa part, de "cauchemar", d'"épreuve terrible et injuste". Son image est sortie, selon les enquêtes d'opinion, très abîmée de l'aventure qui l'a conduit en prison, même s'il a finalement bénéficié d'un abandon de poursuites par le procureur de New York.

Bien que la possibilité d'un rapport sexuel forcé ne soit pas écartée, le procureur Cyrus Vance a estimé son dossier trop fragilisé par les mensonges de Nafissatou Diallo. L'affaire comporte donc beaucoup de zones d'ombre.

L'affaire Banon vers un épilogue

L'ancien ministre de l'Economie (1997-1999) est d'autant plus mal à l'aise sur le sujet de son comportement qu'une enquête préliminaire de police ouverte en juillet sur la plainte pour tentative de viol en février 2003 d'une autre jeune femme, Tristane Banon, est toujours en cours à Paris.

Après avoir dit ou fait dire que ses accusations étaient imaginaires, et déposé plainte pour dénonciation calomnieuse, Dominique Strauss-Kahn a admis devant la police le 12 septembre avoir tenté d'embrasser la jeune fille, âgée d'une vingtaine d'années lorsqu'elle était venue l'interviewer.

Le parquet de Paris pourrait se prononcer prochainement sur la plainte, et l'option d'un classement sans suite est la plus probable, puisqu'il semble impossible de caractériser juridiquement une tentative de viol, seul cas de figure où les faits ne sont pas prescrits, contrairement à l'agression sexuelle.

Même s'il sort à nouveau sans dommages de l'affaire, les problèmes de comportement de l'ex-favori des sondages pour les primaires du PS suscitent un malaise susceptible de l'écarter de la vie publique, d'autant que les avocats de Nafissatou Diallo, qui poursuivent la procédure américaine au civil, ne le ménagent toujours pas.

Une opération de com' ?

Ils ont souligné dans un communiqué samedi un aspect peu relevé en France de son intervention, le choix du média TF1, la chaîne dont son épouse Anne Sinclair fut la vedette. La présentatrice Claire Chazal n'est pas neutre, soulignent Kenneth Thompson et Douglas Wigdor dans un communiqué.

"Nous avons appris que Dominique Strauss-Kahn sera interrogé dimanche par une journaliste qui est une amie de sa femme, Anne Sinclair. Comme tout le monde le sait, Mlle Diallo a rencontré des journalistes indépendants et d'investigation qui ont eu la possibilité, sans aucune condition, de lui poser des questions", écrivent Kenneth Thompson et Douglas Wigdor dans un communiqué.

Les avocats disent souhaiter que Dominique Strauss-Kahn soit amené à expliquer comment il a pu avoir une relation sexuelle consentie avec une personne qui ne le connaissait pas, quelques minutes après l'avoir rencontrée.

"Les Français et le monde entier ont le droit d'entendre M. Strauss-Kahn répondre à des questions précises sur son comportement le 14 mai", écrivent-ils.