Renault entend poursuivre son expansion en Asie

Après le rachat de 36,8 % du capital de Nissan Motors, Renault est en passe de venir de nouveau à la rescousse d'un constructeur automobile asiatique en détresse. Le groupe français et le conglomérat coréen Samsung ont confirmé " avoir ouvert le 30 décembre 1999 une négociation exclusive visant au rachat éventuel de tout ou partie des actifs opérationnels de Samsung Motors par Renault ", a annoncé mardi le constructeur français dans un communiqué.Des rumeurs concernant ces négociations avaient déjà été évoquées par le quotidien Korean Economic Daily, la semaine dernière, provoquant une hausse de plus de 3,5 % du titre Renault à 49,2 euros en quelques jours, dans un contexte pourtant peu porteur au secteur automobile européen.Pour autant, rien n'est joué et l'histoire des restructurations dans le secteur automobile sud-coréen appelle à la prudence. Le dernier rapprochement capoté en date remonte à cet été, lors de l'annulation du projet d'échange d'activités, pourtant soutenu par le gouvernement, entre Samsung et son compatriote Daewoo. Après l'obtention, fin octobre, de prêts bancaires d'urgence totalisant 20 milliards de won, soient près de 3,2 milliards d'euros, la cession de Samsung Motors devrait, selon ses dirigeants, être définitivement finalisée dès le mois de février 2000. De quoi aiguiser les appétits des constructeurs occidentaux. Au premier chef desquels Renault, le constructeur sud-coréen bénéficiant depuis presque deux ans du soutien technique du japonais Nissan, récemment tombé dans l'escarcelle du Français.Pour autant, une telle opération interviendrait à un moment où l'absorption du constructeur nippon pose des enjeux de taille pour les comptes de Renault. En dépit de l'amélioration des marges, les lourdes charges de restructuration de Nissan Motor ont engendré, fin novembre, l'annonce par la filiale nippone d'une perte de 323,5 milliards de yens, soit 2,63 milliards d'euros, au cours du premier semestre 1999/2000. Et s'ils n'auront qu'un impact limité sur les comptes de Renault du fait de la non consolidation du Japonais, ces résultats, largement en-deçà des prévisions, entachent le titre Renault en Bourse. Enfin, l'annonce du plan de soutien financier à destination de Nissan Diesel, qui devrait être finalisé d'ici à la fin du mois, pose le risque d'une intensification des aides en liquides à destination de la filiale, avec qui le développement d'une organisation commerciale commune en Europe est en passe d'être conclu.Ces enjeux expliquent la sous-performance du titre à la Bourse de Paris au cours du deuxième semestre dans un contexte, il est vrai, difficile pour l'ensemble de l'industrie automobile, pénalisée par une forte érosion des marges malgré une progresion des ventes. Le groupe Renault a notamment annoncé ce matin avoir commercialisé un record de 2,29 millions de véhicules dans le monde en 1999, une hausse de 7,4% par rapport à 1998.Même si le bénéfice net par action du groupe français est attendu en hausse de 25 % cette année autour de 5 euros et que la valeur a largement sous-performé le marché l'année dernière, les analystes sont globalement neutres sur le titre. A moins que le rapprochement avec Samsung Motor ne change la donne sur l'action, à l'heure où les valeurs technologiques et médias perdent progressivement la cote des investisseurs.
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