Le Sénat se renouvelle, la gauche espère l'emporter

Quelque 72.000 grands électeurs ont commencé à voter ce dimanche matin pour renouveler la moitié des sièges du Sénat dans quarante-quatre départements, dans un scrutin qui pourrait se jouer à quelques sièges et voir un basculement historique à gauche de la deuxième chambre du parlement.
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L'Elysée et Matignon attendent non sans appréhension le verdict des urnes qui aura forcément valeur de test avant la présidentielle - même si le mode d'élection est sans rapport - et craignent qu'une alternance au Sénat ne contrecarre la bonne marche des réformes dans la dernière phase du quinquennat.

L'Assemblée nationale a constitutionnellement le dernier mot mais le rythme des travaux parlementaires s'en trouverait ralenti, même si la gauche assure ne pas rechercher l'obstruction. La "règle d'or" souhaitée par Nicolas Sarkozy pour redresser les comptes publics ne pourrait ainsi être votée.

En clair, résume Gérard Larcher, une défaite de la majorité sonnerait comme le "tocsin" à sept mois de l'élection présidentielle. "Je ne sais pas à quel niveau chiffrer le séisme, mais ce serait quand même assez sismique", a-t-il déclaré.

Cent-soixante-dix sénateurs - sur 348 contre 343 précédemment - sont élus dimanche pour un mandat de six ans selon un mode de scrutin indirect (proportionnel à la plus forte moyenne ou majoritaire à deux tours) qui varie selon la population des départements concernés.

La gauche veut croire raisonnablement en ses chances, même si ces modalités lui sont techniquement défavorables. Les communes rurales, historiquement favorables à la droite, sont en effet prédominantes dans le corps des quelque 150.000 "grands électeurs" sénatoriaux, composé à 95% de conseillers municipaux.

"Logiques illogiques"

"C'est un combat inégal", souligne Jean-Pierre Bel, président du groupe socialiste au Sénat. "Une progression du nombre de sénateurs serait une victoire, même sans remporter la majorité", veut-il croire.

Pour conquérir la majorité, la gauche doit réaliser un gain net d'au moins 23 sièges. Lors des précédentes sénatoriales, en 2008, elle en avait remporté 26 (dont 21 pour le PS). L'opposition devrait mécaniquement enregistrer de nouveaux gains à la faveur de ses bons résultats aux dernières élections locales (municipales, régionales, cantonales). Mais le rapport de forces ne sera définitivement établi qu'à l'élection du président, le 1er octobre, où les coups de théâtre sont toujours possibles.

"C'est une élection de relation personnelle, où les logiques apparaissent illogiques. Les délégués sénatoriaux ne votent pas que selon leur étiquette politique, leur vote reflète un état d'esprit, une alchimie personnelle", explique un élu du sérail.

A cette aune, Gérard Larcher prévoit une courte victoire de la droite avec sept à douze sièges d'avance. Les stratèges électoraux de l'UMP, dont les projections sont plus étroites, commencent à craindre que son optimisme n'ait un effet démobilisateur.

Plus de dissidences à droite qu'à gauche

Le parti présidentiel s'inquiète en outre de la multiplication des listes dans plusieurs départements, comme en Ile-de-France, où Pierre Charon, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, a décidé de présenter sa liste à Paris contre la liste officielle menée par Chantal Jouanno. La ministre des Sports s'est portée candidate aux sénatoriales avec deux autres membres du gouvernement : Gérard Longuet (Défense) dans la Meuse et Maurice Leroy (Ville) dans le Loir-et-Cher.

Autre exemple : dans les Hauts-de-Seine, le sénateur sortant UMP Jacques Gautier a refusé de s'effacer devant l'ancien secrétaire d'Etat Roger Karoutchi.

"Les listes dissidentes nous inquiètent parce qu'elles risquent dans certains cas de nous faire perdre des sièges ou de nous empêcher à tout le moins d'en gagner", a souligné mercredi Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP.

Les centristes ont également multiplié les listes dans certains départements où les partisans d'Hervé Morin (Nouveau Centre), de Jean-Louis Borloo (Parti radical) et de François Bayrou (MoDem) jaugent leurs forces avant la présidentielle.

"Nous avons préparé des accords de désistement avec les radicaux et les centristes, mais ça ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de tensions", note-t-on dans l'entourage de Gérard Larcher.

En comparaison, la gauche a limité les risques, même si l'Ile-de-France constitue aussi un casse-tête. Dans l'Essonne, l'ancien président socialiste du conseil général, Michel Berson, défie la liste PS emmenée par l'écologiste Jean-Vincent Placé.

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