Complaisance, inquiétude, capitulation

" Les petites mains invisibles du marché nous ont avertis à l'avance d'un ralentissement de l'économie et d'une contraction des marges ", explique Franck Prissert, gérant de fonds de la société de gestion américaine CapitalMax. Hélas, personne n'a aperçu à temps l'avertissement de ces " petites mains ". En période d'euphorie, seuls les augures optimistes sont écoutés, même par les gens les plus raisonnables.A l'inverse, en période sombre, la fin du monde semble toujours proche. En réalité, la Bourse subit depuis le mois de mars une forme de correction classique en trois phases : complaisance, inquiétude, capitulation. La complaisance s'est manifestée après la première phase de baisse. Habitués à voir le marché vivement rebondir après chaque période de correction depuis 1994, les investisseurs n'ont pas cherché à retirer un peu d'argent de la Bourse. Il est vrai que certains titres, notamment les spécialistes de l'infrastructure Internet et des logiciels de commerce électronique, se sont vivement repris. Cela a pu faire illusion et en rassurer certains.L'inquiétude arrive lorsqu'une bonne partie des titres du portefeuille évoluent comme un électroencéphalogramme presque plat. A ce moment, la moins-value potentielle paralyse l'investisseur qui se retrouve incapable de vendre. La capitulation, enfin, marque généralement le point de retournement d'un marché ou d'un compartiment de la cote. A ce moment, les esprits broient du noir. Aujourd'hui, nombreux sont les investisseurs dans ce cas alors que les multiples de certaines sociétés restent relativement élevés. A dire vrai, on ne parle même plus de coefficient de capitalisation des bénéfices dans les rapports d'analystes mais de coefficient de chiffre d'affaires. Mais l'on va certainement revenir à la première méthode d'évaluation, ce qui pourrait provoquer de nouvelles baisses. Cela marquera vraiment la période de capitulation et permettra de découvrir des opportunités d'investissements.Prenons un exemple concret dans l'univers des équipementiers de télécommunications: Alcatel a déjà subi une capitulation en octobre 1998 et présente toujours une belle opportunité d'investissement avec un multiple de 40 fois les bénéfices attendus en 2001 (1,81 euro par action selon Lehman Brothers). A l'inverse, le cours de Cisco s'inscrit dans une phase baissière mais la valeur n'a pas encore subi une phase de capitulation et présente un multiple de 71 fois les bénéfices attendus l'année prochaine (75 cents par action selon PaineWebber). Cela dit, Cisco a souvent surpris son monde. Le 6 novembre après la clôture de Wall Street, le leader mondial du routage Internet doit publier ses résultats pour son premier trimestre fiscal. John Chambers, le patron de Cisco, sera-t-il un héros ou un porteur de mauvaises nouvelles ?
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