Aérospatiale Matra : les investisseurs attendent des signes tangibles de redressement

Bilan mi-figue, mi-raisin en 1999, pour le constructeur aéronautique français Aerospatiale Matra. Le Pdg du groupe, Philippe Camus, a indiqué jeudi matin que le résultat d'exploitation en 1999 serait "plutôt supérieur aux expectatives du marché", pour un chiffre d'affaires en hausse de 5% à quelque 84,5 milliards de francs. Parallèlement, le carnet de commandes du groupe s'est replié à un peu plus de 15 milliards d'euros, contre 17,9 milliards en 1998 en données pro-forma.Et leur ventilation a évolué. Les prises de commandes relatives à l'activité Airbus ont représenté 5,8 milliards d'euros. De son côté, Eurocopter a rapporté 3,15 milliards d'euros de commandes, grâce notamment au contrat pour l'hélicoptère de combat Tigre, qui en a représenté la moitié.Résultat, les marchés continuent à bouder le titre, qui continue d'osciller autour de 21 euros. Pire, en dépit du rapprochement du groupe avec l'allemand Dasa et l'espagnol Casa au sein d'EADS, la valeur s'est stabilisée à près de 9 % sous son cours d'introduction en Bourse, en juin dernier.Philippe Camus se devait donc de rassurer les investisseurs sur les synergies à attendre de la fusion des trois entités. En ligne de mire, comment atteindre, à l'horizon 2004-2005, une marge opérationnelle de 10 %, comme l'attendent les analystes ? Déjà en redressement, la rentabilité opérationnelle du groupe devrait certes bénéficier de la mise en commun des efforts de Recherche & Développement, la rationalisation des coûts de structure et l'augmentation des volumes d'affaires.Mais à quel prix et comment ? D'autant que le périmètre de la nouvelle entité n'est apparemment pas définitivement arrêté et d'autres rapprochements sont encore envisageables. Jean-Luc Lagardère n'a pas caché son souhait, dans une interview aux Echos, de voir EADS tisser des liens avec l'Américain Lockheed Martin, tandis que Philippe Camus souligne la nécessité pour l'Europe de poursuivre "une politique de grands programmes cohérente comme l'ont fait les Etats-Unis". Enfin, le président du directoire du groupe a reconnu que des discussions entre EADS et l'italien Finmeccanica était en cours dans le but de créer une filiale commune.Enfin, le secteur de l'aéronautique n'est pas en odeur de sainteté, sur les marchés financiers. L'américain Raytheon a procédé à son troisième profit warning en moins de quatre mois. Cette fois-ci, la cause incriminée n'a pas été la " découverte " de prévisions d'affaires " irréaliste ", comme lors des occasions précédentes, mais l'impact sur les marges des retards dans la production d'avions. Enfin, les déboires de Boeing ne son pas plus enviables. Résultat, l'ensemble des grands acteurs du secteur sont lourdement sanctionnés.Or les multiples du groupe français son relativement élevés au regard de ses concurrents. Aérospatiale Matra se paye notamment 23 fois son résultat net attendu en 2000, contre moins de 18 pour Boeing et 12 pour British Aerospace. Un ratio qui pourrait cependant être revu à la baisse si les prévisions de résultat d'exploitation envisagées par Philippe Camus se confirment.
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