Groupe André : Le report de l'AG calme provisoirement la spéculation

Surprenante vis-à-vis du reste du secteur, la valorisation atteinte par le Groupe André l'est moins au regard du déchaînement spéculatif dont il fait l'objet. Après le doublement en un an de son cours en Bourse, la société se paye près de 28 fois son résultat net attendu cette année. Les seuls fondamentaux de la société, certes en amélioration avec une hausse de plus de 8 % de l'activité au cours de l'exercice 1998/1999, clos le 31 août, et l'anticipation d'une hausse de 10 % du bénéfice net cette année, n'expliquent pas tout.Au cœur de cette performance, la bataille larvée entre les différents actionnaires du groupe. D'un côté, l'arbitragiste franco-américain Guy Wiser-Pratte et le fonds d'investissement NR Atticus, après s'être rués sur le flottant et l'avoir réduit à la portion congrue, détiennent respectivement 9,08 % et 32,92 % des droits de vote. Même s'ils se défendent d'une action coordonnée, leurs déclarations respectives s'inscrivent dans la même stratégie. De l'autre, Jean-Louis Descours, président du Conseil de surveillance, et ses alliés sont indirectement à la tête de 32,45 % des droits de vote.Le motif du différent ? La piètre gestion que les assaillants prêtent à l'actuelle direction. Selon Guy Wiser-Pratte, l'acquisition du concurrent San Marina, au début du mois, serait prématurée, opaque et dangereuse pour la structure financière de l'entité, dont le ratio d'endettement a atteint 75 % à la fin de l'exercice précédent. Tenants d'une stratégie plus offensive, seule à même d'améliorer la rentabilité nette du groupe, autour de 2,7 % au cours de l'exercice 1998/1999, les assaillants militent tout d'abord pour asseoir une représentation au Conseil de surveillance plus conforme à leur participation dans le capital. Or le report sine die de l'Assemblée générale, initialement prévue mardi 29 février, a laissé provisoirement leur demande lettre morte.De purement financière, la controverse prend désormais une tournure juridique. Le fonds Atticus a tout d'abord tenté de rendre illégale la cession de l'autocontrôle de la société, qui représentent 7,88 % du capital. Rendues au public, ces actions seraient de nouveau assorties de leurs droits de vote, une perspective dangereuse, car dilutive, pour les assaillants. Enfin, le fond, qui entend empêcher la direction de gagner du temps, l'a assignée en référé, afin d'annuler le report de la réunion du Conseil d'administration.Or la perspective d'un prolongement des démêlés juridiques est moins attrayante, pour les actionnaires minoritaires, qu'une franche bataille boursière. D'où le repli de la valeur, en baisse de 3,11 % à 202,2 euros jeudi en séance, après un bond de plus de 17 % en quelques jours. Pour autant, les observateurs sont confiants sur l'évolution du titre à court terme. Quelle que soit l'issue du différent, la recomposition du capital et la perspective d'une accélération des restructurations sont de nature à engendrer une revalorisation du groupe. D'autant que la faiblesse du flottant amplifie l'impact sur le cours du titre de tout regain de tension spéculative.
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