Gateway… to reality

Les nerfs de ces messieurs étant mis à mal depuis quelques semaines par une succession d'avertissements de la même eau, l'indice Nasdaq, marché des valeurs technologiques américaines sur lequel Gateway est coté, a brusquement plongé, perdant près de 10% la semaine dernière et terminant donc le mois de novembre - l'un des pires de son histoire - en recul de près de 30% ! L'avertissement de Gateway est pourtant le bienvenu. Il illustre - et qui sait, ponctue peut-être - le retour des marchés américains à la réalité. Avec lui en effet, le Nasdaq vient d'effacer la bulle spéculative qui l'avait conduit à doubler de valorisation en l'espace de quelques mois. Pour prometteuse qu'elle soit, la " nouvelle économie " n'est tout de même pas le pays des rivières de lait et de miel. Sans remettre en cause l'ampleur de la révolution technologique en cours, sans doute faut-il voir dans le " rêve technologique " qui s'est emparé des marchés une tentative désespérée d'échapper à un retour pourtant programmé à la réalité. Les marchés américains - mais pas seulement eux - ont vécu au cours des cinq dernières années, une période tout à fait atypique avec des progressions annuelles moyennes des indices boursiers de l'ordre de 20%. Or, sur longue période, il n'y a pas de raison que la progression des indices boursiers diverge significativement du rythme de croissance nominale de l'économie... Deux facteurs ont contribué au cours de la dernière décennie non pas à mettre cette règle en défaut mais à en masquer la force. Le premier a été la baisse très rapide du niveau des taux d'intérêt à long terme en liaison avec la désinflation. Les niveaux des taux longs a été quasi divisé par trois entre le début des années 80 et la fin des années 90, avec une nette accélération du processus à partir du début des années 90, passant de 14% à 5,5%. Le prix d'une action étant assimilé au flux actualisé par le taux d'intérêt à long terme de ses bénéfices attendus, la baisse des taux a eu un impact énorme sur la valorisation des indices. Ce formidable accélérateur de hausse est épuisé depuis la fin 98 : la tendance sur les taux longs est désormais à la hausse et non plus à la baisse.Le deuxième facteur a été la restauration de leurs profits par les entreprises américaines. La période de forte inflation et l'indexation des salaires qui l'avait accompagnée s'était traduite par un déplacement du partage de la valeur ajoutée en faveur des salariés et au détriment des entreprises. Le retour à un partage de la valeur ajoutée sur la tendance de long terme est désormais réalisé. La Bourse américaine ne dispose donc plus d'accélérateurs de hausse. Pour échapper à cette triste réalité, elle s'est réfugiée quelques mois dans une bulle spéculative. Celle-ci est désormais dégonflée. Et le marché devrait donc s'aligner modestement sur une croissance américaine assagie. Selon First Call/Thomson Financial, les estimations de croissance des bénéfices des entreprises composant l'indice S&P 500 sont de 10,3% pour les dernier trimestre de cette année et de 11,6% pour 2001. C'est sans doute encore un peu optimiste au regard d'une moyenne sur les trente dernières années qui n'a pas excédé 7%. Mais c'est déjà plus réaliste.
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