Faurecia : L’érosion des marges cache un fort potentiel de croissance

A la différence des valeurs technologiques, le titre de l'équipementier automobile Faurecia fait les frais des incertitudes sur sa rentabilité à court terme, aux dépends du potentiel de hausse de son activité à plus long terme. D'où la sous-performance de la valeur, dans le sillage de l'ensemble du secteur de part et d'autre de l'Atlantique. L'action s'est dépréciée de plus de 37 % depuis son plus haut niveau atteint en septembre dernier, pour atteindre près de 41 euros.Pourtant, les perspectives du groupe sont attrayantes. Le groupe vient d'annoncer une hausse de 80,7 % de son résultat net à 56,2 millions d'euros pour l'exercice 1999. Et le bénéfice net par action, après amortissement des écarts d'acquisition, s'inscrit en progression de 47 %, à 3,94 euros.Par ailleurs, en s'emparant de l'américain APAS, en novembre dernier, la filiale à 52,5 % de PSA est entrée de fait dans le trio de tête des fournisseurs de pots d'échappement aux Etats-Unis. Déjà parmi les spécialistes mondiaux dans les sièges automobiles, le groupe dispose dès lors de deux fortes positions stratégiques. " Compte tenu de la rapidité de la concentration du secteur, la taille, la capitalisation et l'expertise de Faurecia devraient faire de ce groupe un des seuls équipementiers globaux à long terme ", estiment les analystes de CSFB.Mais à quel prix ? En pérennisant son existence, cette course à la taille critique fragilise par ricochet la marge opérationnelle de l'entreprise, déjà pénalisée par les pressions à la baisse des coûts des constructeurs et par l'essor des dépenses en recherche et développement. Et sa structure financière souffre. Ainsi, la progression de la productivité est encore trop limitée pour compenser à une brève échéance la hausse des coûts structurels. Résultat, le bénéfice opérationnel de l'entreprise, "après participation des salariés des sociétés françaises", a connu une croissance limitée à 1,3 % par rapport à l'exercice précédent, pour plafonner à 198,5 millions d'euros. Si la stratégie de la société, seule à même de générer une rentabilité accrue à moyen terme est largement applaudie, les investisseurs restent dubitatifs sur la viabilité de cette politique à court terme. " Tout retournement du marché automobile engendrerait un vif essor de la charge de la dette de Faurecia et éroderait sa capacité à générer des cash flows, s'alarment les analystes de Goldman Sachs. L'entreprise n'aurait ainsi plus qu'à réduire ses dépenses en recherche et développement et en investissement productif, ce qui pourrait pénaliser, in fine, sa position concurrentielle ". Un risque limité, mais bien réel.Mais pour inquiétante que soit cette éventualité, la valorisation de Faurecia est aujourd'hui très faible au regard des standards, pourtant en diminution, du secteur. En particulier, la société se paye autour de huit fois son bénéfice attendu cette année. De quoi mettre les investisseurs à l'abri d'une mauvaise surprise.
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