Start-up : l’APCE fait le tri entre mythes et réalités

Un homme de plus de 30 ans, diplômé de l'enseignement supérieur, issu d'un milieu aisé, ancien cadre supérieur ou dirigeant dans l'industrie ou l'informatique : c'est le portrait-robot du créateur de start-up, tel qu'il ressort de l'enquête que vient de mener l'Agence pour la création d'entreprises (APCE), auprès d'un échantillon de 100 " jeunes pousses ". Cet échantillon élaboré à partir d'une base de 800 sociétés, correspond à la définition des start-up élaborée par l'APCE, à savoir " une entreprise créée entre 1995 et 1999, innovante soit par son secteur d'activité, soit par ses méthodes de commercialisation ou son mode développement et connaissant une croissance rapide, en matière de chiffre d'affaires et de capital ".Un portrait robot qui ne tranche pas fondamentalement avec l'image traditionnelle du créateur d'entreprise. " Le créateur de start-up est avant tout un entrepreneur, souligne François Hurel, délégué général de l'APCE. D'ailleurs, dans la majorité des cas, les chefs d'entreprise que nous avons interrogés n'étaient pas conscients du fait qu'ils avaient créé une start-up ". L'enquête fait cependant ressortir quelques nuances entre le milieu des start-up et celui de l'entreprise " classique ". Au-delà de la " masculinité " des créateurs start-up (97% des créateurs de l'échantillon sont des hommes) et des origines sociales (39% sont enfants de cadres supérieurs, 12,2% de professions libérales, 7,3% de dirigeants d'entreprises), c'est le parcours éducatif et professionnel qui tranche : les créateurs de start-up sont, pour la plupart, diplômés, voire " surdiplômés ". Ainsi, 78% d'entre eux ont un niveau bac+4, sont ingénieurs ou sortent d'une école de commerce.Et ces bases universitaires sont complétées, le plus souvent, par un passage en entreprise : 87% de l'échantillon a exercé une activité salariée et, dans 60% des cas, les créateurs ont été cadres supérieurs voire cadres dirigeants. Conséquence : le créateur de start-up n'est pas aussi jeune qu'on le croit parfois : certes, 17% des chefs d'entreprise interrogés ont moins de 30%, mais 46% ont entre 36 et 56 ans. Autre spécificité soulignée par l'enquête : à la naissance, les start-up ressemblent beaucoup aux autres entreprises. Il s'agit de SARL dans plus de 70% des cas, financement est personnel, et les banques ne sont présentes dès l'origine que dans 22% des sociétés sondées. " Ensuite, tout change vite ", résume François Hurel. Notamment parce que la moitié de l'échantillon connaît une croissance supérieure à 100% de son activité, et parce que le capital accompagne cette évolution : si 55% des start-up étudiées disposaient d'un capital inférieur à 200 000 francs à la naissance, les deux tiers disposent aujourd'hui d'un capital supérieur à cette somme. Enfin, pour plus de la moitié des sociétés de l'échantillon, l'introduction en Bourse est envisagée dans un délai inférieur à cinq ans." La recette est toujours la même : un entrepreneur, une bonne idée et un financement, conclut François Hurel. La spécificité de la nouvelle économie, c'est qu'elle n'aime pas l'économie patrimoniale, dans laquelle une entreprise se crée, grossit et se transmet. Dans la nouvelle économie, l'entreprise se crée, grossit et se vend. "S'appuyant sur cette étude, l'APCE appelle les pouvoirs publics à créer " le terreau fertile " sur lequel peuvent naître les jeunes pousses. " L'Etat et les collectivités locales doivent multiplier les incubateurs et les fonds d'innovation ; les régions doivent trouver des solutions de financement local et multiplier les technopôles rapprochant recherche et industrie ", affirme François Hurel. Mais il reconnaît que " l'on ne peut pas attirer le capital-risque vers des entreprises traditionnelles, dont les taux de croissance ne dépassent souvent pas 10 ou 15% ".
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